Un film, diffusé sur France 3 ce samedi 4 avril, fait l'autopsie de cette rumeur de plus de 30 ans qui a marqué les esprits des Vosgiens.
Le mythe du loup a fait recette depuis des millénaires, faisant surgir à chaque apparition de la bête, les mêmes peurs ancestrales de l'inconnu, de l'irrationnel.
Au printemps 1977, les Vosges et même la France n'ont pas échappé au phénomène quand la « Bête des Vosges » a fait parler d'elle. Moutons, génisses et taurillons ont succombé sous ses crocs. Le nombre impressionnant de ses victimes a mis toute une région en émoi avant que le pays tout entier ne frémisse à son tour devant l'intelligence de l'animal qui savait déjouer tous les pièges. Malgré la mobilisation de l’armée, des forestiers et des lieutenants de louveterie…
Certains ont « vu » la bête, la définissant entre chien et loup mais de toutes façons « énorme », d'autres ont essayé de l'abattre, d'autres ont réussi quelques clichés flous qui ont fait le choc dans les hebdomadaires. Puis soudain, tout s'est arrêté, plus de traces relevées par les forestiers, plus de troupeau décimé, plus de promeneurs apeurés.
Le film mêle des images d'archives, des extraits de la presse locale et nationale qui avait trouvé là la meilleure des matières par ses rebondissements, l'implication des hommes et des autorités, et des images d'aujourd'hui, toutes tournées entre... « chien et loup », avec brouillard et arbres décharnés. Le réalisateur a aussi pris l'avis de spécialistes, comme ce vétérinaire qui penche pour la version « chien », retrouvé les témoins de l'époque ou encore les journalistes qui avaient couvert l'événement.
Au delà du faits divers, le réalisateur a mis le doigt sur les dérives qui accompagnent les peurs populaires. Un allemand propriétaire d'un grand domaine dans la région de Rambervillers, d'où il avait exclu les chasseurs, en a fait les frais.
Comme pour celle du Gévaudan, on n'en sait pas plus sur la « Bête des Vosges » après cinquante minutes de film. L'animal a gardé tout son mystère. On est certain de sa férocité, de son intelligence presque humaine, ce qui a alimenté la rumeur d'une bête « télécommandée ». On finirait presque par douter de son existence réelle, comme si le temps en avait fait une chimère, une histoire que l'on raconte pour faire peur aux enfants...
[d’après l’Est Républicain | 02.04.09]