La messe dominicale avait un petit goût bien particulier au couvent des Sœurs de la Providence de Portieux. Au milieu d’une assemblée inhabituellement nombreuse, se discernait une douzaine de nouvelles têtes, à la chevelure noir d’encre. Une centaine de religieuses des communautés limitrophes étaient en effet réunies pour accueillir les sœurs vietnamiennes arrivées tout récemment.
Agées entre 23 et 29 ans, ces jeunes nonnes s’apprêtent à passer au moins une année au couvent de la Providence de Portieux, une communauté religieuse fondée par le prêtre messin Jean-Martin Moyë au XVIIIe siècle.
« C’est une grande aventure pour elles, confie Sœur Annick, chargée de la formation à la congrégation. Même si elles se sont préparées avant, elles ont tout à découvrir. » Ces douze Vietnamiennes, originaires essentiellement du centre et du sud du pays, ont en effet passé quatre mois en immersion dans des villages de la région des hauts plateaux du Kontum. En équipe de deux, elles se sont ainsi frottées à des habitants d’ethnies minoritaires ne parlant pas forcément leur langue et à la culture différente « On a pu voir comment elles se comportaient, et on a pu les aider à réfléchir. »
Les nouvelles résidentes du couvent vont suivre des cours de français, en plus de leur indispensable apprentissage religieux qui leur permettra de découvrir la vie d’une missionnaire. Pour cela, elles pourront compter sur les sœurs de Portieux qui, par un système de jumelage, suivront leurs parcours. Des sœurs qui sont visiblement heureuses d’accueillir dans leurs rangs de nouvelles têtes et un peu de sang neuf, respectueuses en cela de leur vocation d’ouverture vers l’extérieur.
Après leur formation, ces sœurs seront envoyées quelque part dans le monde, vraisemblablement dans un pays francophone, selon leurs profils. Avec comme mission principale « d’écouter la culture des autres pour faire comprendre et annoncer le message de l’Evangile ».
Cette expérience en appelle de prochaines, puisqu’il n’est pas incertain qu’à l’avenir la même opération soit menée avec des sœurs sud-américaines ou cambodgiennes.
Hasard du calendrier, ce dimanche d’arrivée coïncidait avec celui de la dernière messe célébrée à l’abbaye cistercienne d’Ubexy, où la douzaine de sœurs s’apprête à partir pour le Val-d’Igny, dans la Marne. Un office en guise d’adieu qui sonnait du coup aussi comme un passage de flambeau grâce à la présence de ces jeunes sœurs de la Providence. Les voies du Seigneur sont impénétrables…
[d’après Vosges Matin]