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méditerranée

  • Vioménil (88) : d'un filet d'eau naît la Saône

    C’est en toute discrétion qu’apparaît l’émergence de la Saône dans le charmant village vosgien de Vioménil, dans le canton de Darney. L’eau de cette source au débit modeste parcourra 480 km avant de se jeter dans le Rhône. Et de rejoindre la Méditerranée...

    Difficile d’imaginer que le petit filet d’eau qui s’écoule d’une rigole pierreuse avant de serpenter jusqu’à un ancien égayoir à chevaux, devenu par la suite un lavoir, deviendra ensuite le neuvième plus long cours d’eau de France !

    C’est au pied de la falaise des monts Faucilles et à 402 mètres d’altitude, en aval du centre de Vioménil, village de 160 âmes à la sérénité authentique, que surgissent les premiers signes visibles de la Saône. La rivière y prend son élan avant de traverser Darney, Attigny, Monthureux-sur-Saône, Châtillon-sur-Saône et parfaire sa croissance en parcourant la Haute-Saône. Après avoir sillonné cinq départements, ses eaux se marient à celles du Rhône à La Mulatière, non loin de Lyon.

    La Saône doit son nom à la tribu celte des Sequanes et à la déesse Souconna ou Sauc-Onna. Les moines copistes l’ont progressivement renommée "Saoconna", d’où elle tire son nom de "Saône". Elle traverse les départements des Vosges puis de Haute-Saône, de Côte-d’Or, de Saône-et-Loire et enfin du Rhône.

    La Saône possède onze affluents et représente un bassin fluvial de 29 950 km² avec un débit moyen de 410 m³/s largement exploité avec l’implantation de barrages modernes. La rivière n’est navigable qu’à partir de Corre mais les bateaux à grand gabarit ne peuvent remonter au-delà de Saint-Jean-de-Losne. La Saône est largement équipée de ports de commerce où les marchandises variées sont transportées par d’immenses péniches ou encore des navires fluvio-maritimes assurant ainsi l’échange de plusieurs millions de tonnes de marchandises.

    Mais ceci est une autre histoire et revenons à Vioménil, là où tout démarre. Toute l’année, mais majoritairement en été, un flux régulier de touristes français et étrangers visite cette source bien entretenue par la commune.

    A l’avenir, afin retenir un peu plus longuement les groupes de marcheurs, de cyclistes ou de cavaliers sur le territoire, la mairie envisage la construction d’un abri digne de ce nom à proximité de la source. Les promeneurs auront ainsi le loisir de partir à la découverte des richesses géographiques et historiques du village et du secteur. En effet, des personnages célèbres comme les mousquetaires de la famille Du Houx ou, plus proche de nous, l’écrivain Hervé Bazin, sont nés ou ont résidé à Vioménil. Par ailleurs, de récentes explorations menées par l’association Escles-Archéologie ont mis au jour un site gallo-romain important au pied de la source. « Un sondage du sol devrait être prochainement mené afin d’en déterminer son ampleur », indique le maire qui voit là un vrai potentiel historique et touristique pour cette source de la Saône.

    [d'après Vosges Matin]

  • La Saône, de Vioménil à Lyon

    En plein milieu de Vioménil, dans les Vosges, surgit la source de la Saône. Un faible débit d’eau s’engage alors vers un long périple de quelque 480 km avant de se jeter dans le Rhône. Une naissance bucolique et en toute discrétion.

    saone.jpgLe calme et la sérénité prédominent dans la petite commune de Vioménil, bien loin du tapage urbain. Sur la petite place de la mairie apparaît une plaque qui rappelle le passage durant deux ans à l’école du village du célèbre écrivain Hervé Bazin. A 50 m en aval, surgit la ruisselante célébrité locale au pied des Monts Faucilles. Quelques touristes, français et étrangers, visitent ainsi la source de la Saône et le village, par la même occasion. Des gîtes sont là pour permettre à ceux qui veulent approfondir leur visite de séjourner une ou deux nuits supplémentaires.

    lorraine,vosges,saône,darney,monthureuxn,chatllon sur saone,gras,ourche,doubs,lyon,méditerranée,monts faucilles,hervé bazinCar l’émergence de la Saône à Vioménil s’associe à un ensemble géologique et patrimonial sur une zone de partage des eaux spécifique à l’endroit. Un kilomètre plus loin, au beau milieu de la forêt de la Vôge, une seconde source apporte son obole à la curiosité géographique. Le Madon prend donc son départ en direction de la Meurthe, qui se jettera plus tard dans le Rhin. La ligne de partage des eaux entre Méditerranée et Mer du Nord apparaît en plein jour avec deux sources presque côte à côte. Un constat stupéfiant en pleine nature qui mérite bien un petit détour. Durant son périple vosgien de 40 km, elle est grossie de ses premiers affluents, l'Ourche et le Gras, traverse les bourgs de Darney et Monthureux, passe sous le charmant pont en dos d'âne d'Attigny, salue de loin Bleurville campé devant ses forêts, fait un clin d'œil au monastère de Godoncourt et au couvent des Cordeliers des Thons, puis, avant de répondre à l'appel du sud, prend congés de la Lorraine à Châtillon... sur Saône !

    lorraine,vosges,saône,darney,monthureuxn,chatllon sur saone,gras,ourche,doubs,lyon,méditerranée,monts faucilles,hervé bazinDes roulottes en location à Fontenoy-le-Château, des vaillants marcheurs, des cyclistes n’hésitent pas à faire le déplacement en s’oxygénant à plein poumon. Les petits ruisseaux font les grandes rivières, le dicton s’adapte parfaitement à l’histoire de la Saône. La richesse géographique et historique qu’inspire cette rivière est immense. « Les trois mousquetaires de la famille Du Houx, de Vioménil, ont connu bien des heures de gloire à la fin du XVIIIe siècle dans le corps expéditionnaire français envoyé de l’autre côté de l’Atlantique pour aider les Américains à conquérir leur liberté » , racontait récemment l’historien local André Poirot, démontrant ainsi que des personnages célèbres ont habité près de la source. Navigable à partir de Corre, la rivière devient ensuite la « grande Saône » après l’apport du confluent du Doubs dont le débit est légèrement supérieur. La Saône termine ainsi son périple dans le Rhône, à la Mulatière, commune limitrophe de Lyon.

