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voltaire

  • Emilie du Châtelet, philosophe des Lumières

    Ce petit bouquin, somptueusement illustré avec des images provenant du fonds Du Châtelet des archives départementales de Haute-Marne, nous introduit dans l'univers studieux mais aussi glamour d'une femme éblouissante née à l'aube du XVIIIe siècle : Emilie du Châtelet.

    Talentueuse, intelligente, esprit vif, Madame du Châtelet parle plusieurs langues, lit le latin et le grec, s'intéresse à la mode et chante l'opéra. Particulièrement douée pour les mathématiques, la jeune femme est atteinte de la "Newtonmania" qui s'empare de l'Europe en ce début du XVIIIe siècle et s'attachera à en diffuser les nouvelles théories.

    Cette biographie ramassée d'Emilie du Châtelet replace la philosophe de la cour de Lunéville dans le contexte sociologique et culturel de son époque. De nombreuses anecdotes la concernant (mode, décoration...) illustrent l'art de vivre de cette marquise avant-gardiste... et un peu "bling-bling" !

     

    ‡ Emilie du Châtelet. Philosophe des Lumières, Pascale Debert, Le Pythagore éditeur, 2018, 127 p., ill., 12 €.

  • Toute la vérité sur l’affaire Buzenet révélée à l'abbaye Saint-Maur de Bleurville

    L’abbaye Saint-Maur de Bleurville s’est muée en tribunal l’espace d’une conférence. Et Marie-Françoise Michel s’est transformée en chroniqueuse judiciaire pour faire toute la lumière sur l’affaire « Martin-Buzenet ». Devant un parterre d'amateurs d'histoire locale avide de connaître enfin la vérité.

     

    conférence buzenet 23.08.09 026.jpgLa légende s’était emparée de cette affaire criminelle au point qu’on avait attribué à François Buzenet une vingtaine de crimes les plus sordides. Grâce à la perspicacité de notre historienne, les bleurvillois n’ont plus rien à craindre du sobriquet de « Buzenet » qui les désignait depuis la fin du XVIIIe siècle. Les minutes des procès de François Buzenet et de François Martin, retrouvés à la Bibliothèque nationale et aux Archives nationales à Paris, ont permis de reconstituer dans le détail tout le déroulement de ces affaires judicaires.

     

    François Martin, tonnelier de 27 ans natif de Nonville et installé à Bleurville, fut accusé à tort d’avoir tué le 20 janvier 1766 Mathieu Moignot, de Choiseul, et de l’avoir dépouillé de quelques écus venant de la vente d’un cheval. Martin fut condamné sur un indice bien mince : l’empreinte de ses souliers dans la neige… Et, pour son malheur, sa victime avait cru le reconnaître et avait pu parler durant sa longue agonie de 27 jours. Mais Moignot, affaibli par ses blessures, avait fait une grave confusion : Martin et Buzenet présentaient en effet des traits physiques assez proches (grande taille, cheveux noirs). Martin fut donc exécuté sur la place publique.

     

    conférence buzenet 23.08.09 025.jpgMais deux ans plus tard, un autre meurtre répandait l’effroi dans le village : le 19 mai 1768, Joseph Mougin, de Godoncourt, était retrouvé mort à demi enterré sur le chemin entre Bleurville et Monthureux-sur-Saône. Grâce aux renseignements fournis par la famille de Buzenet et l’intervention de l’abbé Ricard, curé de Bleurville, les soupçons se portèrent sur François Buzenet, garçon chapelier âgé de 22 ans, qui s’était enfuit. Intercepté à Roanne, il fut ramené à Lamarche pour y être jugé. Outre l’assassinat de Mougin, il avoua plusieurs méfaits : la tentative de meurtre sur Pierre Tisserand, de Darney, sur le chemin du Haut-de-Salin, le vol d’une montre à Bains-les-Bains et le vol d’un pistolet à Monthureux. Avant son exécution, Buzenet révéla dans son « testament de mort » avoir tué Joseph Mougin, innocentant du même coup le pauvre Martin. La veuve Martin, née Anne Viard, demanda la révision du procès auprès du chancelier Maupeou, ministre de Louis XV. Celle-ci ne vint jamais. De son côté, Voltaire informé de ces affaires par un avocat de Neufchâteau, ne semble pas avoir mis tout son poids de philosophe en vue afin d’obtenir la réhabilitation de François Martin ; d’autres affaires impliquant des personnalités d’importance l’accaparaient alors.

