Depuis quelques années, la mérule, champignon dévastateur qui s’attaque au bâti, se développe dans les Vosges. Des dizaines de nouveaux cas sont identifiés chaque mois. Dernier exemple en date : celui de l’église Sainte-Libaire de Lépanges-sur-Vologne où les travaux d’éradication sont en cours.
Tout partait d’une bonne intention. Rénover la belle église de Lépanges-sur-Vologne grâce à plusieurs dizaines de milliers d’euros de dons. Des travaux réalisés sur trois ans, entre 2007 et 2010. « On était fiers. Notre église venait d’être refaite et pour un petit village, ce n’est pas rien », estime Christian Claudon, premier adjoint à la mairie de Lépanges.
Pourtant, deux ans plus tard, l’église ferme ses portes. « A l’intérieur, le bois avait complètement pourri. Les gens passaient à travers les estrades » se souvient l’élu. Depuis, l’église a été vidée, les parquets brûlés… La mérule est passée par là. Et a fait des dégâts. Les boiseries, les murs et les sols sont atteints. Et attendent aujourd’hui d’être traités.
Car à Lépanges, pendant plusieurs années, la mérule a tissé sa toile, développant ces cordons mycéliens blancs typiques au champignon. Se développant dans les sols, les murs, sous les estrades, sous les meubles et aujourd’hui encore, à même la terre. « Dans nos petits villages, où les gens sont assez croyants, c’est dramatique de ne plus avoir d’église. Aujourd’hui, on marie les gens à la mairie et ils partent ailleurs à l’église. Cela fait deux ans que ça dure et on espère vraiment en voir le bout prochainement. »
Depuis plusieurs semaines, les réunions de chantier se succèdent. En attendant le traitement qui, tous l’espèrent, éradiquera complètement le champignon. « Cela chagrine les villageois et c‘est un souci dont on se serait bien passé. Une fois que le traitement aura été fait, que les parquets seront refaits et que le mobilier aura été remis en place, on va surveiller, c’est sûr. Et on sera très attentifs », poursuit Christian Claudon.
Quelque 40 tonnes de terre ont été enlevées, et l’église de Lépanges ressemble aujourd’hui à un vaste chantier. Des travaux qui ont débuté il y a un mois environ. Et que la municipalité espère terminés pour la mi-août. « On tend le dos, on a peur que ça reprenne ensuite. Le risque zéro n’existe pas. On le sait. »
Au fond de l’église, les employés municipaux viennent de déplacer un meuble sous lequel, une fois encore, le champignon a pris ses quartiers. « Sur une estrade qui date d’il y a quelques années à peine. »
Dans la vallée de la Vologne d’autres églises ont été touchées par la mérule, aussi appelée la lèpre des maisons. A Granges ou Laval. A Bruyères, six cas ont été décelés dans une même rue et la mérule s’étend un peu partout dans les Vosges. Aucun secteur ne semble épargné. Chaque année, l’entreprise d’Edouard Aubriat, spécialisée dans le traitement du champignon, enregistre 300 nouveaux cas dans le grand Est de la France mais aussi en Belgique et au Luxembourg. Quand, il y a trente ans, son père ne voyait que trois ou quatre cas de mérule par an.
[d’après Vosges Matin]



















Il ne lui manque plus que l'épée. En attendant, le duc mouline dans l'air de son petit poing. « Les Métalliers lorrains vont la lui remettre en place », explique Pierre-Yves Caillault, architecte en chef des Monuments historiques. L'échafaudage de la Porterie est toujours là, pour quelque temps encore, bien que le travail de restauration soit achevé côté façade. On ne dévoilera l'ensemble de la Porterie du Palais ducal, aujourd'hui Musée lorrain, qu'un peu plus tard. Soit avant les grands départs, soit à l'occasion des journées du Patrimoine. Cela dit, les Nancéiens frustrés peuvent déjà revoir les deux pinacles élégamment sculptés typiques de la première Renaissance française, c'est-à-dire avec une ornementation restée largement d'inspiration gothique. La pierre blanche de Meuse est une dentelle de grande finesse que la rénovation a bien respectée. « Nous avons gardé tout ce que nous avons pu. Les parties les plus abîmées ont été resculptées et replacées. Et à l'arrière des pinacles, on a consolidé l'ensemble sans que cela ne se voie. C'est amusant de voir la communauté d'inspirations entre les décors végétaux Art Nouveau du Flo et ce foisonnement gothique... »
Si la réapparition de la Porterie n'est plus qu'une question de jour, les échafaudages viennent de recouvrir l'aile Morey du Palais ducal. Six mois de travaux pour refaire cette section qui date en réalité du XIXe siècle, après l'incendie qui a ravagé entièrement la toiture du Palais. Morey est l'un des lointains prédécesseurs de P.-Y. Caillault. Ensuite, début 2010, on attaquera le Palais côté cour. « Nous espérons pouvoir restituer la galerie extérieure sur croisée d'ogives donnant sur la cour, telle qu'elle était au début du XVIe siècle », explique Denis Grandjean, l'adjoint au patrimoine. Pierre-Yves Caillault et le spécialiste des enduits Mateo Lazarescu y ont fait une remarquable découverte, un enduit peint reproduisant un décor de fausses briques rouges à joints blancs, témoignant du premier état de cette galerie, et en attestant l'authenticité. Car le palais est incroyablement composite. A toutes époques il a été restauré, et il est souvent bien difficile d'attribuer un siècle à telle façade, tel décor... « Au point que notre restauration a été faite dans un parti pris néo-Renaissance. » note P.-Y. Caillault.


Les Amis de Saint-Maur recevaient le 2 février dernier, pour une réunion de travail, Pierre Bortolussi, architecte en chef des Monuments Historiques pour les Vosges.
Ce projet devra être validé préalablement par la DRAC de Lorraine. Les travaux peuvent être financés par l'Etat, au titre de la protection des Monuments Historiques, et les collectivités locales. Le mécénat privé sera également sollicité dans le cadre de la Fondation du Patrimoine.