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juif

  • Mémoires d'un juif lorain en Algérie

    Parti de Lorraine pour rejoindre l'Algérie après l'Annexion de 1870, la famille Lebon, des marchands de grains mosellans, effectuera le chemin inverse moins de cent ans plus tard. Mais Elie qui ne peut se défaire du pays de ses ancêtres, y retournera des années plus tard.

    Là-bas, il ne pourra que constater la dégradation des relations entre les deux pays, la rancune tenace, l'antisémitisme rampant, l'intégrisme de l'islam, loin de ses rêves d'une Algérie multiethnique débarrassée des haines et des frustrations.

    Laura Tared signe, à travers le récit de cet homme, un roman historique bouleversant sur la tolérance, habitée de cette mélancolie propre aux exilés, notamment celles des pieds-noirs dont la blessure est toujours suintante.

     

    ‡ Mémoires d'un juif lorrain en Algérie. Entre terres chaudes et acier froid, Laura Tared, éditions L'Harmattan, 2016, 258 p. (23 €).

  • Cimetière juif de Sarre-Union : un coup des Antifa

    Beaucoup d’entre nous ont remarqué l’étrange silence des médias à propos des cinq « jeunes » suspectés de la profanation du cimetière de Sarre-Union.

    antifa.jpgC’est fou comme on peut être mauvaise langue, parfois… Beaucoup d’entre nous ont remarqué l’étrange silence des médias à propos des cinq « jeunes » suspectés de la profanation du cimetière de Sarre-Union. Cinq jeunes qui, à n’en pas douter, n’étaient pas issus de la bourgeoisie locale, n’étaient ni blonds aux yeux bleus, ni fils de…, ni membres du FNJ, ni catholiques. Rien de tout cela, sans quoi leurs noms auraient été donnés en pâture à l’opinion sans scrupules ni délai. Bref, quelques-uns d’entre nous se sont dit que, peut-être, ce silence patronymique dissimulait –maladroitement- des « chances pour la France », déséquilibrées, dont les « opinions religieuses » (sic) – dixit un élève du lycée interrogé mercredi par France Info – pouvaient potentiellement véhiculer un certain antisémitisme. Suivez mon regard…

    Loupé ! C’est Le Monde, journal officiel de la bien-pensance, qui dévoile le premier le pedigree de ces charmants bambins. Commentaire de texte :

    « Pierre B. aime la musique métal, le look punk-gothique, les capuches, les bracelets cloutés, les Doc Martens, les colifichets avec des têtes de mort. » Voilà qui vous plante le décor, il faut bien avouer d’emblée à qui on a affaire. Mais, la faute étant avouée, il faut relativiser et faire de ce gothique un gentil garçon : « C’est un grand gars blond aux yeux bleus rieurs, plutôt fluet, avec une bonne bouille d’ado de son âge et de son temps. » Chez moi, les bonnes bouilles d’ados de leur temps n’ont aucune appétence pour le style gothique… Admirez le retournement sémantique.

    « Après le collège où il était un élève sans problème, il a choisi de préparer un CAP d’agent de sécurité, sa passion. » Eh bien voilà un garçon bien sous tous rapports, qui veut s’intégrer en devenant videur de boîte. Avec un look métal, nul doute qu’il rencontrera un franc succès… 

    Chacun sera donc convaincu que ce riant adolescent à la bonne bouille ronde – genre petit garçon des histoires de Pierre Probst – n’a pas le profil d’un affreux nazi. Mais le meilleur est pour la fin : Pierre a un ennemi, le fascisme ! On apprend qu’il porte des slogans antifascistes sur ses vêtements. On ne sait jamais, avec le nombre de sectateurs de Mussolini qui traînent dans les rues ces derniers temps, on n’est jamais assez prudent. « Si on parlait du Front National, il se mettait sur ses deux pattes arrières et se mettait à grogner » témoigne un de ses camarades. « Il prétendait se battre contre le fascisme et était très remonté contre la police ». Ben voyons…

    Voilà nos bien-pensants bien ennuyés. Sans doute l’un d’entre eux tweetera bientôt « putain je suis dégoûté que ce ne soit pas un membre du Front national ». Déçu aussi ce député socialiste qui faisait il y a quelques jours le lien entre la profanation et les résultats du FN aux dernières élections à Sarre-Union. Il va falloir inventer autre chose. Par exemple que la stratégie Philippot d’ouverture à gauche a si bien réussi que certains antifas sont en réalité des cryptofascistes dissimulés sous de longs manteaux noirs, qui évoquent irrésistiblement les agents de la Gestapo.

