Une villa antique et un secteur balnéaire d'une incroyable beauté datant des IIe et IIIe siècles après Jésus-Christ ont été découverts sur le site de l'ancienne base aérienne où se crée actuellement la plate-forme logistique de Damblain.
Cinq mois et demi de fouilles en 2008, deux mois et demi cette année. Et une fin toute proche. Ce sera le 17 juillet. Il sera alors temps pour les sept archéologues de l'INRAP (Institut National de Recherches Archéologiques Préventives) de ranger les outils et de plier bagage. C'est non sans un petit pincement au cœur qu'ils quitteront le site de l'ancienne base aérienne de Damblain. "Huit mois de fouilles, ça a été très court. Il aura fallu faire des choix assez drastiques mais c'est le propre de l'archéologie préventive. On est assez conscient du travail qu'on a fait. J'ai eu une très bonne équipe mais il y a encore des petites choses qui auraient mérité d'être approfondies." Non sans une certaine émotion, Karine Boulanger, responsable d'opération, sait qu'un autre travail va désormais commencer pour elle et son équipe : les analyses des milliers d'objets et clichés rassemblés tout au long de ces deux années passées.
Car c'est un véritable trésor que le site de Damblain a révélé : une villa (établissement rural, propriété d'un grand propriétaire terrien et des bâtiments agricoles) gallo-romaine datant des 2ème et 3ème siècles après J.-C. a été mise à jour.
"La partie la plus spectaculaire a été dégagée l'an dernier. Aujourd'hui, tout est recouvert, bâché. Des thermes magnifiques ont également été découverts mais ils vont être coulés sous des tonnes de béton, explique une des archéologues de l'INRAP. On étudie les bâtiments, les coupes, les murs, les pièces. On prend un maximum d'informations car il nous reste très peu de temps."
Si les archéologues avaient déjà travaillé sur des thermes, ceux découverts à Damblain sont dans un état de conservation exceptionnel. "L'état de conservation du secteur balnéaire de la villa est en effet assez exceptionnel pour la Lorraine. C'est un des plus beaux sites qu'il nous a été donné à voir. L'autre côté exceptionnel, c'est le chauffage par le sol (hypocauste) qui est entièrement conservé. On marche sur les dalles du chauffage suspendu et c'est vraiment rare de les avoir comme ça. De toutes les villas fouillées en Lorraine, le secteur balnéaire de la villa de Damblain est un petit bijou", explique encore Karine Boulanger.
Néanmoins, les archéologues sont dans la phase finale, celle qui consiste à tout casser afin de vérifier comment les bâtiments sont construits. Et dans la prochaine phase d'étude au bureau, il s'agira d'observer la manière dont le site a été aménagé pour l'habitat.
Différents spécialistes travailleront ainsi sur les enduits peints, la céramique pour datation ou les objets métalliques. Derrière, les objets partiront dans les dépôts archéologiques et selon leur intérêt, certaines pièces pourront être intégrées à des musées.
Quoi qu'il en soit, Damblain a désormais révélé son secret. Un secret à jamais sauvegardé grâce à la passion d'archéologues entièrement dévoués à la cause des sites anciens.
Si la population locale n'a pas pu profiter des fouilles à proprement parler, elle devrait en revanche, pouvoir avoir accès à une exposition assez complète en 2011, laquelle expliquera la totalité de la fouille et des découvertes afin que les Vosgiens puissent avoir connaissance de leur patrimoine.
[d’après Vosges Matin | 13.07.09]