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protestantisme

  • Liberté des consciences et religion : enjeux et conflits (XIIIe-XXe siècle)

    Si le fait religieux est  quelquefois présenté comme un moyen de contrainte sur les consciences, paradoxalement, il est pourtant source de liberté des consciences morales. Telle a été la question complexe étudiée lors du colloque tenu à Nancy en 2015, à l'initiative d'enseignants de l'Université de Lorraine, dont le présent volume recueille une sélection de communications.

    Délibérément attachés à l'étude des sources religieuses de la liberté de conscience, les textes réunis constituent autant de contributions à l'étude de la part du fait religieux dans l'émergence de la liberté de et des consciences ; c'est-à-dire aussi bien dans l'acception subjective que dans l'acception objective de cette liberté.

    Dans une perspective de temps long, l'ouvrage met au jour les questions récurrentes et leur évolution ; les courants religieux favorisant l'individualisme et le contact personnel avec le monde divin ; les médiateurs (prédication, images pieuses, imprimé...) ; les points d'application dans la société sur les plans religieux et politique ; les discours et modalités énonciatives selon lesquels se développe le for intérieur, de manière à moduler l'affirmation d'une subjectivité spirituelle autonome. Sont ainsi mis au jour des étapes significatives aussi bien de la réflexion sur cette liberté que des manifestations qui contribuent à l'éclairer.

     

    ‡ Liberté des consciences et religion. Enjeux et conflits (XIIIe-XXe siècle), Catherine Guyon, Bruno Maes, Marta Peguera Poch et Anne-Elisabeth Spica (dir.), PUR, 2018, 321 p., 25 €.

  • Protestantismes. Vocabulaire, typologie

    Publié à l'occasion du 500ème anniversaire de la commémoration de la Réforme (1517-2017), cet ouvrage aborde la diversité des Eglises luthériennes et réformées sous l'angle de l'objet lié au culte : objets mobiliers, décors, patrimoine musical et choral, architecture...

    Cet inventaire couvre cinq siècles et propose une sélection de 170 termes représentatifs de la diversité cultuelle protestante dans le temps et dans l'espace, dans les usages et les pratiques. La région Grand Est y tient une large place (présentation d'églises et de temples réformés, objets et mobiliers cultuels provenant de lieux de culte protestants lorrains et alsaciens...) puisqu'elle accueillit sur son territoire plusieurs communautés réformées issues de la culture francophone et germanophone.

    L'ouvrage a bénéficié du concours de l'Inventaire général du patrimoine culturel et tout particulièrement du service régional de l'Inventaire de Lorraine.

     

    ‡ Protestantismes. Vocabulaire, typologie, Mireille-Bénédicte Bouvet, éditions du Patrimoine-Centre des Monuments nationaux, 2017, 343 p., ill., 49 €.

  • La république en chaire protestante (XVIIIe-XIXe siècles)

    Loin d’être un discours seulement religieux, le sermon permet aux orateurs protestants de délivrer un message sur la res publica, c’est-à-dire l’intérêt général, les fondements et principes de l’organisation de l’État, la souveraineté et enfin le bien public.

    Cet ouvrage examine la place de la prédication dans les protestantismes et cerne les moyens dont disposent les pasteurs pour acquérir l’éloquence nécessaire à cette prise de parole, dans la clandestinité comme dans la légitimité acquise avec la Révolution française, jusqu’à la décennie 1840-1850.

     

    ‡ La république en chaire protestante XVIIIe-XIXe siècles, Céline Borello, PUR, 2018, 336 p., ill., 25 €.

