« Je fus au séminaire d’une tristesse qui, à 16 ans, a bien peu d’exemples. » Le célèbre aveu de Charles Maurice de Talleyrand-Périgord, revenant sur les années où sa famille le contraignit à entrer dans les ordres, prend une résonnance particulière à la lecture des milliers de lettres retrouvées dans les archives du légat du pape Pie VII, le cardinal Caprara, envoyé en France sous le Consulat pour y négocier la « réconciliation » des prêtres mariés pendant la Révolution.
Qui étaient ces hommes, révolutionnaires convaincus ou, au contraire, victimes de la « terreur religieuse », qui à partir de 1791 choisirent de célébrer leurs noces et de renoncer à leurs voeux ? Qui étaient leurs épouses ? Comment et de quoi ont-ils vécu, une fois leur union officialisée ? Pourquoi, surtout, une fois la paix civile revenue, la majorité d’entre eux a-t-elle refusé de rentrer dans le sein de l’Église ?
L'auteur, fin connaisseur de cette période, dresse une analyse psychologique, politique et sociale saisissante, sur l’un des phénomènes les plus méconnus de l’histoire culturelle de la Révolution française.
Xavier Maréchaux présente de nombreux cas de prêtres du Grand Est qui se sont mariés durant cette période troublée. Il est l'auteur d'un mémoire de maîtrise sur la déchristianisation dans le nord-est et propose, dans cet ouvrage, une synthèse de sa thèse de doctorat sur les prêtres mariés sous la Révolution.
Ni réquisitoire, ni plaidoyer, l'étude cherche à expliquer les causes et les conséquences de ce choix de vie effectué par plus de 10 % du clergé séculier de 1789. Un chiffre qui interroge notamment sur la réalité de la foi et de la formation de ces clercs en cette fin du XVIIIe siècle.
‡ Noces révolutionnaires. Le mariage des prêtres en France, 1789-1815, Xavier Maréchaux, éditions Vendémiaire, 2017, 189 p. (19,50 €).