    [d'après Vosges Matin]

  • Vers une liaison Saône-Moselle ?

    Véritable serpent de mer, la liaison entre la Méditerranée et la Mer du Nord refait surface avec le projet de jonction de la Saône et de la Moselle. Pédagogie et débats autour d'un projet structurant titanesque.

     

    Saone-Moselle.jpgUn canal d'une longueur de 200 à 250 kilomètres entre Neuves-Maisons (Meurthe-et-Moselle, Lorraine) et Saint-Jean-de-Losne (Côté d'or, Bourgogne) afin de relier la Saône et la Moselle. Le tout pour la rondelette somme de 10 milliards d'euros. Un projet titanesque traversant le département des Vosges du nord au sud via les environs de Neufchâteau et de Contrexéville. Plein de démesure. Une idée folle ?

     

    Pas tout-à-fait. La construction d'une telle voie fluviale permettrait de mettre en connexion, par l'intérieur des terres, la Méditerranée et la Mer du Nord. Un projet tant rêvé depuis l’Antiquité, et qui resurgit dans les songes de nombreux décideurs politiques, entrepreneurs actifs et simples citoyens de Lorraine, de Bourgogne et de Franche-Comté, les trois régions principalement et directement concernées.

     

    Les objectifs poursuivis sont clairs : œuvrer pour le développement durable en favorisant le transport fluvial dont le coût environnemental est extrêmement faible, désengorger les autoroutes du nord-est des innombrables camions qui les empruntent, et stimuler les économies sinistrées de ces grandes provinces françaises.

     

    À présent, la mission est de faire de ce doux rêve une concrète réalité. Des études ont ainsi, d'ores et déjà, été menées, autant sur les plans socio-économique que technique. D'autres sont en cours. Quatre couloirs de passage ont été retenus pour accueillir la liaison fluviale, dans une bande d'une quarantaine de kilomètres.

     

    Une bande qui englobe la circonscription de Jean-Jacques Gaultier, député et conseiller général des Vosges. Vigilant sur le suivi du dossier, il rappelle : "La poursuite des études est nécessaire. Elles sont faites pour préparer le débat public prévu en 2012 par la loi Grenelle 1, loi votée à la quasi-unanimité."

     

    Et Patrick Hatzig, vice-président au Conseil régional de Lorraine délégué aux infrastructures et aux transports, soutien de la première du projet, de poursuivre : "Il faut mener les études comparatives pour créer les conditions démocratiques du débat. C'est ce que le Président de la République a réaffirmé lors de son déplacement en Moselle. Et la question sera tranchée en connaissance de cause en 2012."

     

    canal.jpgPourtant, à peine imaginé, loin d'être creusé, le canal Saône-Moselle soulève déjà bien des polémiques, notamment du côté des Verts qui se verraient bien, à l'instar de leur enterrement en règle du canal Rhin-Rhône en 1997 avec l'arrivée de la gauche plurielle au Palais Bourbon et de Lionel Jospin à Matignon, en fossoyeur du projet. "La liaison Saône-Moselle est une fausse bonne solution. Elle va nécessiter une énorme quantité d'eau car elle suppose de nombreuses écluses. Elle va dénaturer les paysages et détruire les éco-systèmes, sans parler de la disparition des terres agricoles", accuse Jean-François Fleck, conseiller régional (Verts), détracteur de la première heure du "canal de l'absurde". L'écologiste poursuit son argumentaire à charge : "Je ferais un parallèle avec la RN66. Quand on regarde une carte, il n'y a que quelques kilomètres pour faire la jonction. Mais, sur le terrain, le contournement qu'il nécessite en fait un projet absurde, coûteux et destructeur."

     

    Un raisonnement contesté par Patrick Hatzig, lui qui voit dans le canal l'opportunité de faire de la Lorraine un "carrefour, un lieu de transit des marchandises". "Le canal n'ira pas à fond de vallée, il sera à flanc de coteaux. Il ne remplacera donc pas les cours d'eau, répond-il, alors il n'y aura aucun problème pour l'environnement et la biodiversité." Autant dire que les discussions politiques sont lancées et animées. Avant l'heure.

     

    Car le débat public - "officiel" - se tiendra bien en 2012. Et, sans doute, les premiers coups de pelle dans les sols de la vallée vosgienne ne viendront pas avant l'horizon 2025. D'ici là, bien de l'eau aura eu le temps de couler sous les ponts de la Moselle et de la Saône. Un long temps de suivi, au fil de l'eau, d'un projet dont la polémique qu'il suscite n'a de mesure que le gigantisme qu'il abrite.

     

    Tanguera-t-il devant les obstacles dans la mer agitée d'une nature fragile et capricieuse ? Chavirera-t-il dans la tempête soulevée par des écologistes qui ont le vent en poupe ? Sur le pont, barre en main, les capitaines du navire "Sâone-Moselle" entendent bien être les premiers hommes à mener une embarcation de la Méditerranée à la Mer du Nord. Par les terres, sans escale.

     

    [Vosges Matin |16.11.09]