     

    buzenet st maur 23.08.09.jpgAprès la complainte du XIXe siècle qui comparait Buzenet à Cartouche et Mandrin, après le scénario romancé de « La lune écarlate », les travaux de Marie-Françoise Michel ont le grand mérite de faire toute la vérité sur ce mauvais garçon « libertin, joueur, buveur et carillonneur » qui a marqué l’histoire de Bleurville. Elle aura permis aussi de contribuer un peu à réhabiliter la mémoire du malheureux François Martin.

     

     

    [clichés Association des Amis de Saint-Maur et Vosges Matin]

  • L'affaire Busenet : "Faites entrer l'accusé !"

    L'abbaye Saint-Maur de Bleurville (Vosges) va vivre des instants "historiques" dimanche 23 août. Marie-Françoise Michel va révéler toute la vérité sur l'affaire Busenet, une incroyable affaire criminelle qui défraya la chronique dans les années 1760.

     

    Bleurville 46.JPGGrâce à ses recherches, Marie-Françoise Michel, historienne du pays de la Saône Lorraine, a pu reconstituer dans le détail tout le déroulement de cette affaire judiciaire. On devrait plutôt parler "des" affaires puisque nous avons eu une première condamnation d'un pauvre innocent - François Martin, tonnelier à Bleurville - suivie du procès du véritable auteur des crimes et tentatives de meurtres perpétrés dans le pays : François Busenet (ou Buzenet), chapelier également du village de Bleurville.

     

    Nous vous promettons des révélations... historiques, assez éloignées - il faut bien l'avouer - du spectacle de la Compagnie L'Odyssée des étés 2007 et 2008 qui s'était inspiré de cette affaire locale.

     

    Venez nombreux écouter notre chroniqueuse judiciaire d'un jour !

     

    >> Conférence "Toute la vérité sur l'affaire Busenet" par Marie-Françoise Michel, dimanche 23 août à 15h00 à l'abbaye Saint-Maur de Bleurville.

     

     

  • Françoise de Graffigny : une femme au siècle des Lumières

    Dans « Madame Péruvienne », Gilbert Mercier édite un nouveau roman dans lequel  il trace le portrait de Françoise de Graffigny, auteur lorraine prolixe du XVIIIe siècle.

     

    Tous les Lorrains connaissent le nom de Madame de Graffigny, qui possédait le château de Villers-lès-Nancy perpétuant sa mémoire, et pourtant peu savent qui était cette femme de lettres du Siècle des Lumières.

     

    gilbert mercier.jpgGilbert Mercier a croisé l'arrière-petite-nièce du graveur Jacques Callot alors que, journaliste, il rédigeait une histoire du château de Lunéville, en 1966, à l'occasion du bicentenaire du rattachement de la Lorraine à la France. Françoise de Graffigny y apparaissait au côté de figures plus marquantes : Emilie du Châtelet et Voltaire. Après avoir consacré un livre à Bébé, le nain de Stanislas et un roman biographique à « Madame Voltaire » (Emilie du Châtelet), l'auteur a convaincu son éditeur, Bernard de Fallois, que Madame de Graffigny, bien qu'ancrée dans sa terre lorraine avait vécu une existence tellement romanesque qu'elle pouvait toucher tous les lecteurs.

     

    Une sacrée bonne femme en effet que cette fille de hobereau lorrain, flambeur qui ruina sa famille. La duchesse douairière Elisabeth-Charlotte de Lorraine, protectrice de « La Grosse », comme elle appelait familièrement Françoise qu'elle avait élevée au rang de dame de compagnie, avait cru faire son bonheur en la mariant à François Huguet de Graffigny. Joueur et buveur, il battait sa jeune épouse…

    Chez Emilie du Châtelet et Voltaire

    Séparée de son « tortionnaire » mais sans un sou vaillant, Françoise sut trouver des appuis auprès de gens qui comptaient. Elle trouva notamment refuge à Cirey-sur-Blaise, chez Emilie du Châtelet et Voltaire. Les quelques mois passés en la compagnie du couple font l'objet d'un passionnant passage du roman qui met en évidence les caractères des trois personnages. Jalouse de la proximité littéraire qui s'était installée entre l'auteur de Zadig et sa visiteuse, Emilie du Châtelet affichera une aigreur nourrie par la jalousie, rabaissant sa pensionnaire au rang de redevable du gîte et du couvert. Gilbert Mercier a pu puiser dans les travaux effectués par des universitaires anglais et canadiens sur la correspondance de Madame de Graffigny pour étayer son roman.

