Réveillée tous les matins à 7 h 03 par l’angélus, une habitante a récolté une soixantaine de signatures sur sa pétition destinée à faire décaler l’heure de l'angélus. Mais le maire ne l’entend pas de cette oreille...
Originaire de cette commune, elle est revenue y vivre il y a maintenant trois mois. Et elle assure vivre un "enfer". « Quand sonne l’angélus, à 7 h, midi et 19 h, j’ai 62 décibels chez moi. Les autres sonneries, les sonneries civiles, toutes les heures ou les demi-heures, on ne les entend pas beaucoup. Juste un ‘’ding’’… C’est surtout celle de 7 h, les week-ends, qui est très dérangeante. Quand je me suis installée ici, je me suis renseignée. La police municipale m’a dit que le week-end, les cloches ne sonnaient qu’au moment de la messe ».
Cette habitante est partie en quête d’autres témoignages et a lancé une pétition. Elle ne demande pas l’arrêt complet des cloches mais un aménagement des horaires (décaler un peu plus tard l’angélus de 7 h). Le premier édile a déjà fait connaître sa réponse. « La tradition, c’est la tradition : rien ne bougera », explique Claude Hartmann. « Quand elle s’est installée, cette jeune femme a bien vu qu’il y avait une église en face, non ? C’est ce que j’appelle la jurisprudence de l’aéroport. Vous achetez une maison, on vous met un aéroport à côté, vous pouvez demander une indemnisation. S’il existait déjà, non ».
Le maire assure qu’il a habité pendant 25 ans « rue Anatole-France, en face de certains pétitionnaires. Je peux vous dire que je n’ai jamais été dérangé. Les sonneries d’une église rythment la vie d’une commune. Et la principale nuisance de Champigneulles est ailleurs : c’est l’A31 ! ».
Une contre-pétition, intitulée « Touche pas à mes cloches ! », a été lancée par Séverin Lamotte, conseiller municipal. Elle a déjà recueilli plus de 500 signatures. « Cette habitante essaie de faire aménager le rythme des cloches pour un confort personnel. Nous, nous voulons sauvegarder le patrimoine et la culture des cloches. L’objectif de notre pétition est de recueillir mille signatures avant de la déposer en mairie ».
De son côté, la réclamante insiste : « je ne veux pas la suppression de cloches mais un aménagement, au moins pour le week-end ou le dimanche matin. Je ne pense pas que cela changerait grand-chose à la vie des gens, non ? »…
[d’après ER]
Notre avis :
Entre nous, nous avons là un bel exemple de « déculturation religieuse » : la vie religieuse – et chrétienne - est rythmée depuis des siècles par les sonneries cultuelles des cloches (angélus, offices…) en plus des sonneries civiles (tocsin, heures). Or, la déchristianisation et la sécularisation - qui sévissent durement en France depuis la Révolution - contribuent à déconnecter totalement les habitants de nos villes et villages de ces traditions multiséculaires qui étaient encore, jusqu’à fort peu, vécues naturellement.
A Bleurville, l’angélus du matin sonne à 6h45 et personne ne s’en plaint. Pour l’instant. Pour la petite histoire, les curés de la paroisse - dont le presbytère était situé au pied du clocher - les ont entendues pendant des lustres sans jamais s'en plaindre ! Ce qui nous manque le plus désormais, ce sont bien les sonneries en volée des messes dominicales qui se font entendre de plus en plus rarement par manque de prêtres... Et pour ce genre de problème, pétitionner ne réglera pas grand'chose !... Par contre, les cloches sont bien une invitation à la prière et, là, nous en avons cruellement besoin pour les temps que nous vivons.