  • Des âmes drapées de pierre : sculpture en Champagne à la Renaissance

    À la Renaissance, une foule de statues et de reliefs d’une exceptionnelle qualité, de toutes tailles et de tous matériaux, envahit les églises de la Champagne méridionale. Une population, désireuse de mettre en image son statut social et sa piété durement éprouvée par les guerres de Religion, confia à ses sculpteurs la mission de continuer à peupler leurs églises de retables et de statues. Les artistes étaient prêts à répondre à cette demande pressante de façon neuve et inventive. Certains d’entre eux avaient aiguisé leurs talents dans les grands chantiers voisins contemporains, tout particulièrement celui du château de Fontainebleau, œuvrant aux côtés d’artistes de premier plan, tel Dominique Florentin. Ce sculpteur italien installé à Troyes au début des années 1540 a joué un rôle majeur dans le renouveau du foyer artistique champenois.

    De cet extraordinaire moment de création témoigne la profusion exceptionnelle de sculptures maniéristes, volet essentiel de la Renaissance artistique en France. Ce livre, richement illustré, montre comment ces statues et ces reliefs ont accompagné la ferveur catholique des fidèles du XVIe siècle et continuent à agir sur nous.

    Malgré les aléas du temps et les conflits successifs de l’histoire, la Champagne méridionale dispose encore d’un ensemble exceptionnel de sculptures maniéristes, volet essentiel de la Renaissance artistique en France.

    La sculpture champenoise est singulière parce qu’elle s’est développée pendant les années de lutte entre les deux réformations (protestante et catholique), lutte qui s’est notamment cristallisée sur la question des images, a fortiori sculptées. En outre l’œuvre de Dominique Florentin, ce sculpteur italien, qui s’installa à Troyes au début des années 1540, suscite une vraie rupture, une « révolution maniériste ».

    A partir d’une enquête de terrain et de l’analyse de ces œuvres d’art et objets de dévotion, ce livre s’attache à comprendre comment ces statues et reliefs ont pu agir sur le fidèle du XVIe siècle et agissent encore aujourd’hui sur nous.

     

    ‡ Des âmes drapées de pierre. Sculpture en Champagne à la Renaissance, Marion Boudon-Machuel, PUR-PUFR, 2017, 342 p., ill. (39 €).

  • Mgr Berthet, président du conseil national pour l’unité des chrétiens et les relations avec le judaïsme

    Mgr Didier Berthet, évêque de Saint-Dié depuis juin 2016, a été élu par ses pairs à la tête du conseil national pour l’unité des chrétiens et les relations avec le judaïsme.

    « C’est un grand honneur que mes frères évêques m’ont réservé en me confiant cette mission qui réunit deux services de l’épiscopat français : l’unité des chrétiens et les relations avec le judaïsme. Une partie de la mission de l’évêque se déroule aussi à l’extérieur de son diocèse pour porter la parole de Dieu ».

    Depuis son engagement, il a toujours cultivé des liens avec les autres communautés chrétiennes.

    « La question de l’unité des chrétiens est essentielle dans le monde actuel. Nous travaillons à de nouveaux échanges avec la communauté orthodoxe et à des rencontres œcuméniques fortes avec elle et les protestants. Cela participe à la continuité de l’église universelle. Quant aux relations avec le judaïsme, elles sont aussi très importantes. N’oublions pas que nous sommes très liés depuis l’origine. Nous ne sommes pas face à face car nous venons du judaïsme. La mission au sein du conseil intègre des contacts fraternels, un dialogue théologique et des représentations ».

  • Dictionnaire historique de la Vierge Marie

    Fabienne Henryot, Lorraine expatriée en Suisse spécialiste de l'histoire religieuse en Lorraine, et Philippe Martin, qui enseigna à l'Université de Lorraine avant de rejoindre Lyon, historien des formes extériorisées de la piété catholique, nous offrent un étonnant dictionnaire dédié à la Vierge Marie. On y découvre de nombreux exemples du culte marial ou de ses manifestations tirés de l'histoire religieuse des anciens duchés de Lorraine et de Bar

    Aujourd'hui le culte de la Vierge est aussi florissant qu'il l'était hier, et l'intérêt du présent dictionnaire sans équivalent est de montrer la richesse et la multiplicité de ses facettes.