     

    madame de graffigny.jpgIl s'est aussi appuyé sur l'ouvrage écrit par Georges Noël, descendant des légataires de Durival, chroniqueur de la cour de Lunéville. Des érudits lorrains lui ont aussi permis de raconter l'existence conjugale de l'infortunée Françoise, plus heureuse avec des amants qu'elle choisissait jeunes, mais surtout en littérature. Ses Lettres d'une Péruvienne, un roman épistolaire, qu'on trouverait, à notre époque, trempé dans de l'eau de rose, lui valurent une notoriété considérable. Gilbert Mercier voit la clé de ce succès dans le mérite de Françoise de Graffigny d'avoir compris que son siècle attendait de la sensibilité et de l'émotion. Elle lui en donna encore avec « Cénie » (« nièce » en verlan), « comédie larmoyante » écrite en hommage à sa nièce Minette, future Madame Helvétius.

     

    Si les ouvrages de Madame de Graffigny ne font plus, aujourd'hui, pleurer dans les salons et les chaumières, demeure un personnage romanesque en diable qu'on sent palpiter sous la plume de Gilbert Mercier.

     

    • Madame Péruvienne, Gilbert Mercier, éditions de Fallois, 250 p. (22 €). En librairie à partir du 10 septembre 2008.

     

     

    [d’après L'Est Républicain | 25.08.2008]

  • La Lune écarlate va briller sur Bleurville

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    Les quelques 150 acteurs et figurants paufinent actuellement le spectacle lors des dernières répétitions qui vont donné lieu à plusieurs soirées de spectacle tout prochainement.

    Pour la seconde fois, "la lune écarlate" va se lever sur Bleurville où la place du Prince va se transformer, l'espace de quelques soirées, en une scène de théâtre toute à la fois intimiste et ouverte sur l'espace.

    Tous nos personnages de la première édition seront présents, mais aussi de nouveaux : François Buzenet, François Martin, l'abbé François Ricard, Voltaire, les juges de Lamarche, la maréchaussée, les artisans, les paysans, les marchands, les hommes de peine du village vont dérouler devant le public l'extraordinaire histoire criminelle et judiciaire vécue par la population de Bleurville dans la deuxième moitié du XVIIIe siècle. De nouvelles découvertes dans les archives ont permis de préciser et d'enrichir le scénario... et chacun découvrira aussi les nouvelles séquences filmées en décors naturels.

     

    • Rendez-vous à Bleurville (Vosges, 21 km au sud de Vittel) les 8, 9, 10 août et 14, 15 et 16 août à partir de 21h30. Avant le spectacle, visitez le parcours découverte de l'art en liberté et l'abbaye Saint-Maur, exceptionnellement ouverte les soirées de spectacle (entrée gratuite). Restauration rapide sur place.

     

    Découvrez les coulisses du spectacle en visitant l'album http://picasaweb.google.fr/annesoyer

  • A propos de l'affaire Busenet...

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    Le spectacle son et lumière « La Lune écarlate » présenté cet été à Bleurville par la Compagnie L’Odyssée revisitait une affaire criminelle qui marqua profondément le bourg de Bleurville autour des années 1760. Cette interprétation spectaculaire de « l’affaire Busenet » a provoqué un intérêt renouvelé pour l’histoire locale et a suscité nombre de questions chez les habitants du village mais également chez tous ceux qui s'intéressent à l'histoire de notre région.

    Qui était donc ce François Busenet qui fut condamné à mort en 1769 pour de multiples meurtres perpétrés à Bleurville et dans les environs ?

    Les Busenet apparaissent à Bleurville dès la fin du XVIIème siècle puisqu’en 1695 un Nicolas Busenet est recensé parmi les chefs de familles qui paient une redevance au prieuré Saint-Maur.

    Il semblerait que les personnes portant le patronyme « Busenet » soient originaires de Bourgogne (Côte d’Or et Yonne) et, en particulier provenant des communes de Minot et Salives (Côte d’Or, pays Châtillonnais). Celles-ci immigrèrent vers la Franche-Comté puis la Lorraine après la guerre de Trente Ans à la fin du XVIIème siècle, répondant ainsi aux appels du duc de Lorraine qui souhaitait repeupler les contrées saignées à blanc à la suite du malheur des guerres.

    Le patronyme « Busenet/Buzenet/Bussenet » proviendrait du nom dont était affublé les joueurs de « businette », sorte de trompe ou de trompette que l’on utilisait en Bourgogne pour faire danser les villageois.

