[L'Est Républicain]
En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.
[L'Est Républicain]
[La Semaine de Nancy | 24.02.2011]
Les sondages archéologiques réalisés en 2008 à l'emplacement de l'ancienne imprimerie Berger-Levrault à Nancy ont permis la découverte d'un cimetière des XVIIIe et XIXe siècles. Le décapage a permis de dégager les deux tiers environ d'un vaste cimetière.
Le cimetière est créé en 1732 à la demande des paroissiens de la Vieille Ville de Nancy. Le duc François II leur concède un terrain sur les anciens fossés, près du bastion Le Marquis, vestige de la citadelle abandonnée depuis le début du XVIIIe siècle. Le cimetière fonctionne pendant plus d'un siècle jusqu'en 1842, date de la fermeture définitive des nécropoles intra muros. Une partie des sépultures est déplacée jusqu'au nouveau cimetière de Préville et le terrain reste à l'abandon pendant une trentaine d'années. En 1871, les établissements de l'imprimerie alsacienne Berger-Levrault sont installés à l'emplacement de l'ancien cimetière des Trois-Maisons.
Malgré une durée de vie assez courte, le cimetière des Trois-Maisons est densément occupé par les défunts des paroisses de Nancy et sur plusieurs niveaux. L'espérance de vie semble assez caractéristique pour l'époque : les enfants et nouveaux-nés sont très nombreux, et les sujets adultes sont plutôt âgés. Plusieurs cercueils installés dans une même fosse témoignent de probables regroupements familiaux. Enfin, quelques cas de sépultures multiples peuvent être le fait d'épidémies. En parallèle de la fouille, l'étude des registres paroissiaux permettra de mieux définir le type de population inhumée dans ce cimetière.
Cette fouille est aussi l'occasion de collecter des informations sur l'histoire du faubourg des Trois-Maisons. En effet, le cimetière n'est pas une simple entité : il est longé par des rues, possède une ou plusieurs entrées, des allées... Ces éléments viennent affiner les connaissances sur la topographie de ce quartier à l'époque Moderne. Mais l'histoire du site ne commence pas au XVIIIe siècle. Le cimetière s'est installé sur les anciens glacis de la citadelle de Nancy, dont les vestiges ont été observés plus à l'est. La suite du décapage du site devrait permettre de qualifier l'occupation de ce secteur au Moyen Âge et au début de l'époque Moderne. Il est possible en effet que des aménagements périphériques du village de Saint-Dizier - village détruit lors de la construction de la citadelle - aient été en partie conservés sous les remblais des glacis. Le secteur peut aussi avoir été occupé par des champs ou de la vigne comme le suggère un plan de Nancy de 1611. La poursuite des fouilles archéologiques permettra de confirmer ou non ces hypothèses.
[source : INRAP, Le cimetière des Trois-Maisons à Nancy (1732-1842), mai 2010]
Samedi 5 juin 2010, l'INRAP va à la rencontre des Français. De nombreux sites archéologiques seront ouverts au public. Partez à la découverte des sites lorrains !
> Bar-le-Duc (55) : présentation de la collection gallo-romaine du musée municipal
> Bassing (57) : porte ouverte sur la fouille d'une ferme gauloise et d'une villa gallo-romaine sur la LGV est-européenne
> Etival-Clairefontaine (88) : visite commentée du castellum de la Pierre d'Appel
> Grand (88) : animations autour de l'exposition "Sur les traces d'Apollon. Grand, cinquante ans de découvertes"
> Hennezel (88) : au musée des activités anciennes de Hennezel-Clairey, visite commentée de l'exposition "Les Gallo-romains en Saône Lorraine"
> La Salle (88) : visite commentée du site d'extraction de meules des Fossottes
> Metz (57) : au Musée de la Cour d'Or, visites guidées de la nouvelle scénographie des salles sur les divinités orientales et la période paléochrétienne
> Nancy (54) : portes ouvertes sur la fouille du cimetière des Trois-Maisons, boulevard Charles-V
> Saint-Dié-des-Vosges (88) : visite commentée de la salle d'archéologie du musée Pierre-Noël et visite du site de La Bure
> Soulosse-sous-Saint-Elophe (88) : parcours guidé dans le village sur les pas de saint Elophe, premier martyr vosgien
>> Plus d'infos sur www.inrap.fr
L'extension de la zone industrielle des Sables, à Rosières-aux-Salines, n'en finit plus de défrayer la chronique. Prochain épisode, le rebouchage de la nécropole.
