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crucifix

  • Bleurville : découverte d'un crucifix contre-révolutionnaire de la fin du 18ème siècle

    Nos vieilles maisons réservent parfois de bien belles surprises. Surtout lorsqu’elles nous replongent dans l’histoire du village d’il y a quelque 220 ans…

    croix bleurville.jpgIl était une fois une vieille maison sur la place du Prince… C’est ainsi que débute cette étonnant découverte que firent les descendants des propriétaires de cette ferme du centre du village. Voici quelques années, à la faveur d’un grand nettoyage entrepris dans la vieille demeure, quelle ne fut pas la surprise des propriétaires de découvrir, caché dans le fond d’un placard sombre, un crucifix en bois. De tels objets de culte, me direz-vous, on en trouvait jadis en nombre dans toutes les maisons. Mais celui-ci à quelque chose de particulier.

    Après un examen minutieux, il s’avère que ce crucifix haut d’une cinquantaine de centimètres, est réalisé tout en bois, croix et Christ compris. Il s’agit d’une œuvre artisanale unique, mais avec une belle recherche artistique notamment dans la représentation sculptée de l’anatomie du Crucifié. Notre sculpteur a également donné une tonalité politique à son objet de dévotion : trois fleurs de lys - symbole de la royauté - étaient fichées aux extrémités du patibulum (la barre transversale de la croix) et au-dessus du titulus (panneau où était mentionnée l’inscription « Jésus le Nazaréen, roi des Juifs » imposée par Pilate), la seule subsistant aujourd’hui.

    Quand a été fabriqué ce crucifix sur pied ? « Il semblerait qu’il faille y voir une réalisation de l’époque révolutionnaire et, plus précisément, des années 1792 à 1794, époque où sévissait en France – et dans nos villages vosgiens – la Terreur, triste période durant laquelle ses nervis sans-culottes menaient une politique violente de déchristianisation », précise Alain Beaugrand, président des Amis de Saint-Maur qui effectue des recherches sur l’histoire de Bleurville. Au village, le curé François Ricard, prêtre insermenté qui avait refusé la Constitution civile du clergé, et l’abbé Sulpice Roussel, son remplaçant à partir de 1791, prêtre jureur, avaient été chassés de la paroisse. Grâce aux archives, nous savons que des prêtres (notamment le capucin Eugène Fourcault, né au moulin de la Voivre, un écart de Bleurville, qui fut obligé de quitter son couvent de Bar-le-Duc), au péril de leur vie, continuaient à distribuer les sacrements aux croyants restés fidèles à l’Eglise de Rome. Certains ecclésiastiques célébraient même clandestinement la messe dans des caves chez des particuliers du village. Ce crucifix a pu servir à orner l’autel de fortune aménagé à cette occasion ou, encore, à quelques fidèles qui priaient dans la clandestinité durant cette sombre période…

    Les propriétaires de cet objet de grande valeur historique pour la mémoire de notre village en ont fait don à l’association des Amis de Saint-Maur. Il viendra enrichir les collections du musée de la Piété populaire de l’abbaye Saint-Maur.

    [cliché : ©H&PB]

  • Neuvilly-en-Argonne (55) : retour du crucifix « emprunté » par un Sammy en 1918

    La petite-fille d’un infirmier US du Kansas a rendu à la commune de Neuvilly-en-Argonne, dans le nord meusien, un Christ en croix du XVIIe siècle que son grand-père avait emporté en souvenir en 1918.

    patricia-carson-et-le-maire-alain-jeannesson-dans-l-eglise-de-neuvilly.jpgDevant le micro placé au chœur de l’église de Neuvilly-en-Argonne, elle réprime tant bien que mal les sanglots qui l’empêchent de parler. Venue spécialement de son Kansas natal avec son mari George et sa fille Brigitte, Patricia Carson a accompli ce 22 juin un geste fort. En effet, fin octobre 1918 son grand-père, Alfred Hayes, infirmier au 110e RI américain, quitte l’église de Neuvilly en emportant en souvenir un crucifix. Le lieu servait d’infirmerie et a vu passer des centaines de blessés touchés au cours de l’offensive de Meuse-Argonne. Le régiment qui compte 2075 hommes doit être en place pour 24 septembre 1918. « Votre grand-père est arrivé dans cette église le 19 ou le 20 septembre et il participe à l’installation d’un centre sanitaire », déclare Alain Jeannesson, le maire de la commune. « Ici, il s’occupera de très nombreux blessés ». Le village est complètement détruit ou presque et « l’église est dans un état pitoyable, mais c’est l’une des premières églises du front de Meuse à être rendue au culte ». Et 95 ans « plus tard presque jour pour jour, notre église retrouve son crucifix grâce à vous Madame Carson. Votre geste est un hommage à votre grand-père, l’infirmier Alfred Hayes, mais aussi à tous les jeunes soldats américains qui sont venus défendre des valeurs sur une terre qui n’était pas la leur, comme le font encore aujourd’hui des militaires américains et français, parfois côte à côte, sur des théâtres d’opération bien loin de chez eux ».

    Le crucifix en argent, datant probablement du XVIIe siècle, est mis en valeur sur le maître-autel. « Le crucifix était toujours chez ma grand-mère, à la place d’honneur ». « Merci d’avoir prêté ce crucifix même si vous ne saviez pas que vous l’aviez prêté ! » Patricia Carson n’a pas connu son grand-père puisqu’il est mort en 1942 lorsque sa mère avait 7 ans, mais l’objet faisait partie de sa vie. À sa mort, c’est à Patricia Carson qu’il fut confié.  

    [d’après ER]