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néolithique

  • Le gisement de Crévéchamps : du Néolithique à l'époque romaine dans la vallée de la Moselle

    Quarante hectares de gravière sondés, des vestiges reconnus sur quinze hectares : une fenêtre d'une surface exceptionnellement vaste s'est ouverte entre 1989 et 1994 sur l'historie ancienne de la vallée de Moselle près de Crévéchamps, en Meurthe-et-Moselle. Avec 7000 structures relevées, Marie-Pierre Koenig et son équipe ont dû respecter une méthodologie rigoureuse pour établir comment, en deux millénaires, les hommes ont colonisé ce fond de vallée soumis aux divagations de la rivière. Grace au regroupement des structures par ensembles fonctionnels, à leur examen typologique, à leur intégration dans un paysage reconstitué par l'analyse environnementale, grâce aussi à une remarquable étude de la céramique des âges du Bronze et du Fer étayée par la comparaison avec de nombreux sites en Europe du Nord, les auteurs proposent un schéma d'évolution de l'occupation qui fait d'ores et déjà référence.

    Les défrichements débutent au Néolithique. Durant toute la protohistoire, l'habitat va se densifiant : palissades, chemins et fossés suivent les délimitations naturelles formées par les anciens chenaux tandis que les dômes gravillonneux des exploitations se déplacent cycliquement. Par les suite, les gallo-romains drainent et cadastrent le terroir. Des fermes y perdurent, héritières des traditions gauloises, mais l'activité se diversifie avec l'ouverture d'une vaste argilière - jusqu'à ce qu'au IIe s. après JC une inondation conduise les hommes à délaisser cette zone trop humide.

    Le chercheur et le curieux trouverons dans ce fort volume matière à asseoir leur réflexion par l'examen d'une iconographie soignée et d'une importante documentation regroupée en fin d'ouvrage : catalogue de la poterie, descriptif des bâtiments, datations, index des structures, plans généraux...

    Une belle étude qui permet de mieux appréhender l'occupation humaine de ce territoire du Bayonnais situé au sud de Nancy.

     

    ‡ Le  gisement de Crévéchamps. Du Néolithique à l'époque romaine dans la vallée de la Moselle, Marie-Pierre Koenig (dir.), éditions FMSH, 2016, 467 p., ill. (55 €).

  • Villouxel (88) : redécouverte d'une sépulture néolithique

  • Bleurville (88) : la roche basse du Mulot redécouverte

    Les initiés connaissent bien le site néolithique de la Roche du Mulot, bloc gréseux accroché au flanc de la vallée du Gras en forêt de Belle-Perche, entre Bleurville et Viviers-le-Gras. Mais peu savent qu'il existe une autre roche, dite "Roche basse du Mulot", située sur la rive droite du ruisseau.

    Bleurville_Roche basse du Mulot_oct 2012 002.jpgL'archéologue et érudit vosgien du XIXe siècle, Félix Voulot, l'avait décrite en son temps. Mais, depuis, la nature a repris ses droits et a recouvert ce bloc de grès des Vosges portant des inscriptions sculptées... C'est à la faveur d'une prospection archéologique que cette roche basse fut redécouverte en 2003 par Yveline Montlevrant, membre du GERSAR, puis, plus récemment, par les archéologues bénévoles de l'association Escles-Archéologie.

    Certes, la roche basse est moins "impressionnante" que la roche haute située à l'aplomb de la fontaine Saint-Thomas qui borde la route départementale n° 2. Elle est située sur la rive droite du Gras à proximité du chemin qui conduit aux anciennes fermes du Neufmont (volontairement, nous ne la situerons pas précisément afin de lui éviter des dégradations irrémédiables du genre de celles qui ont été infligées à la roche haute du Mulot...). Cependant, si sa situation au raz du sol la rend géographiquement moins intéressante, les empreintes gravées repérées sur sa surface font d'elle un élément remarquable sur le plan archéologique.

    bleurville_roche base mulot.jpgLa roche basse du Mulot présente en effet un certain nombre de pétroglyphes. Il s'agit de dessins symboliques gravés sur la pierre : cercles, marelles, "fer à cheval" en pointillé et une foule de signes cruciformes. Les pétroglyphes sont généralement associés aux peuples préhistoriques néolithiques et furent la forme dominante des symboles de pré-écriture utilisés pour la communication de 10000 av. J.-C. jusqu'à 5000 av. J.-C. Les techniques de gravures sont principalement l'incision, le frottement ou la pulvérisation à l'aide de pierres.

    Pendant de la roche haute, la roche basse du Mulot présente des signes à caractère religieux faisant référence au culte solaire.