La nécropole gallo-romaine de Rosières-aux-Salines va-t-elle tomber une nouvelle fois dans l'oubli ? C'est la crainte des deux archéologues qui l'ont découvert, d'une partie des habitants de la commune et des élus. Faute d'argent, le chantier devrait être rebouché. Adieu les 400 tombes à incinération gallo-romaines (du Ier siècle avant J.-C. jusqu'au IIe après J.-C.) et les 200 sépultures médiévales. « Ce serait une catastrophe », déplore Denis Craus, ancien maire de Rosières pendant 12 ans. Jenny Kaurin, responsable de la coordination scientifique de la nécropole, et Nicolas Tikonnof, le responsable de l'opération, sont tout aussi désespérés.
Des engagements avaient été pris, notamment pour les prochaines journées du Patrimoine. « Tout le monde nous a dit : allez-y prenez votre temps. Mais au moment d'allonger le chèque... » Les découvertes étant beaucoup plus conséquentes que prévues, il faudrait une rallonge de budget. « Mais aujourd'hui, les caisses du Fond National pour l'Archéologie Préventive (FNAP) sont vides, il faut tout arrêter alors que nous aurions juste besoin de quelques semaines de plus. Ensuite, nous rendons le terrain à l'aménageur. »
300 000 € ont déjà été investis, il manque la même somme pour finir le chantier. Plus 500 000 € de travail en laboratoire. Des sommes « raisonnables au vu de l'importance de la découverte, qui pourrait révolutionner totalement la compréhension du territoire. On ne se doutait pas qu'il y avait une présence romaine aussi forte ici. » La taille de la nécropole, environ 100 mètres sur 60, prouve qu'une ville de taille moyenne se trouvait à proximité, dans un rayon maximal de 2 km. Qui plus est, c'était une ville d'échange puisque les archéologues ont découvert des objets venant de différents endroits de l'Empire romain.
« Si on rebouche le chantier, cela va coûter presque aussi cher que de poursuivre les fouilles », renchérit Nicolas Tikonoff « sans compter qu'une fois qu'il aura été recouvert, 90 % des sépultures seront détruites. » La DRAC propose de geler le terrain en attendant d'avoir des budgets. Quid de l'aménageur du site, la société SEBL ? « La situation n'est pas simple pour eux non plus. On est dans l'attente mais pour l'instant le site n'est plus protégé. Il est ouvert aux quatre vents. Des gens viennent même nous demander ce que nous avons trouvé pour en mesurer la valeur et peut-être piller les sépultures » s'agace Jenny Kaurin. Denis Craus a alerté les élus, parmi eux Jacques Lamblin, député de la circonscription. Qui a lui-même tenté de joindre le conseiller parlementaire de Frédéric Mitterrand pour qu'il intervienne auprès du ministre de la culture.
« C'est la plus grosse découverte de ces 30 dernières années dans le Nord de la France. On ne peut pas l'abandonner comme ça. » Maintenant que le chantier a été découvert, il y a urgence. La campagne de fouilles doit absolument être terminée avant l'arrivée des premiers signes de l'hiver. Au moindre gel, les objets funéraires éclateraient.
Après des siècles d'ensevelissement, il serait dommage que l'entrée dans la lumière de la nécropole soit voilée par de sombres histoires de budget.
[Est Républicain | 31.07.09]
Une villa antique et un secteur balnéaire d'une incroyable beauté datant des IIe et IIIe siècles après Jésus-Christ ont été découverts sur le site de l'ancienne base aérienne où se crée actuellement la plate-forme logistique de Damblain.
