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froville

  • Des tailleurs de pierre vosgiens en Amérique

  • Froville (54) : de la Lorraine à New York

    A l’origine du désormais célèbre Festival de musique sacrée et baroque qui chaque année accueille dans ce village meurthe-et-mosellan de 120 habitants, des pointures du monde entier, l’Association des Amis du patrimoine de Froville fête cette année ses 20 ans.

    Pour marquer d’une pierre blanche cet anniversaire, elle a choisi de réserver une aventure unique à cinq jeunes actuellement en brevet professionnel tailleur de pierre sur monuments historiques au lycée Camille-Claudel de Remiremont. Récemment, dans le cadre d’un partenariat avec le musée des cloîtres de New York qui abrite trois fenêtres à ogives du cloître de Froville, datant du XVe siècle, les jeunes gens vont s’envoler pour une semaine aux Etats-Unis. Avec leur professeur de taille de pierre Nicolas Lemé. Ils participeront à la Journée internationale de la sculpture de New York. Ils seront accueillis au Compleat Sculptor, à Manhattan, où durant les deux journées suivantes ils travailleront à la reproduction (au tiers de leur dimension) des trois fenêtres à ogives de Froville, « afin de montrer aux visiteurs leur savoir-faire, et comment ces fenêtres ont pu être taillées en leur temps ». Leur réalisation sera ensuite exposée au musée des cloîtres de New York.

    L’expérience est exceptionnelle pour les cinq élèves tailleurs de pierre des Vosges. Désigner les heureux élus s’est avéré cornélien : « Nous avons opté pour un choix réalisé par les enseignants de toutes les matières et pris en compte l’investissement des élèves dans nos différents projets », explique Nicolas Lemé.

    Pour l’Association des Amis du patrimoine de Froville, l’espoir, au travers de cette aventure rare, est de « redynamiser » un autre projet qui lui tient très à cœur : « Faire de Froville un site de chantier école pour des jeunes en formation en métiers d’art ». Ce chantier école consisterait en la restauration d’une aile du cloître de Froville : « Un cloître, ce serait juste magique et grandiose pour nous », reconnaît Nicolas Lemé.

    En attendant, cap sur New York. Un autre enseignant est du voyage : Nicolas Thomas, professeur d’histoire au lycée Malraux de Remiremont, grand amateur de patrimoine et bénévole au sein de l’Association des Amis du Patrimoine de Froville. Sa mission sera « d’enquêter » pour tenter d’en savoir un peu plus, peut-être, sur quatre autres fenêtres à ogives du cloître de Froville dont on ignore ce qu’elles sont devenues. Ont-elles été détruites ? Ont-elles été revendues ?

    Froville constitue un site unique en Lorraine : avec son église, édifiée au XIe siècle par les moines de l’ordre de Cluny, une des plus ancienne église romane de Lorraine avec l'abbatiale bénédictine de Bleurville, dans les Vosges - monastères dont les histoires sont étroitement liées d'ailleurs. Et son cloître datant du XVe siècle.

    Découvrir le cloître de Froville, c’est découvrir l’histoire de ses fenêtres à triple ogive achetées par George Blumenthal, un richissime banquier américain, en 1922. A l’époque, ce collectionneur, mécène important de l’art français, qui possède de nombreuses autres pièces architecturales acquises à travers l’Europe, installe les fenêtres de Froville dans sa propriété parisienne. Elles relient son manoir à ce qu’il appelle sa salle de musique. Il possède aussi une fondation qui a longtemps soutenu les jeunes artistes français. En 1930, à la mort de son épouse Florence, ses biens partent pour New York. Une partie des fenêtres du cloître de Froville sont exposées au musée des cloîtres qui ouvre en 1938. On ignore ce que sont devenues les autres.