    Décidément le fascisme n’est plus ce qu’il était. Il déçoit. On en attendait mieux. Reste à savoir comment faire face à cette mauvaise nouvelle. Sans doute par un enterrement de première classe de cette affaire, grâce à la bienveillance d’un juge pour enfants qui renverra ces bonnes bouilles d’ados chez leurs parents avec une sévère admonestation. Et avec la bénédiction de Madame Taubira…

    [François Teutsch, avocat | Boulevard Voltaire]

     

  • Nancy : que restera-t-il de la prison Charles-III ?

    L'ancienne prison Charles III de Nancy devrait être rasée courant 2010. Cette maison d'arrêt devenue fantôme garde les traces des milliers de prisonniers qui sont passés là, de leur quotidien, de la vie pénitentiaire. Il y flotte aussi le souvenir de victimes d'injustice et de l'Histoire.

    charles III nancy.jpgLes cellules défraîchies ont été débarrassées de leurs literies. Les murs sont couverts de graffitis. Tout a été vidé ou presque. Les coursives et les couloirs ne résonnent plus des bruits et des discussions des détenus qui s'y entassaient jusqu'à six par cellule. Depuis le transfert des prisonniers en juin au nouveau centre pénitentiaire de Nancy-Maxéville, la vieille prison Charles III, en plein cœur de Nancy, a tout d'une prison fantôme. Rachetée par la Communauté urbaine du Grand Nancy, l'ancienne Maison d'arrêt devrait être très rapidement rasée. Elle pourrait même, si les procédures administratives sont rapidement bouclées, être détruite avant l'été 2010. Sur l'espace libéré se développera une partie du projet Nancy Grand Cœur qui prévoit une reconfiguration des rues, la création de logements, de locaux tertiaires... Avec cette destruction, c'est un volet de l'histoire de Nancy, de la justice, de la vie pénitentiaire avec ses violences, ses solitudes, ses existences brisées, ses "vedettes" du chapitre « fait divers » qui se referme.

    prison nancy.jpgMais la disparition de cette prison, un lourd symbole de drames, implique assurément un "devoir de mémoire". Car au cours de son histoire, cet établissement qui a vu passer des milliers de condamnés, a aussi connu les souffrances de victimes d'injustices et de la barbarie. C'est d'ailleurs devant la prison, sur les murs d'enceinte de laquelle avait été apposée une plaque inaugurée en 2002, que se déroulait chaque année la cérémonie « en mémoire des victimes des crimes racistes et antisémites de l'État français et d'hommage aux Justes de France ». Des juifs furent détenus dans la prison avant d'être déportés. Mais pas seulement. Il y eut aussi des prêtres, des résistants chrétiens, gaullistes ou communistes comme en témoigne le récent ouvrage de Jean-Marie Conraud sur la prison Charles-III.

    Un groupe « Mémoire et souvenir » a donc été chargé de réfléchir à un futur lieu de commémoration mais aussi à la manière de préserver la mémoire de ce lieu, comme par exemple la porte par laquelle entraient les déportés. Des initiatives seront prises pour respecter cet important devoir mémoriel.

  • A Nancy : Fêtes et traditions dans le judaïsme

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    >> Contacts et réservations :
    communauté juive de Nancy : http://www.cjn54.fr

  • Des Justes meusiens honorés

    La dernière cérémonie de remise de médaille de Juste à Longeville-en-Barrois (Meuse) a réveillé les mémoires. Deux nouvelles familles viennent de renouer des liens grâce à cette cérémonie.

     

    justes.jpgUne nappe de brouillard enveloppe la voie ferrée à Longeville-en-Barrois. Trois silhouettes se détachent, comme surgissant d'une histoire lointaine. Celle de l'évasion de dix-neuf déportés juifs du convoi 62, le 20 novembre 1943. C'est ce souvenir commun qui unit les enfants de Roger Gerschel et le fils de René Bernard.

