vichy
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Un lorrain célèbre : Martin de Briey (1882-1955)
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Cheminots victimes de la répression 1940-1945
Nos contemporains doivent le savoir : peu de catégories socio-professionnelles en France ont eu à payer le prix fort au cours de la Seconde Guerre mondiale que celle des employés des chemins de fer. Des figures d'hommes et de femmes aux vies trop brèves, engagés ou non, frappés par l'iniquité et l'arbitraire de l'occupant et de ses collaborateurs nous sont rappelées dans ce mémorial.
Ce volumineux ouvrage présente les cheminots victimes de la répression menée par les autorités allemandes et le régime de Vichy entre 1940 et 1945. Leur mort ne relève pas du hasard. Ces femmes et ces hommes - 2 672 précisément -, en majorité des résistants et des victimes des rafles de représailles, furent assassinés, fusillés, abattus, ils disparurent en prison, en déportation. Dont de nombreux cheminots du Grand Est. Ce mémorial de papier n'inclut pas les cheminots victimes des bombardements ou des mitraillages des installations ferroviaires, ni les cheminots militaires morts sous les drapeaux en 1939-1940. Outre les cheminots résistants fusillés ou morts en déportation, ce mémorial recense toutes les victimes cheminotes des combats de la Libération.
Cette recherche scientifique d'envergure, conduite par un comité composé d'historiens, d'archivistes et d'acteurs du paysage associatif et mémoriel, a été souhaitée par la SNCF pour être un mémorial, hommage des vivants aux disparus, et pour servir la connaissance historique.
Ce livre s'inscrit dans le travail de mémoire, de transparence, d'histoire et d'éducation, mené depuis plus de vingt ans par l'entreprise pour mieux connaître et comprendre ces années noires.
‡ Cheminots victimes de la répression 1940-1945, Thomas Fontaine (dir.), éditions Perrin/SNCF, 2017, 1764 p., ill. (25 €).
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Pétain
Ce que l'on sait du maréchal Philippe Pétain se résume souvent à Vichy, sa rivalité avec de Gaulle, Verdun, sa condamnation à mort, sa réputation d'hommes à femmes. Voici enfin une biographie honnête et fort complète, nourrie d'éléments nouveaux, qui met en perspective la trajectoire lente mais extraordinaire d'une personnalité d'apparence mystérieuse. Pétain l'orphelin fut d'abord un jeune homme sportif, épris d'études et d'enseignement. Août 1914 changea sa destinée : en quatre ans, le colonel à la veille de la retraite devient le chef des armées françaises, tout en menant une vie amoureuse active.
Dès lors commence un lien particulier avec les Français, qui durera jusqu'à l'été 1944, et parfois après pour ceux qui n'abandonnèrent pas son souvenir.
A la fois politique, militaire, intellectuel, physique et psychologique, le portrait évolutif auquel aboutit l'auteur est bien différent des images d'Epinal en noir et blanc qui nous sont servies régulièrement par les médias.
L'auteur est docteur en histoire de l'IEP de Paris. Elle a travaillé sur plusieurs biographies autour de la Seconde Guerre mondiale : Jean Moulin, le Docteur Bernard Ménétrel, médecin et secrétaire particulier de Pétain, puis Les Vichysto-résistants.
‡ Pétain, Bénédicte Vergez-Chaignon, éditions Perrin, 2014, 1040 p., ill. (29 €).
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L'Algérie de Pétain
L'Algérie de Pétain a légué à la postérité l'image d'un pays où, sous l'étendard du patriarche vénéré comme un dieu, il ferait bon vivre loin de l'occupant, du rationnement et de la violence.
Mais que se passe-t-il en réalité dans la tête des populations et que chuchotent-elles ? Dans un régime policier, un reporter ne peut pas interroger les passants sur l'air du temps. Et pourtant, il est possible de reconstituer leurs propos, les pouvoirs forts étant ceux qui laissent le plus de traces indiscrètes : informateurs, écoutes téléphoniques et contrôle postal travaillent à plein. Le fonds des Renseignements généraux et de la délation, écrit et oral, regorge de richesses consternantes. Cet ensemble documentaire, en partie inédit, prend à rebours bien des schémas traditionnellement admis.
