En ce 5 janvier glacial, une centaine de Lorrains a joyeusement fêté l’anniversaire de la Bataille de Nancy. Occasion également de célébrer la « fête nationale » des Lorrains supprimée lors de l’installation du roi Stanislas à la tête des duchés de la Lorraine et de Bar en 1737 par Louis XV.
Auparavant, une messe avait été célébrée à 17h00 en l’église Saint-Pierre de Nancy par l’abbé Husson, vicaire à la paroisse Saint-Pierre – Notre-Dame de Bonsecours. Le prêtre rappela dans son sermon le souvenir des ducs de Lorrains qui ont tenté de maintenir, contre vents et marées, l’indépendance de leurs états. Il demanda aux fidèles de prier tout particulièrement pour tous ceux qui périrent lors de cette bataille du 5 janvier 1477, en la Vigile de l'Epiphanie.
A 18h30, au pied du monument de la Croix-de-Bourgogne, planté à l’emplacement de l’ancien étang Saint-Jean où fut découvert le cadavre du Grand Duc d’Occident, Jean-Marie Cuny, en fin connaisseur de l’histoire de la Lorraine, prononça sa traditionnelle harangue. Il rendit hommage aux soldats qui luttèrent au côté de René II, et aux mercenaires Suisses et Alsaciens en particulier. Mais aussi aux braves Bourguignons qui restèrent dignes dans la défaite.
Beaucoup de jeunes gens avaient tenu à participer à cette manifestation sympathique organisée par l’association Mémoire des Lorrains depuis 34 ans. De nombreux lorrains amoureux de leur histoire étaient également présents afin de marquer leur fidélité à leurs anciens souverains.
La joyeuse compagnie ne se quitta pas avant d’assister au lancement des feux d’artifice et le partage du vin chaud ; breuvage tant attendu - et apprécié - en raison de la grande froidure qui piquait mains et visages !
Rappelons brièvement le contexte de cette bataille et ses conséquences. La bataille de Nancy opposa le duc de Bourgogne Charles le Téméraire et le duc de Lorraine René II. Elle se solda par la défaite et la mort du Téméraire. Le principal bénéficiaire de cette bataille fut le roi de France Louis XI qui s'empara d'une partie des états bourguignons. Elle permit aussi, et surtout, au duché de Lorraine de rester indépendant. Aujourd'hui encore, nos « irréductibles lorrains » fêtent chaque 5 janvier, devant la Croix-de-Bourgogne, cet anniversaire.
Quelles furent les conséquences de cette bataille ? Louis XI avait signé en 1475 à Picquigny une trêve avec le roi d'Angleterre Édouard IV. Celui-ci, privé du soutien du duc de Bourgogne, se verra contraint de renoncer définitivement à ses ambitions en France.
Dès l'annonce et la confirmation de la mort de Charles le Téméraire, Louis XI s'empare d'une partie des états bourguignons : duché et comté de Bourgogne, Picardie, Artois et Flandre, au détriment de Marie de Bourgogne, la fille du Téméraire. Celle-ci en appelle à son fiancé, Maximilien de Habsbourg, le fils de l’empereur Frédéric III, et récupérera en 1482 la Flandre, l'Artois et la Franche-Comté. Commencent alors plusieurs siècles de luttes entre les rois de France et les Habsbourg. Le fils de Maximilien de Habsbourg et de Marie de Bourgogne, Philippe le Beau, épousera l'héritière de l'Espagne, et sera le père de Charles Quint. Pendant deux siècles, le royaume de France sera entouré de possessions espagnoles : le long des Pyrénées au sud, la Franche-Comté à l'est et les Pays-Bas espagnols au nord. Et la Lorraine demeura, entre royaume des lys et empire, un état indépendant jusqu'en 1766.
[reportage et clichés : H&PB / source historique : Wikipédia]