Pour célébrer le 50ème anniversaire de la Confrérie de la Capucine, c’est en la cathédrale de Toul que Mgr l’évêque de Nancy & de Toul a célébré la messe devant 44 confréries amies.
Les Compagnons de la Capucine se reconnaissent à leur longue cape rouge cramoisi bordée d’un galon d’or et à la « capucine », qu’ils portent en sautoir. « La capucine, c’est une sorte de gourde en bois, ancêtre d’une célèbre bouteille isotherme, que le vigneron emportait quand il allait travailler dans les vignes, remplie de Gris de Toul » raconte Marcel Laroppe, grand maître de la confrérie.
Dimanche était un jour particulier pour la confrérie vineuse du Toulois, qui célébrait en grande pompe ses 50 ans. Point d’orgue des festivités, juste avant les nouvelles intronisations, une messe célébrée en la cathédrale Saint-Etienne. L’ardeur des chorales accompagnant l’office célébré par Mgr Papin ont entretenu la flamme des participants venus invoquer saint Vincent, patron des vignerons, « afin qu’il accorde l’abondance à nos coteaux », selon la formule du cantique final repris avec allégresse par toute l’assistance.
Une confrérie aujourd’hui, n’est-ce pas un peu désuet ? L’apparat, les processions, les tenues colorées un peu kitsch, les chapeaux avec ou sans plumes, les attributs qui vont du petit panier de framboise à la mini-capucine en bois, peuvent prêter à sourire. Pour les membres, on est au-delà du folklore. « On ne fait pas de lobbying et on est un groupe de pression sans en être un, explique le grand maître. Une confrérie, c’est une façon de promouvoir nos produits à travers un peu de convivialité, et de faire acte de solidarité entre nous. » L’objectif des confréries, qu’elles soient de la Mirabelle, de la Madeleine de Commercy ou de la Prune et la Quetsche à Faréberviller, ou de Pont-l’Évêque – quarante-quatre étaient présentes à Toul – c’est de recruter des personnes influentes en plus des autres membres, ceux qui, chaque dimanche, iront visiter un autre chapitre et porter la bonne parole. Marcel Laroppe est fier d’avoir intronisé par exemple Bernadette Chirac. « Quinze jours après être venue à Brûley, elle passait commande de vin de Toul pour la garden-party de l’Élysée ». Deux années de suite, le palais présidentiel a servi au 14 juillet des vins de Toul.
Marcel Laroppe regrette que Nicolas Sarkozy ait supprimé la fête, mais se console avec Nadine Morano qui en sert lors des réceptions à son ministère. Le ministre de l’Apprentissage et de la Formation professionnelle est d’ailleurs membre depuis 2000 de la confrérie. « C’est l’amour du terroir qui nous guide ! », explique-t-elle. A ses côtés ce dimanche, en grande tenue, Michel Dinet, président du Conseil général de Meurthe-et-Moselle, un autre défenseur des Côtes de Toul. « La confrérie, ça va au-delà des clivages politiques. Michel Dinet ne rate jamais une Saint-Vincent ! », souligne Nadine Morano.
Sans doute faut-il voir dans la survivance de ces rituels ou leur renaissance, comme c’est le cas à Thionville avec la confrérie de Saint-Urbain, dissoute à la Révolution, recréée en 2010, un besoin d’identification à son territoire et sans doute aussi à une forme d’amitié chaleureuse.
[d'après Le Républicain Lorrain]