    Marie est présente dans les maisons et les églises, mais aussi dans les bandes dessinées, les contes pour enfants, le cinéma... Elle est celle vers laquelle, depuis des siècles, s'élèvent des prières. Elle est universelle avec des sanctuaires connus de tous, mais aussi locale avec ses fontaines sacrées, ses arbres mystérieux. Elle est priée par des dévots, mais aussi par des footballeurs ou des marins. C'est devant Notre-Dame d'Aparecida que sont déposés tous les mois 19 000 objets et ex-voto. C'est en son nom que les Loups de la Nuit parcourent les routes de Russie et d'Europe centrale sur leurs motos, c'est toujours en clamant son nom, un rosaire à la main, que les Philippins se sont élevés contre la dictature. Marie est de toutes les causes, de tous les temps et de tous les continents.

    Pour décrire les innombrables modalités du culte rendu à Notre-Dame, ce dictionnaire de 150 entrées en développe quatre types. Les premières sont des articles généraux, synthèses de sujets déjà bien étudiés (apparitions, Immaculée Conception, mariolâtrie...). Les deuxièmes abordent les dévots, confessions constituées (orthodoxes, protestants...) ou groupes sociaux moins évidents (motards, footballeurs, marins...). Les troisièmes visitent des sanctuaires (Aparecida, Fatima, Guadalupe, Lourdes...). Enfin, les dernières laissent la parole aux critiques ou aux remises en cause.

    L'ensemble dessine les contours d'une histoire qui s'articule autour de trois moments forts : le début du XVIe siècle lorsque la figure mariale s'affirme comme un étendard face au protestantisme et qu'en conséquence, les dévotions personnelles ou collectives s'amplifient ; le milieu du XIXe marqué par l'émergence de nouveaux hauts lieux et par la proclamation du dogme de l'Immaculée Conception ; le milieu du XXe, temps où le concile Vatican II recentre une piété mariale que d'aucuns jugent envahissante.

    Les 150 articles rassemblés dans ce volume racontent une histoire de cinq siècles de foi, de luttes et de rapprochement, d'affirmations identitaires et de syncrétisme, d'universalité et de régionalisme. Ils nous donnent à voir la puissance d'une dévotion universelle toujours d'actualité.

    Passionnant !

     

    ‡ Dictionnaire historique de la Vierge Marie, Fabienne Henryot et Philippe Martin (dir.), éditions Perrin, 2017, 567 p. (27 €).

  • Le pasteur David Ancillon (1617-1692) : de Metz à Berlin, de la France au Refuge

    La révocation de l'édit de Nantes en 1685 touche l'Église réformée de Metz de plein fouet après une longue histoire originale débutée dès les années 1520. Au XVIe siècle, la communauté traverse déjà bien des difficultés, malgré des institutions ecclésiastiques efficaces et, surtout, un encadrement pastoral de haut niveau. Les ministres, par leurs diverses missions, sont en première ligne de la défense de leur Église contre diverses menées catholiques, qu'elles soient lancées par les autorités publiques ou par le clergé.

    Parmi les quatre derniers pasteurs de l'Église de Metz figure David Ancillon (1617-1692), qui en est le plus célèbre et le guide officieux après la mort de Paul Ferry en 1669. Grâce à une source exceptionnelle, le récit de sa vie par son fils Charles, la biographie d'Ancillon permet de suivre au plus près le sort des réformés qui vivent d'abord sous le régime, toujours menacé, de l'édit de Nantes (1598-1685), puis qui choisissent l'option du « Refuge huguenot ».

    On voit alors comment le pasteur travaille, vit et tente de conduire son troupeau dans la tourmente. Confrontées aux archives institutionnelles, ces données nous révèlent aussi ce que les pasteurs essaient d'être pour donner le bon exemple, pour se conformer à ce que l'on attend d'eux.

    Surtout, David Ancillon est peut-être directement à l'origine du choix aussi massif qu'étonnant des réformés messins exilés pour le Refuge berlinois. Transplantée en partie en Prusse et placée au milieu d'un nouveau terreau, l'Église de Metz renaît, même si son dernier grand pasteur n'y vit que quelques années, et même si c'est dans un contexte radicalement différent.