L'ordre de Vichy en Algérie ? Une anarchie institutionnalisée fondée sur le règne de petits chefs, d'administrateurs incompétents, du vol organisé et de la délation. Hitler pour les populations musulmanes ? Une sorte de messie envoyé par Allah pour délivrer les colonisés du joug des Français. Le gaullisme et l'anglophilie sont plus courants qu'on ne le croit. La résistance algérienne s'organise au jour le jour. L'antisémitisme est aussi bien chez les européens que chez les musulmans. Tombées des lèvres des acteurs ou sous leur plume, la misère ou les persécutions acquièrent une densité tragique dont le discours savant peut difficilement rendre compte.
Au croisement des mémoires, fellahs, bourgeois petits et grands, colons miséreux ou richissimes, observateurs locaux ou étrangers, fonctionnaires militaires ou civils, ecclésiastiques racontent l'Algérie véritable du Maréchal Pétain, telle qu'ils l'ont vue et vécue. 1939-1942 et l'Algérie de Vichy annonce déjà la décolonisation...
‡ L'Algérie de Pétain. Les populations algériennes ont la parole (septembre 1939-novembre 1942), Pierre Darmon, éditions Perrin, 2014, 522 p. (25 €).
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Morts pour Vichy
Quatre hommes figurent au sommaire de ce livre. Tous, dans le cadre du régime de l'Etat Français, ont exercé le pouvoir, au plus haut niveau. Tous ont connu un sort tragique : l'amiral François Darlan assassiné ; Pierre Pucheu, l'un des esprits les plus brillants de sa génération, ministre de l'Intérieur dans le gouvernement de Vichy, fusillé à Alger ; le maréchal Philippe Pétain, Chef de l'Etat Français, condamné à la peine capitale mais réservé à une longue agonie ; Pierre Laval, vice-président du Conseil, exécuté à Paris dans des conditions qui ont desservi l'image de la justice de l'époque.
Si Alain Decaux a choisi d'évoquer l'ultime étape de leur destin, ce n'est pas pour rechercher les raisons politiques qui les y ont conduites. Il ne veut raconter que ce qui précéda leur mort. C'est dans de tels instants qu'un être se révèle tout entier et quelquefois recompose la dernière image que l'on gardera de lui.
Le souhait de rassembler ces quatre destins recouvre aussi des raisons personnelles. L'auteur a réuni pendant 20 ans une masse d'informations dont il n'a pu utiliser qu'une part dans ses célèbres émissions Alain Decaux raconte. Il parvient à l'âge où l'on s'interroge quant au sort qui sera réservé, après son départ, à des témoignages inédits que l'on peut juger utiles pour la connaissance d'une période de l'histoire contemporaine de la France particulièrement difficile à déchiffrer.
‡ Morts pour Vichy, Alain Decaux, éditions Perrin, coll. Tempus, 2013, 475 p. (11 €).
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Des Lorrains publient
Deux auteurs lorrains, deux ouvrages sur des thématiques bien différentes.
Cédric Meletta, nancéien né en 1973, docteur ès lettres, publie chez Perrin la première biographie de Jean Luchaire, membre de la "gauche bobo" des années Trente rallié à la collaboration active avec l'Allemagne nazie. "Il était veule, faible, corrompu, beau, généreux" selon Simone Signoret qui fut l'amie de la fille de Luchaire, Corinne. Né en 1901 à Sienne (Italie), dans un milieu universitaire et artistique de haut vol, il avait tout pour réussir. A 20 ans, il tâte de la diplomatie sous l'aile d'Aristide Briand. A 26, il fonde le mensuel Notre Temps où collaborent Mendès France et Brossolette. Cet enfant chéri de l'entre-deux-guerres est adulé du Tout-Paris des arts, du spectacle et de la politique. En 1930, ce militant prosémite et antifasciste rencontre Otto Abetz. Commence alors une lente dérive vers l'Allemagne qui le conduira, par conviction pacifiste et par intérêt bassement matériel, à toutes les complaisances. En 1940, Luchaire fonde Les Nouveaux Temps, organe phare de la presse collaborationniste, et devient le patron de la presse sous l'Occupation. Titulaire à Sigmaringen d'un fantomatique commissariat à l'Information, Luchaire est fusillé en février 1946 à 45 ans.