     

    Deux autres familles ont pu reprendre contact dans les mêmes conditions. L'un des évadés, Joseph Cajgfinger, un tailleur de Metz, avait été, en effet, recueilli par Achille Domice, un éclusier de Longeville-en-Barrois. A l'initiative de Robert Cajgfinger, Achille et Simone Domice ont reçu, à titre posthume, le titre de Justes parmi les Nations par le Mémorial Yad Vachem de Jérusalem.

     

    La cérémonie, qui s'est tenue dans la Meuse, a réveillé les mémoires. En particulier celle de Jean-Claude Gerschel et sa sœur, les enfants d'un autre évadé : Roger Gerschel. «Nous savions que notre père avait été caché par quelqu'un à Longeville-en-Barrois. Rien de plus ». Peu de temps après la cérémonie, la famille Gerschel s'est rendue à Bar-le-Duc en train, effectuant le même parcours que leur père et leur oncle Georges.

     

    Arrêtés à Chalon-sur-Saône, Roger et Georges Gerschel ont été internés à Drancy, l'antichambre de la mort. Rapidement, les deux frères, décrits comme des forces de la nature, ont rejoint un groupe de résistants qui travaillaient jour et nuit dans la clandestinité. Objectif : creuser un tunnel pour faire évader tous les prisonniers. Dénoncés, quatorze d'entre eux ont été placés dans le wagon du convoi 62. Le même désir unissait les hommes, qui ont réussi à cacher des outils de fortune.

     

    Les résistants savent que le train allait ralentir dans la montée de Lérouville, mais les barreaux ne cèdent pas facilement. Au dernier moment, ceux que l'on nommera par la suite « les diables de Gerschel » ont arraché les grilles à mains nues. Dans le wagon, la plupart des déportés sont pétrifiés par la peur. Cinq se décident à sauter par la lucarne. Parmi eux, Joseph Cajgfinger et Charles Magier qui, amputé d'un pied, sera sauvé par des cheminots avant l'arrivée d'une patrouille allemande.

     

    Roger Gerschel, qui a perdu son frère, erre dans l'obscurité. Sur le pont de Dammarie, il croise René Bernard, un ébéniste, qui rentre chez lui à vélo après une journée de travail. « Mon père m'a toujours raconté qu'il n'avait pas hésité une seconde », raconte Jean-Paul Bernard, qui vit à Naives-devant-Bar. « Il l'a fait monter sur le cadre de son vélo et l'a ramené chez lui à Longeville-en-Barrois ».

     

    Depuis le début de la guerre, Jean-Paul Bernard est hébergé avec sa femme chez sa propre mère Louise Bernard. Cette dernière accueille le fugitif sans poser de question. Et pourtant, un soldat allemand, qu'elle est obligée d'héberger, dort dans une chambre du rez-de-chaussée. Dans la pure tradition de l'hospitalité lorraine, Jean-Paul Bernard et son frère, servent du sanglier et une truite. Roger Gerschel n'oubliera jamais ce festin.

     

    Le lendemain, le photographe barisien Victor Althusser, le chef de la résistance, lui fait des faux papiers. L'évadé peut alors retrouver les siens.

     

    Soixante-cinq ans après, les Gerschel ont fait une demande de reconnaissance de Justes parmi les Nations pour Jean-Paul Bernard, sa femme et sa mère. « Mon père a fait du bien toute sa vie. Et il n'a jamais réalisé à quel point », conclut Jean-Paul Bernard.

     

     

    [d’après l’Est Républicain | 08.02.09]

  • Des "Justes" Vosgiens honorés à titre posthume

    Le titre de « Juste » sera remis au neveu d'un couple de Chantraine (Vosges) qui avait recueilli deux fillettes juives durant l'Occupation.

     

    marie et auguste colin.jpgLe dossier de demande de reconnaissance avait été déposé en 2003 auprès du comité Yad Vashem de Paris. Maurice Baran-Marszak, petit-cousin des deux fillettes, à l'origine de cette démarche se félicite de son aboutissement.