    L'auteur, Julien Léonard, est agrégé d'histoire et docteur de l'université Jean Moulin – Lyon 3. Il est actuellement maître de conférences à l'université de Lorraine et mène ses recherches au Centre de recherche universitaire lorrain d'histoire (CRULH). Elles portent principalement sur l'exercice du ministère pastoral réformé dans le monde francophone et sur l'histoire religieuse de Metz au XVIIe siècle. Il est par ailleurs secrétaire adjoint de la Société d'histoire et d'archéologie de la Lorraine et membre de l'association Historia Metensis.

     

    ‡ Le pasteur David Ancillon (1617-1692). De Metz à Berlin, de la France au Refuge, Julien Léonard, éditions des Paraiges, 2017, 360 p., ill. (20 €).

  • La phalange du saint

    1516. La phalange du saint patron de la Lorraine est dérobée dans la "grande église" de Saint-Nicolas-de-Port,  haut lieu de pèlerinage de l'Europe du Nord. Par ce larcin, Guillaume - un paysan adepte de la nouvelle religion réformée - espère faire  vaciller à la fois l'Eglise de Rome et le duché de Lorraine. A sa mort, son fils, compagnon vitrier, et plus tard, son petit-fils, drapier, défendent à leur tour les thèses de Luther en s'appuyant sur ce sacrilège...

    Victime de la disparition de la sainte relique, le duc de Lorraine Antoine le Bon doit la retrouver afin de prouver sa capacité à protéger les biens de l'Eglise et à contenir la propagation de la Réforme. Il doit aussi défendre son indépendance bien fragile. L'espace lorrain - duché de Lorraine et cité de Metz - est alors convoité par ses deux puissants voisins, le royaume des Valois et l'empire de Charles Quint. Le duc Antoine charge un homme de confiance, Matthieu de Pontoy, puis son fils Henri, de réparer l'outrage.

    Sur fond de guerre religieuse, de révolte paysanne - la guerre des Rustauds - et de rivalité entre royaume de France et Saint-Empire, cette épopée lorraine ne connaîtra son épilogue qu'en 1566, sous le duc Charles III... et le patronage de saint Nicolas !

    Un roman historique lorrain haletant qui revisite ce demi-siècle marqué par les conflits politico-religieux mais aussi par des héros en quête du bonheur, de la paix et de la justice.

     

    ‡ La phalange du saint, Gérard Saleron, éditions des Paraiges, 2015, 259 p. (20 €).

  • Religion et piété au défi de la guerre de Trente Ans

    Cet ouvrage rassemble plusieurs études qui abordent l'impact de la guerre de Trente Ans sur la transformation du rapport des autorités avec le religieux, ainsi que le changement de comportement des clercs, plongés dans l’horreur du conflit. Les contributions s’intéressent aussi aux fidèles et interrogent la manière dont, immergés dans un monde déstructuré, happés par la violence, les croyants se sont tournés vers le ciel. Grâce au professeur Philippe Martin, universitaire ayant enseigné en Lorraine, le cas de la Lorraine est au centre de ces analyses.

    La guerre de Trente Ans a suscité une abondante littérature en Allemagne et dans le monde anglo-saxon, et notamment sur ses aspects confessionnels et religieux. Depuis une vingtaine d'années, des travaux ont remis en cause des paradigmes établis, comme celui de la confessionnalisation : la publication de journaux personnels et les études biographiques suggèrent par exemple de nombreuses pistes quant à la perméabilité des frontières confessionnelles. Dans le monde francophone en revanche, il s'agir d'un sujet encore sous-étudié.

    Ce volume présente et discute l'ensemble de l'espace du conflit pour mettre en évidence la transformation du rapport des autorités avec le religieux, le comportement du clergé plongé dans l'horreur de la guerre et la relation à Dieu des fidèles alors immergés dans un monde déstructuré et happé par la violence.