    Les Busenet s’installent en Lorraine principalement à Bleurville entre 1695 et 1730 et à Contrexéville entre 1722 et 1775. Etaient-ils issus de la même famille ? En l’état actuel de nos recherches, nous ne pouvons l’affirmer. Quoi qu’il en soit, nous ne trouvons plus aucun Busenet à Bleurville au début du XIXème siècle : les femmes mariées nées Busenet (et apparentés notamment à la famille Froment) ne réactivèrent jamais le nom de Busenet tellement celui-ci était devenu en horreur.

    Les archives conservent la traces de membres de la famille Busenet qui s’illustrèrent « honnêtement » dans la vie du bourg : ainsi entre 1748 et 1758, François Busenet (probablement notre tristement célèbre criminel) est syndic de la communauté (c’est-à-dire maire chargé de la défense des intérêts des habitants). En 1722 et 1723, un règlement de succession est enregistré lors du décès de Nicolas Busenet, chapelier à Bleurville, au profit de sa femme Anne Thiébault et de ses quatre enfants Nicolas (qui reprendra le commerce de chapelier de son père), Simon, François (probablement notre futur meurtrier) et Anne. En 1749, Claude Busenet, bourgeois de Bleurville, est témoin de la donation d’un tabernacle à l’église paroissiale par les bénédictins de Saint-Nicolas-de-Port.

    De nouveaux drames

    9c6ae84588dd35fc67c0589fc84f4a48.jpg Si l’on connaît relativement bien le déroulement de cette affaire criminelle grâce aux recherches menées par l’abbé Melchior Dion à la fin du XIXème siècle et par Jean Bossu, journaliste à La Liberté de l’Est, dans les années 1960, nous pouvons encore exhumer des archives de nouvelles révélations à propos de cette sordide affaire.

    Ainsi cet épisode encore ignoré des historiens jusqu’à ce jour : en février 1766 un homme de Darney est attaqué « à coups de pistolet » sur la grande route royale qui va de Lorraine en Franche-Comté (actuellement dénommée « voie romaine ») sur le territoire de la commune de Serocourt. Fort heureusement, il ne dut son salut qu’au passage de deux voyageurs qui lui portèrent rapidement secours. Les enquêteurs du bailliage de Lamarche relient cette tentative de meurtre à ceux qui furent commis dans des circonstances similaires dans la région et, en particulier, celui d’un marchand de bœufs de Godoncourt qui sera tué en mai 1768 sur le chemin entre Monthureux et Bleurville et retrouvé à demi enterré dans une raie d’un champ sur le finage de Bleurville.

    C’est d’ailleurs à la suite de ce dernier crime que l’enquête va aboutir à la mise en cause de François Busenet. Le 9 janvier 1769, le procureur royal au bailliage de Lamarche, le sieur De Bourgogne, entend les témoins (nous ne connaissons malheureusement ni leurs noms ni leurs qualités) dans l’information engagée contre François Busenet. La procédure est désormais lancée. Elle aboutira, quelques mois plus tard, à la condamnation et à l’exécution le 26 juillet 1769 du plus grand criminel que Bleurville n’ait jamais connu.

    Il serait intéressant de connaître les mobiles qui ont poussé Busenet à devenir un « serial killer » (ou tueur en série). L’appât de l’argent ? Son commerce connaissait-il des difficultés financières ? La schizophrénie ? Etait-il atteint d’une pathologie psychiatrique le poussant au crime ? Seul la découverte du jugement de condamnation pourrait nous aider à répondre à ces questions. Sans oublier le pauvre Martin qui fut doublement victime d’enquêteurs et de juges indignes, et du monstrueux Busenet.

    Et nous conclurons – non pas en chanson – mais par la complainte que firent circuler les colporteurs à la suite de l’affaire Busenet et qui jetait l’opprobre sur les Bleurvillois. Une seule strophe nous est encore connue :

    "Je suis natif de Bleurville,

    Je m’appelle François Busenet,

    Quand je vais de ville en ville,

    Que je me rende au cabaret,

    Je suis connu comme assassin,

    Plus que Cartouche aussi Mandrin !"

    Si la suite n’est plus connue, il reste encore le sobriquet qui désignait les gens de Bleurville : « les Busenets ». Jeté à la figure d’un habitant du village équivalait à le traiter d’effroyable bandit !

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    [illustrations : spectacle "La lune écarlate" d'août 2007 et carte de Cassini (Bleurville), XVIIIe s.]

    Merci à A. B. pour son article à paraître dans L'Echo des Trois Provinces.