Cinq mois et demi de fouilles en 2008, deux mois et demi cette année. Et une fin toute proche. Ce sera le 17 juillet. Il sera alors temps pour les sept archéologues de l'INRAP (Institut National de Recherches Archéologiques Préventives) de ranger les outils et de plier bagage. C'est non sans un petit pincement au cœur qu'ils quitteront le site de l'ancienne base aérienne de Damblain. "Huit mois de fouilles, ça a été très court. Il aura fallu faire des choix assez drastiques mais c'est le propre de l'archéologie préventive. On est assez conscient du travail qu'on a fait. J'ai eu une très bonne équipe mais il y a encore des petites choses qui auraient mérité d'être approfondies." Non sans une certaine émotion, Karine Boulanger, responsable d'opération, sait qu'un autre travail va désormais commencer pour elle et son équipe : les analyses des milliers d'objets et clichés rassemblés tout au long de ces deux années passées.
Car c'est un véritable trésor que le site de Damblain a révélé : une villa (établissement rural, propriété d'un grand propriétaire terrien et des bâtiments agricoles) gallo-romaine datant des 2ème et 3ème siècles après J.-C. a été mise à jour.
"La partie la plus spectaculaire a été dégagée l'an dernier. Aujourd'hui, tout est recouvert, bâché. Des thermes magnifiques ont également été découverts mais ils vont être coulés sous des tonnes de béton, explique une des archéologues de l'INRAP. On étudie les bâtiments, les coupes, les murs, les pièces. On prend un maximum d'informations car il nous reste très peu de temps."
Si les archéologues avaient déjà travaillé sur des thermes, ceux découverts à Damblain sont dans un état de conservation exceptionnel. "L'état de conservation du secteur balnéaire de la villa est en effet assez exceptionnel pour la Lorraine. C'est un des plus beaux sites qu'il nous a été donné à voir. L'autre côté exceptionnel, c'est le chauffage par le sol (hypocauste) qui est entièrement conservé. On marche sur les dalles du chauffage suspendu et c'est vraiment rare de les avoir comme ça. De toutes les villas fouillées en Lorraine, le secteur balnéaire de la villa de Damblain est un petit bijou", explique encore Karine Boulanger.
Néanmoins, les archéologues sont dans la phase finale, celle qui consiste à tout casser afin de vérifier comment les bâtiments sont construits. Et dans la prochaine phase d'étude au bureau, il s'agira d'observer la manière dont le site a été aménagé pour l'habitat.
Différents spécialistes travailleront ainsi sur les enduits peints, la céramique pour datation ou les objets métalliques. Derrière, les objets partiront dans les dépôts archéologiques et selon leur intérêt, certaines pièces pourront être intégrées à des musées.
Quoi qu'il en soit, Damblain a désormais révélé son secret. Un secret à jamais sauvegardé grâce à la passion d'archéologues entièrement dévoués à la cause des sites anciens.
Si la population locale n'a pas pu profiter des fouilles à proprement parler, elle devrait en revanche, pouvoir avoir accès à une exposition assez complète en 2011, laquelle expliquera la totalité de la fouille et des découvertes afin que les Vosgiens puissent avoir connaissance de leur patrimoine.
[d’après Vosges Matin | 13.07.09]
Le diagnostic archéologique réalisé par l’Inrap avant l'aménagement de l'ancienne base aérienne de Damblain, par le Conseil général des Vosges, a permis de mettre en évidence, sur une superficie de cinq hectares, une occupation gallo-romaine et médiévale. La fouille des vestiges a été organisée en deux campagnes en 2008 et 2009.
Les vestiges mis au jour à Damblain concernent notamment une villa gallo-romaine. L'atout de cette fouille réside dans le choix d'un décapage du site sur de grandes superficies. Cette approche permet d'observer le bâtiment antique dans sa globalité et de comprendre l'organisation de son environnement et l'évolution chronologique de l'occupation des lieux dans un vaste rayon. La première campagne de fouille s'est faite sur une superficie de trois hectares, entre mai et octobre 2008.
Le décapage du site a permis la découverte de la pars urbana d'une villa gallo-romaine : l'habitation du maître au sein d'un grand domaine agricole. Le bâtiment, de grandes dimensions, a été dégagé sur la totalité de son emprise. Organisé autour d'une cour rectangulaire, il est orienté nord-sud et se déploie en trois ailes en U sur une longueur de 55 m et une largeur de 50 m. La dissymétrie des corps du bâtiment et la présence d'un long mur de clôture prolongeant l'aile orientale confèrent à cette villa un plan atypique résultant probablement d'un programme architectural inachevé.
