Entre 1508 et 1608, la Lorraine vit un de ses âges d'or. Ce siècle est souvent enfermé dans les images et les discours que le pouvoir ducal a voulu nous transmettre à partir du début du XVIIe siècle. Loin de cette représentation convenue, cet ouvrage fait découvrir la complexité d'une époque pendant laquelle la Lorraine entre en modernité.
Le monde change profondément avec les transformations de l'exercice du pouvoir, de l'habitat, de l'économie, de la culture, de la cuisine... C'est le temps où de somptueux châteaux d'agrément sont construits, où les villes sortent de leur carcan médiéval. Nancy au premier chef, mais aussi dans toutes les cités, les arts s'épanouissent avec des artistes aussi reconnus que Ligier Richier, Bellange, Callot ou Monsu Desiderio. La vie est alors douce en Lorraine.
Mais ce siècle est aussi celui de la violence. Conflits religieux avec les luttes entre catholiques et protestants. Violence politique avec l'intervention d'armées étrangères et le risque toujours présent d'une invasion. Violence judiciaire avec des centaines de personnes livrées aux flammes sous l'accusation de sorcellerie.
Entre prospérité et tourments, l'ouvrage donne à voir la richesse et les paradoxes de ce siècle à travers une documentation variée, de riches archives et d'imposants vestiges architecturaux. Il laisse la parole aux contemporains, proches du pouvoir ou humbles ruraux dont les journaux sont d'irremplaçables documents. Il s'appuie encore sur près de 300 illustrations, oeuvres majeurs d'artistes connus ou simples témoignages cachés dans les bourgs et villages lorrains.
Loin des a priori, cet ouvrage dévoile une Lorraine qui s'adapte aux changements intervenus en Europe tout en maintenant sa spécificité de pays d'Entre-Deux.
L'auteur, Philippe Martin, spécialiste d'histoire religieuse et d'histoire de la Lorraine, est professeur d'histoire moderne à l'Université Lyon-2.
‡ Une Renaissance lorraine [1508-1608], Philippe Martin, éditions Serpenoise, 2012, 191 p., ill., cartes (40 €).























Posé sur un promontoire entre la vallée de l'Othain, les ruisseaux du Chut du Moulin et du Crédon, le village de Marville, à l'extrême nord du département de la Meuse, est aujourd'hui pratiquement oublié et peu connu du public car trop éloigné des grands axes de communication. Oublié et peu connu sauf des amateurs de toutes nationalités qui connaissent la valeur historique, artistique et symbolique du patrimoine architectural du village et de sa nécropole, le cimetière Saint-Hilaire.

Classées trésor national par arrêté du 27 avril 2009, les 31 pièces d'orfèvrerie de la Renaissance (XVe-XVIe siècles) rejoindront ainsi les collections du Musée Lorrain de Nancy, après leur exposition chez Sotheby's à Paris.
Toutes les pièces sont soit en vermeil soit en partie dorées. La pièce principale de cet ensemble est une aiguière couverte en vermeil avec traces d'émail, au poinçon de Paris, que l'on peut dater d’avant 1507. Il s'agit, selon Sotheby's, de la plus ancienne aiguière parisienne répertoriée à ce jour.
Ce trésor rejoindra les collections du Musée Lorrain à Nancy. Conservatrice en chef, Francine Roze, est sur un petit nuage. Elle assure que « c'est le plus beau cadeau de Saint Nicolas que l'on puisse imaginer pour les Lorrains ».


Il ne lui manque plus que l'épée. En attendant, le duc mouline dans l'air de son petit poing. « Les Métalliers lorrains vont la lui remettre en place », explique Pierre-Yves Caillault, architecte en chef des Monuments historiques. L'échafaudage de la Porterie est toujours là, pour quelque temps encore, bien que le travail de restauration soit achevé côté façade. On ne dévoilera l'ensemble de la Porterie du Palais ducal, aujourd'hui Musée lorrain, qu'un peu plus tard. Soit avant les grands départs, soit à l'occasion des journées du Patrimoine. Cela dit, les Nancéiens frustrés peuvent déjà revoir les deux pinacles élégamment sculptés typiques de la première Renaissance française, c'est-à-dire avec une ornementation restée largement d'inspiration gothique. La pierre blanche de Meuse est une dentelle de grande finesse que la rénovation a bien respectée. « Nous avons gardé tout ce que nous avons pu. Les parties les plus abîmées ont été resculptées et replacées. Et à l'arrière des pinacles, on a consolidé l'ensemble sans que cela ne se voie. C'est amusant de voir la communauté d'inspirations entre les décors végétaux Art Nouveau du Flo et ce foisonnement gothique... »
Si la réapparition de la Porterie n'est plus qu'une question de jour, les échafaudages viennent de recouvrir l'aile Morey du Palais ducal. Six mois de travaux pour refaire cette section qui date en réalité du XIXe siècle, après l'incendie qui a ravagé entièrement la toiture du Palais. Morey est l'un des lointains prédécesseurs de P.-Y. Caillault. Ensuite, début 2010, on attaquera le Palais côté cour. « Nous espérons pouvoir restituer la galerie extérieure sur croisée d'ogives donnant sur la cour, telle qu'elle était au début du XVIe siècle », explique Denis Grandjean, l'adjoint au patrimoine. Pierre-Yves Caillault et le spécialiste des enduits Mateo Lazarescu y ont fait une remarquable découverte, un enduit peint reproduisant un décor de fausses briques rouges à joints blancs, témoignant du premier état de cette galerie, et en attestant l'authenticité. Car le palais est incroyablement composite. A toutes époques il a été restauré, et il est souvent bien difficile d'attribuer un siècle à telle façade, tel décor... « Au point que notre restauration a été faite dans un parti pris néo-Renaissance. » note P.-Y. Caillault.



Le Palais ducal sera particulièrement à l’honneur avec sa Porterie réalisée d'après le modèle de celle du Château de Blois, mais aussi la Chapelle ronde des Cordeliers, modèle réduit de celle des Médicis à Florence, des hôtels particuliers. Et surtout la Ville neuve de Charles III construite pour l'essentiel du milieu du XVIe siècle à 1630, année où la guerre de Trente Ans fait irruption en Lorraine avec son cortège de malheurs.