    Les approches régionales - dont la Lorraine - croisées avec l'étude d'individus révèlent l'immense variété des attitudes. Surtout, elles prouvent l'absence totale de déterminisme. Chacun a réagi en fonction de ce qu'il croyait juste, bon ou utile. Loin d'avoir validé une carte confessionnelle, d'avoir pétrifié les positions religieuses, la guerre de Trente Ans a redonné à chacun la possibilité d'affirmer individuellement sa foi.

     

    ‡ Religion et piété au défi de la guerre de Trente Ans, Bertrand Forclaz et Philippe Martin (dir.), PUR, 2015, 345 p., ill., cartes (21 €).

  • A Epinal, la fraternité est une image, et bien plus encore

    Quatre édifices, quatre religions, des femmes et des hommes de bonne volonté qui militent pour la tolérance et le dialogue en réponse à la folie des fondamentalistes musulmans : ce n’est pas une image d’Epinal. Et c’en est une quand même.

    Le dévoilement d’une nouvelle image dans les locaux de la « Vieille Dame du quai de Dogneville » n’aura donné lieu à autant d’émotion. C’est en présence de nombreuses personnalités et de représentants des communautés musulmane, juive, catholique et protestante qu’a été présentée lors des Journées du Patrimoine la dernière création du talentueux imagier spinalien Jean-Paul Marchal qui marque là son grand retour à l’imagerie. Une image dans la tradition des graveurs et illustrateurs qui est un cri contre l’intolérance, soulignée par cette phrase : « Mieux vaut allumer une bougie que de maudire l’obscurité ».

    Sur cette image, on reconnaît la mosquée d’Epinal, la basilique Saint-Maurice, la synagogue et le temple protestant. Quatre lieux de culte que les représentants et membres des quatre religions ont visités avant de rejoindre l’imagerie. Il y a quelques mois, des hommes mouraient pour des dessins, aujourd’hui d’autres se rapprochent par une image qui est bien plus que symbolique.

    « Au départ, nous devions éditer une image à l’occasion de la création de la nouvelle mosquée d’Epinal. Cela pour banaliser ce lieu de culte que l’on veut ouvert à tous. Mais notre initiative a été rattrapée par l’actualité. Alors est né le projet d’une image prouvant la volonté d’une coexistence harmonieuse entre tous les humains, sans distinction de race ou de religion. Car la meilleure façon de se connaître est de construire ensemble » explique Othmane Amri, président de l’association culturelle des musulmans des Vosges.

    Une main tendue qui a donc été saisie par les communautés catholique, protestante et juive. Une évidence pour Léon Siméoni, représentant de la communauté israélite : « Cette idée est originale, peut-être unique en France… Au lieu de se replier en se sentant stigmatisée, la communauté musulmane s’ouvre ici aux autres et ravive l’espoir d’une communauté fraternelle. »

    Rapprochement, connaissance de l’autre, respect sont autant de notions dont l’évocation a éclairé l’image dévoilée. « Un moment de communion », comme l’a désigné le député-maire Michel Heinrich.

    [d'après Vosges Matin]

  • Sainte Thérèse d'Avila

    Les éditions Via Romana rééditent l'ouvrage consacré à Sainte Thérèse d'Avila du Lorrain et académicien Louis Bertrand (1866-1941) paru pour la première fois en 1927.

    Tombé amoureux de l'Espagne, le nouveau converti Louis Bertrand nous donne à lire des pages frémissantes sur celle qu'il veut faire aimer. Il admire la profonde intelligence, toute pratique, de Thérèse, sa surnaturelle énergie et la réformatrice du Carmel. Il est fasciné par la puissance de sa vie intérieure qui s'exprime par l'oraison, et aussi par son don extraordinaire d'amour s'exprimant par son inlassable désir de propager son œuvre. Bref, son zèle apostolique subjugue le nouveau chrétien qu'il est devenu.