Cédric Meletta nous offre une biographie limpide abreuvée aux meilleures sources (les sources archivistiques et la bibliographie représentent un tiers de l'ouvrage !). Pour découvrir une époque trouble où les collaborateurs n'étaient pas toujours ceux que l'Histoire, revue par les médias contemporains, veut bien nous présenter...
‡ Jean Luchaire. L'enfant perdu des années sombres, Cédric Meletta, éditions Perrin, 2013, 450 p. (24,90 €).
Thierry Lentz, universitaire messin, ancien professeur à l'Université de Nancy-2 et à la faculté de droit de Metz, aujourd'hui directeur de la Fondation Napoléon, est "le" spécialiste de l'épopée napoléonienne.
Son dernier ouvrage est consacré au Congrès de Vienne. De novembre 1814 à juin 1815, entre Restauration et Cent-Jours, se tient dans la capitale autrichienne la plus grande réunion diplomatique de l'histoire, destinée à réorganiser une Europe bouleversée par vingt-deux ans de guerres. Dans cette machinerie de 300 délégations, le Français Talleyrand, représentant des vaincus, su manoeuvrer avec maestria. Mais le congrès reste, pour la France, un mauvais souvenir. Thierry Lentz raconte l'événement avec ses fêtes et ses spectacles, mais évalue aussi l'importance de ses rebondissements, analyse ses décisions et leurs conséquences. C'est le premier livre qui embrasse le Congrès de Vienne dans toutes ses dimensions.
‡ Le Congrès de Vienne. Une refondation de l'Europe, Thierry Lentz, éditions Perrin, 2013, 385 p., ill. (24 €).
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Le bureau du maréchal Pétain vendu aux enchères à Saint-Dié (Vosges)
Le bureau du maréchal Pétain ainsi qu'un fauteuil et deux bibliothèques ont été vendus 23.000 € le 18 octobre à Saint-Dié lors d'une vente aux enchères. C'est le président de l'Association de défense du maréchal Pétain qui l'a emporté.
Le cabinet de travail du maréchal change donc de main. Et c'est pour le nouveau propriétaire une heureuse surprise : « C'est un mobilier que nous cherchions depuis longtemps : nous ne savions pas où il était, nous pensions qu'il avait disparu », a expliqué l'acquéreur Hubert Massol. Le mobilier va rejoindre désormais un musée privé. L'Association de défense du maréchal Pétain, « milite pour la réhabilitation du maréchal en tant qu'homme, homme d'Etat et militaire ».
Acheté à Vichy avant-guerre, ce mobilier avait été réquisitionné. Il s’agit d’une pièce plus exceptionnelle par son histoire que par sa facture, même si elle est agréable à l'œil. Ce mobilier comprend une paire de bibliothèques, un bureau et un fauteuil. De la fin du XIXe siècle, en style Empire « retour d'Egypte », en acajou et placage d'acajou, le cuir vert du bureau est un peu usé et le bois d'un de ses bords est éclairci par le soleil ou la lune. Une riche ornementation de bronzes dorés et ciselés décore ses pieds, sa façade et ses cinq tiroirs. Deux tirettes latérales allongent le plateau.
C'est par un concours de circonstances lié à cette époque trouble que le bureau est arrivé à l'hôtel du Parc à Vichy. Il fût acheté à la fin des années 30 par une famille bourgeoise juive alsacienne à un antiquaire de la cité thermale de l'Allier où elle possédait une résidence secondaire. A cause des vicissitudes de l'Histoire, il est laissé pour un temps à l'antiquaire. Lorsque le gouvernement émigre dans le centre de la France après l'armistice de 1940, des meubles doivent être trouvés rapidement par les différentes administrations. Le maréchal Pétain dispose à la fois d'un appartement et d'un bureau à l'hôtel du Parc en plein centre-ville.
Des émissaires font le tour des antiquaires et réquisitionnent ce dont ils ont besoin. Le beau cabinet de travail est alors repéré. Il est emporté et sert à au Chef de l’Etat français jusqu'à son départ contraint pour l’Allemagne le 20 août 1944. Ses propriétaires le récupèrent en 1948 et ils l'ont toujours gardé depuis cette date dans leur famille. La famille a cependant décidé récemment de le vendre aux enchères.
[d’après l’Est Républicain]