Si les ailes orientale et septentrionale ont été partiellement endommagées par les travaux d'aménagement de la base aérienne, l'aile occidentale est remarquablement bien conservée. Terminée par une abside, elle s'ouvre sur la cour centrale par l'intermédiaire d'une galerie de façade. Y ont été trouvés, outre une cave et diverses pièces d'habitation, un ensemble balnéaire.
Ces aménagements ne sont pas rares dans la région : on en trouve par exemple à Bleurville ou à Jonvelle. Mais, à Damblain, l'ensemble balnéaire bénéficie d'une organisation originale. Il est composé de quatre pièces, dont trois chauffées par hypocauste (chauffage par le sol), et du praefurnium (chaufferie). Les sols en béton de tuileau supportés par des pilettes en dalles de grès et de terre cuite ainsi que les caniculi (cheminées en terre cuite) d'évacuation des fumées chaudes sont fort bien conservés.
La première pièce, de plan carré, correspond au vestiaire et à la salle de repos. Les éléments d'un plafond suspendu sur plaques de terre cuite, effondré au sol, y ont été trouvés. Ce plafond était recouvert d'un enduit peint à fond blanc portant un décor géométrique dit « à réseau » de couleurs rouge, jaune et verte. La fouille minutieuse des enduits permettra de reconstituer les motifs de ce décor.
Le vestiaire s'ouvre sur une autre pièce correspondant au bain froid dont le sol est en opus sectile (dallage) de pierres fines noires, blanches, grises et rouges. Le bas des murs est recouvert de plaques et de moulures de calcaire blanc, le haut semble comporter un décor de panneaux d'enduit peint jaune et vert. Cette pièce se prolonge par un bassin rectangulaire formant une excroissance sur la façade extérieure du bâtiment. Mesurant 2,25 m de longueur sur 1,75 m de largeur et 1,50 m de profondeur, ce bassin était destiné aux bains froids ou tièdes. On y descendait par un escalier d'angle.
Dans la salle tiède contiguë il n'y a pas de baignoire, mais le sol est recouvert d'un opus sectile. La partie basse des murs est décorée de dalles calcaires plaquées contre les caniculi.
La dernière salle est l'étuve, pourvue d'un bassin d'eau chaude et d'une baignoire individuelle de 2,10 m de longueur sur 1 m de largeur. Ses contours arrondis en béton de tuileau occultent un revêtement initial de mosaïque. Le sol de la pièce est composé d'un béton de tuileau lissé recouvrant la suspensura de l'hypocauste. Le mur surplombant la baignoire comportait un décor de mosaïque, révélateur d'un certain luxe.
À l'est du bâtiment principal, se déploie un ensemble de constructions correspondant à la pars rustica du domaine agricole (les dépendances artisanales et agricoles). La campagne de fouille de 2009 permettra de compléter les informations sur cette partie de la villa et d'avoir ainsi une vue d'ensemble.
Cette exploitation agricole semble avoir été en activité aux IIe et IIIe siècles de notre ère. Les études de mobilier permettront d'affiner cette datation et de préciser la chronologie du site.
Une voie empierrée, suivie par les archéologues sur près de 300 m, limite la villa au nord. Vers l'ouest, elle passe près d'un petit bâtiment gallo-romain de plan rectangulaire, construit sur fondation de pierre. La présence au sein de cette construction d'un soubassement empierré rectangulaire et d'un dépôt composé de vases en verre et d'ossements animaux évoque une fonction cultuelle ou funéraire du lieu.
À ce stade de la recherche, l'occupation médiévale du site à été observée essentiellement sur la pars rustica de la villa, aux abords de la voie empierrée, sous la forme de structures artisanales. Sur un autre secteur de fouille, isolé au nord-ouest de la villa, a été découverte une nécropole de dix-huit inhumations datées par le mobilier funéraire du VIIe siècle de notre ère. Orientées est-ouest, les tombes s'alignent sur le versant ouest d'un petit vallon. Elles ont été recouvertes d'un léger tertre de terre, puis d'une couche de pierres calcaires. Dans une seconde phase, le tertre de pierre semble avoir été réutilisé comme chemin secondaire.
En cours d'investigation, le site de Damblain n'a pas encore fini de livrer tous ses secrets.