Défaite de Sedan, siège meurtrier de Paris, guerre civile, perte de l’Alsace et d’une partie de la Lorraine : le conflit de 1870-1871, l’« Année terrible » de Victor Hugo, fut un véritable traumatisme pour toute une génération d’hommes politiques. Au premier chef, les 107 parlementaires, parmi lesquels Hugo, Gambetta, Clemenceau, Carnot, Schoelcher - sans oublier les représentants des territoires de l'est de la France tombés dans l'oubli aujourd'hui -, favorables à une guerre à outrance pour la défense d’une République une et indivisible, qui refusèrent le 1er mars 1871 de voter l’amputation d’une partie du territoire français. La plupart d’entre eux poursuivit une carrière politique en France, ou bien au sein du Reich pour les représentants de l’Alsace-Lorraine annexée. Tous avaient nourri le même désir de revanche contre l’Allemagne. Une aspiration qui trouvera son aboutissement dans la déclaration de guerre de 1914.
L’itinéraire de ces protestataires nous éclaire sur les événements politiques et militaires du premier XXe siècle. Où l’on voit que les questions d’organisation européenne et le combat pour la suprématie sur le continent étaient déjà des questions majeures il y a cent cinquante ans – même si nul n’envisageait, alors, de les régler pacifiquement...
‡ La France mutilée. 1871-1918, la question de l'Alsace-Lorraine, Fabien Conord, éditions Vendémiaire, 2017, 281 p. (22 €).