     

    Le titre de « Juste parmi les Nations » sera décerné à titre posthume à Marie et Auguste Colin le 18 décembre lors d'une cérémonie à l'hôtel de ville d'Epinal.

     

    C'est leur neveu, Gabriel Colin, domicilié à Ventron, qui recevra la médaille et le diplôme décernés par le comité français pour Yad Vashem. Un titre décerné à ce couple « pour avoir aidé à leurs risques et périls des juifs pourchassés pendant l'occupation ». Les noms de Marie et Auguste Colin seront également gravés sur le Mur d'honneur dans le Jardin des Justes parmi les nations à Yad Vashem, Jérusalem.

     

    Le 13 juillet 1942, Paul Glicenstein et son épouse Cyrla, née Baron, étaient arrêtés à Epinal par la Gestapo et un policier français puis transférés à Drancy et déportés à Auschwitz. Ils laissaient derrière eux deux filles : Ida, âgée de 14 ans, et Josette, 4 ans. Elles furent recueillies par Marie Colin, de Chantraine, leur nounou, alors âgée de 48 ans et son époux Auguste, 49 ans, jardinier, qui demeuraient route des Bains à Chantraine.

     

    « Les enfants étaient déjà gardées par ma tante car leurs parents, forains sur les marchés, travaillaient énormément », explique Gabriel Colin.

     

    Les deux fillettes seront protégées et choyées par le couple. « Ils avaient le cœur sur la main et ne se posaient pas de questions », ajoute Gabriel Colin. Plusieurs mois plus tard, les Allemands viennent perquisitionner le domicile d'un voisin nommé également Colin. Vraisemblablement à la recherche des fillettes. Averties, les gamines ont le temps de se cacher dans une tranchée creusée par Auguste et recouverte ... de purin. Le Colin en question est le maire de Chantraine.

     

    Marie, Auguste et leurs voisins, la famille Thiriet, qui avaient eux aussi souvent accueilli les fillettes, jugent alors qu'elles ne sont plus en sécurité. Les deux filles quittent la région et passent la ligne de démarcation grâce à une chaîne de solidarité. L'aînée voyage en train seule tandis que la plus jeune est prise en charge par un couple depuis Paris. Ida est accueillie à Bollène dans le Vaucluse, chez des cousins de sa mère, la famille Rozenberg. Elle y retrouve Marceline qu'elle avait connue à Epinal. Marceline - qui sera déportée en 1944 à l'âge de 15 ans avec son père à Auschwitz-Birkenau - est devenue ensuite la réalisatrice et écrivain Marceline Loridan-Ivens. Pendant les deux années suivantes, Ida vivra et travaillera dans le Puy-de-Dôme et l'Allier.

     

    A la Libération des Vosges en septembre 1944, Ida et Josette retourneront vivre auprès des familles Colin et Thiriet. Mais, en 1946, pressées de venir s'installer aux Etats-Unis par des tantes, elles quitteront les Vosges à contrecœur.

     

    Devenue citoyenne américaine, Ida adoptera un nouveau prénom, celui de Jacqueline, se mariera et aura deux enfants. Ida n'oubliera jamais Marie et Auguste. Elle leur écrira très régulièrement.

     

    « Marie était heureuse de nous montrer toutes ces lettres qui venaient des Etats-Unis », raconte Gabriel. Longtemps après la guerre, Ida est revenue en visite dans les Vosges et à Nancy où elle avait conservé de la famille. En 1981, Jacqueline Wolf a publié le récit de ces années sous le titre « Take care of Josette » (1). « Prends soin de Josette » : cette phrase avait été la dernière recommandation faite à l'aînée par la maman lors de son arrestation. En 1994, Ida-Jacqueline est décédée tandis que sa sœur Josette vit toujours aux Etats-Unis.

     

    (1) Un ouvrage traduit en français et paru chez l'Harmattan, en 2003 sous le titre « Récit en hommage aux Français au temps de l'Occupation ».

     

     

    [d'après l'Est Républicain | 24.11.08]

  • Le Père Patrick Desbois, le curé de la Shoah

    Le prêtre mène un inlassable combat pour que les victimes de la « Shoah par balles » puissent recevoir une sépulture digne. Il était ce 22 octobre au Palais des congrès de Nancy.