    Tout comme la roche haute, la roche de la rive droite du Gras portent de nombreuses croix de différentes formes et dimensions. Ces roches, haut lieu du culte païen pratiqués par les hommes du Néolithique, furent christianisées durant le haut Moyen Âge afin de détourner les populations qui devaient encore fréquenter avec assiduité ces anciens lieux de culte.

    lorraine,vosges,bleurville,roche du mulot,néolithique,pétroglyphes,gersar,escles archéologieLa tradition - qui s'est progressivement muée en folklore - eut malgré tout la vie dure puisqu'au XIXe siècle encore la tradition orale rapporte que les jeunes filles du pays qui voulaient se marier se rendaient nuitamment sur la Roche du Mulot et y pratiquaient un rite de fécondité en essayant de tourner trois fois dans les empreintes humaines gravées dans la pierre. Si elles y parvenaient, elles se marieraient dans l'année !

    La forêt de Bleurville, et particulièrement la rive droite du Gras, est riche en sites archéologiques : on y a identifié un grotte, un abri sous roche avec des traces d'occupation humaine, une roche à gravures (des croix essentiellement) et une barre d'éperon. La recherche archéologique a encore de beaux jours devant elle pour nous révéler et expliquer ces traces du passage de nos ancêtres au cours des âges.

    [clichés H&PB - Remerciements à Olivier Bertin pour les renseignements fournis]

  • A l’abbaye Saint-Maur de Bleurville : des roches et des hommes

    « Les mystères de la montagne vosgienne », un film de Roger Lachaize, a animé la nef de l’abbatiale Saint-Maur l’espace d’un après-midi. Pour un grand voyage dans le temps.

     

    Film mystères vosges_12.08.12 002.jpg« Bleurvillois de cœur », c’est ainsi que se définit Roger Lachaize. Ce Déodatien, qui a des attaches familiales (Roussel-Petitjean) à Bleurville et qui a bien connu l’abbé Pierrat, le sauveteur de Saint-Maur, a fait partager à la cinquantaine de spectateurs présents sa passion pour les roches gravées du massif vosgien lors de la projection d’un reportage réalisé avec son compère Jean-Marie Cuny, d’Anould. Une soixantaine de sites préhistoriques a été abordée, objets souvent de conflits d’interprétation entre historiens et archéologues. « Albert Ronsin, l’historien de Saint-Dié, voyait dans les pierres à cupules le simple effet de l’érosion naturelle, alors que nous autres archéologues y voyons l’action de la main de l’homme » déclare amusé Roger Lachaize. Ce marcheur, avec ses amis du Club Vosgien, a parcouru le massif du nord au sud afin de recenser les nombreuses roches à bassins et autres pierres à empreintes, roches gravées, polissoirs à outils et armes, et mégalithes. Toutes sont des vestiges de l’occupation humaine datant pour la plupart du Néolithique (6000 ans avant JC). Ces sites de hauteur ont été progressivement christianisés au cours du Haut Moyen-Âge (VIe-VIIe s.) : signes de ces exorcismes pratiqués par les prêtres de la religion chrétienne, une multitudes de croix pattées gravées à côté des empreintes préhistoriques.

     

    Film mystères vosges_12.08.12 003.jpgLes pierres à cupules ou à bassins creusés dans le grès se rencontrent des Vosges jusqu’au Palatinat, en Allemagne. Leur usage n’est pas bien défini : servaient-elle à recueillir l’eau de pluie afin de se purifier, ou de mortier, ou encore de réceptacle à sacrifice animal ou humain ? Remplis d’eau, ces bassins pouvaient aussi être des miroirs du firmament puisque nos ancêtres du Néolithique adoraient la nature, les astres et le soleil. Certaines cupules étaient utilisées comme lanternes sur les parois des falaises dans la vallée de la Meurthe.

     

    Le massif vosgien recèle également plusieurs abris sous roche aménagés à l’époque préhistorique ainsi que des mégalithes. Certaines de ces pierres dressées (menhirs) servirent au Moyen-Âge de bornes pour les propriétés ecclésiastiques. Le massif du Fossard est le seul site vosgien connu qui possède un dolmen qui servit probablement de sépulture à un chef de tribut.

     

    Roger Lachaize fit une incursion dans l’ouest vosgien afin de présenter les roches du Mulot, dans la vallée du Gras, en forêt de Bleurville. Pierres à empreintes, elles sont une remarquable synthèse de ces roches gravées du Néolithique : elles présentent des cupules, des traces de pieds humains, de sabots d’équidés, un symbole du culte du soleil et des marques de christianisation avec de nombreuses petites croix sculptées. Toutes ces roches furent tardivement utilisées par les populations locales pour y pratiquer des rites traditionnels venus du fond des âges.

     

    [clichés © H&PB]

  • La Bure avant la christianisation des Vosges

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    [Vosges Matin]