    Louis Bertrand s'appuie sans cesse sur les écrits de la sainte espagnole afin de nous la faire mieux connaître. Thérèse d'Avila est une messagère du surnaturel que l'auteur réussit à nous faire aimer et que l'on suit dans sa quête spirituelle... et les craintes de son époque (au XVIe siècle), la réforme protestante et l'islam, pour une part toujours bien réelle aujourd'hui.

     

    ‡ Sainte Thérèse d'Avila, Louis Bertrand, éditions Via Romana, 2015, 341 p. (24 €).

  • Paul Ferry, le pasteur messin du XVIIe siècle

    Il a son portrait à l’Hôtel de ville, il est l’un des grands noms du protestantisme messin. Paul Ferry (1591-1669) a désormais sa biographie signée de l’historien lorrain Julien Léonard.

    etre-pasteur-au-xvii-e-de-juilen-leonard-aux-pur-les-presses-universitaires-de-rennes-photo-maury-golini.jpgAucun pasteur du XVIIe n’est aussi bien connu que lui. Il est le seul pasteur de France, peut-être d’Europe, dont on ait autant d’archives. Ça m’a pris cinq ans pour lire tout ce qu’il avait laissé ! » Le messin Paul Ferry a écrit des kilomètres de documents, papiers, correspondances derrière lui. Et la conversion de sa fille au catholicisme leur a évité la destruction. Aujourd’hui, la plus grande partie du fonds Ferry remplit un coffre-fort à la Bibliothèque du protestantisme français, à Paris. Et fait toujours le bonheur de Julien Léonard. Le messin y a puisé la source de sa thèse en histoire moderne, soutenue en 2011, et en publie le condensé dans « Être pasteur au XVIIe, le ministère de Paul Ferry à Metz (1612-1669) » , publié aux Presses Universitaires de Rennes.

    Il ne s’agit pas seulement d’une biographie. Le maître de conférences développe aussi le contexte de l’époque, religieux et social. Celle d’un siècle où la tolérance est de mise depuis l’Édit de Nantes, en 1598. Metz, française depuis 1552, offre le visage unique en France d’une ville réellement tolérante. À Metz, il y a bien sûr une communauté catholique forte « mais aussi une communauté juive, avec une synagogue. Nulle part ailleurs en France, ils ne sont officiellement tolérés. L’Église protestante de Metz n’appartient pas aux institutions protestantes de France, elle a beaucoup plus d’autonomie. Metz est une des villes les plus tolérantes de France, la seule avec ces trois communautés. Il y a des familles mixtes… », souligne Julien Léonard.

    Cette entente est due à un héritage local, à la volonté de Versailles de rattacher progressivement Metz à la France et à la protection des princes protestants allemands. En pleine guerre de Trente Ans, ils sont les alliés du roi Louis XIII. Certains viendront même se réfugier à Metz ! Paul Ferry en fera le décompte dans ses carnets. Il relèvera aussi la lente décroissance de ses fidèles… Nombreux parmi les hommes de loi, les artisans, les commerçants, les calvinistes forment un tiers des 20 000 habitants de Metz en 1552, un quart au milieu du XVIIe , un cinquième en 1685. La fonte des effectifs est due à la guerre de Trente Ans, à la famine, à la peste qui balaie les villes.

    Durant son ministère, Paul Ferry est le plus influent des quatre pasteurs de Metz. Docteur en théologie, il soutient sa communauté le mieux possible, correspond avec le jeune et brillant chanoine messin Bénigne Bossuet, dialogue à travers l’Europe. Homme de lettres et de foi, excellent prédicateur, il voit arriver les Jésuites en 1622 et monter l’intolérance royale. Son temple est détruit rue de la Chèvre en 1642. Il meurt en 1669, à 78 ans. Seize ans plus tard, la Révocation de l’Édit de Nantes chasse les derniers protestants de Metz, pour deux siècles.

    [d’après Le Républicain Lorrain]