     

    père desbois.jpgEn Israël, on l'appelle « Patrick le Juste ». Le père Desbois s'est fixé pour mission de tirer de l'oubli les millions de Juifs exterminés par balles et jetés dans des fosses communes en Europe de l'Est.

     

    De cette page méconnue de l'Holocauste, de cette « Shoah par balles », le père Patrick Desbois a tiré un livre « Porteur de mémoires », édité chez Lafon, dans lequel il relate l'enquête colossale qu'il a entreprise pour retrouver les restes d'un million et demi de juifs fusillés par les nazis dans les villages d'Ukraine.

     

    Ce 22 octobre, après avoir reçu la Médaille d'or de la ville de Nancy, dans le salon carré de l'hôtel de ville, il donnait une conférence au Palais des congrès.

     

    Tout a débuté pour lui avec les confidences de son grand-père revenu vivant du camp de déportation de Rawa Ruska. « Il me disait : dans le camp, c'était affreux, mais dehors, c'était pire. Je ne comprenais pas ce que voulait dire ce dehors. C'était les Juifs massacrés et jetés dans des fosses communes. Au début, je n'ai cherché que celle de Rawa Ruska. Sous l'ère soviétique, il y avait une chape de plomb sur ce sujet.  Ce n'est que plus tard que le nouveau maire m'a conduit dans un hameau, à cinq kilomètres du village. Une centaine de paysans, avec des chèvres et des chiens, nous accompagnaient ».

     

     « Ils avaient été témoins en 1941, avaient vu un Allemand en moto avec un chien repérer les lieux, puis revenir, plus tard, avec d'autres soldats et 1.500 Juifs à qui avait été donné l'ordre de creuser une fosse de 8 mètres de profondeur. Pendant que les Juifs creusaient, ils écoutaient de la musique. Lorsque la besogne a été achevée, ils ont fait sortir les Juifs du trou, y ont mis des explosifs et ont jeté les malheureux dans la fosse. J'ai senti qu'il était impérieux de recueillir les témoignages. Mais, ce que j'ai fait pour ce village, j'ai appris, par la suite, que je pouvais le faire pour 180, rien qu'en Ukraine. A l'heure actuelle, on a recensé 850 sites d'exécution, dans toute l'Europe centrale : en Biélorussie, en Russie, en Estonie, en Lituanie. C'est un continent d'extermination. Il y a eu bien sûr des pogroms, dans les années vingt, mais là, l'ordre de tuer émanait de la police, de la gendarmerie. Il était légal de tuer des Juifs et des Tsiganes. Les exécutions étaient réalisées, non seulement par les Allemands, mais aussi par la population locale. Il y a eu cependant des gens qui ont sauvé des Juifs au péril de leur vie. 2.300 médailles de Justes ont été décernées. Et, pour ces sauveteurs de Juifs, les risques étaient bien pires qu'en Allemagne ou en France. Les familles entières étaient massacrées. Il y a 7.000 Oradour-sur-Glane en Biélorussie. A l'Est, la guerre était totale et, dans l'esprit des nazis, les Slaves devaient être déportés après les Juifs ».

     

    Ces récits terribles n'ont jamais ébranlé la foi du prêtre qui veut d'abord que tous les morts reçoivent une sépulture digne. « Il n'y a jamais de cimetières des génocides. C'est l'ultime victoire des assassins. »

     

    þ     Porteur de mémoires. La Shoah par balles, Père Patrick Desbois, éditions Lafon, 2008, 330 p., ill. (20,90 €)

     

     

    Le P. Desbois, prêtre catholique originaire de Bourgogne, est directeur du Service national des évêques de France pour les relations avec le judaïsme et conseiller du Vatican pour la religion juive. Il préside l'association Yahad-In unun (Ensemble) qu'il a fondé en 2004. 

    Les droits d'auteur du livre du Père Desbois vont à l'association Yahad-In unum et servent au financement des fouilles effectuées en Ukraine, en Biélorussie et en Russie.

     

     

    [cliché Est Républicain]