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caravage

  • L'Automne de la Renaissance d'Arcimboldo à Caravage

    renaissance.jpgLe Musée des Beaux-Arts de Nancy présente jusqu'au 4 oût prochain une exposition exceptionnelle sur une époque charnière fondamentale dans la construction de l'imaginaire européen. Et lorrain.

    L'Automne de la Renaissance d'Arcimboldo à Caravage rassemble environ cent cinquante chefs-d'oeuvre, prêtés par les grands musées européens ou empruntés à de prestigieuses collections privées.

    Cette rétrospective unique traite de la période 1570-1610 et invite le visiteur à pénétrer dans les grandes cours princières de l'époque, dont celle de Lorraine, et à découvrir leur raffinement extrême.

    L'exposition met en lumière le grand mouvement européen du maniérisme tardif, marqué par la sophistication, l'érotisme, la spiritualité mais aussi par un goût pour la merveille et la curiosité et une observation aiguë de la nature.

    Des artistes majeurs de la scène européenne et lorraine sont présents au sein de cette exposition, comme Giuseppe Arcimboldo, Bartholomäus Spranger, Pierre Paul Rubens, Annibal Carrache, Baroche, Greco, Hans von Aachen, Caravage ou encore Jacques Bellange et Jacques Callot.

    Nancy, au coeur de l'Europe, bénéficie de ce foisonnement artistique et culturel grâce à l'écho particulier qu'en donne la cour de Lorraine, alors en plein apogée.

     

    ‡ L'Automne de la Renaissance d'Arcimboldo à Caravage, Claire Stoullig (dir.), édition d'art Somogy, 2013, 283 p., ill. (39 €).

  • Nancy : la résurrection de "L'Annonciation" du Caravage

    Ce Caravage est un illustre inconnu, dans tous les sens du terme. « Plus de 95 % de nos visiteurs ignorent tout de son existence dans nos murs ». Un anonymat inexplicable lorsqu’on connaît la réputation aussi brillante que sulfureuse de ce génie de la peinture italienne. Le retour de « L’Annonciation » dans les murs du musée des Beaux-Arts à Nancy servira peut-être, enfin, à sa révélation.

    annonciation.jpg« En tout cas, qu’on ne me dise pas que c’est un Caravage vite fait », tempête le conservateur Claire Stoulig. Et de désigner cette lumière posée sur l’ange, la liberté des drapés, de la nuée, la grande audace qu’il y avait à l’époque à ne pas montrer le visage de Gabriel...

    « La France ne possède que cinq tableaux de ce grand maître du clair-obscur, dont trois se trouvent au Louvre. Or celui de Nancy est le seul à avoir été réclamé par Rome pour la grande exposition du printemps dernier pour les 400 ans de la mort du peintre ».

    Le désir de Rome était si pressant qu’elle a consenti à se charger de la restauration intégrale de la toile. Une superbe opération pour le musée lorrain. Car l’œuvre a souffert plus souvent qu’à son tour. D’ailleurs les dégradations ont beaucoup joué contre sa réputation, « comme si on avait des scrupules à la montrer dans cet état...». Alors qu’elle est là depuis plus de 400 ans déjà.

    En fait, « L’Annonciation » est passée directement du pinceau du peintre aux cimaises nancéiennes. Sur une commande du duc Henri II. Saisi à la Révolution, il est entré au musée des Beaux-Arts tout juste naissant. Dans la discrétion la plus complète.

    « D’emblée un mystère », remarque Claire Stoulig. « On ignore la date exacte de sa réalisation, probablement autour de 1608, on n’a de témoignage de sa présence que cinquante ans plus tard. Et dans un premier temps, on l’a attribué... à Michel-Ange ». Puis à Guido Reni ! Ce n’est qu’en 1952 qu’il a été authentifié comme étant du pinceau du Caravage.

    Presque 60 ans plus tard, on fait de son retour, après restauration, enfin un événement à la mesure du chef-d'œuvre. La restauration s’est essentiellement concentrée sur un nettoyage d’une extrême minutie. Pour faire toute la lumière sur ce cas d’espèce.

    La révélation 2010, c’est la flagrance du vert des rideaux, du rouge de l’édredon quand on ne voyait autrefois qu’obscurité. La main de l’ange apparaît qui tient le lys, la nuée sous ses pieds révèle toute sa complexité. Autant de détails mis en valeur dans un accrochage théâtralisé avec abondance d’informations, sur l’œuvre et les diverses techniques de restauration. Une pièce entière lui est consacrée. L’Annonciation trône, enfin. Plus claire qu’obscure !

     

    >> L'exposition-dossier autour du tableau L'Annonciation est visible au Musée des Beaux-Arts de Nancy jusqu'au 3 janvier 2011.

  • Nancy : le musée des Beaux-Arts prête son Caravage à Rome

    On le sait peut, mais le musée des Beaux-Arts de Nancy possède un chef-d'œuvre du Caravage, réclamé à cor et à cris par Rome pour une exceptionnelle exposition.

     

    musée nancy.jpgMais que désigne donc ce doigt ? C'est là une énigme soulevée par une conservatrice audacieuse et un rien malicieuse. « Certes, on a affaire à une Annonciation, mais le doigt de l'Archange Gabriel ne désigne pas vraiment Marie. Il semble plutôt indiquer... le lit défait, à l'arrière. Sans parler de la mine un peu contrite de la Vierge. » De là à lire la scène comme une mise en accusation plus qu'une annonciation... voilà une conclusion pas tout à fait catholique, à laquelle Claire Stoullig ne s'aventurera qu'à demi-mots. Mais quoi ? La réputation sulfureuse de Michelangelo Caravaggio peut supporter pareille interprétation ! L'Annonciation, donc. Un chef-d'œuvre, si ce n'est « le » chef-d'œuvre des collections du musée des Beaux-Arts. Pourtant parfaitement ignoré par la plupart des Lorrains...

     

    Commandé vers 1608 par Henri II, duc de Lorraine, il a été spécifiquement réalisé pour Nancy, accroché dans un premier temps au-dessus du maître-autel de la primatiale. En 1793, saisi par les révolutionnaires, il est entré dans ce qui constituera bientôt le tout premier fond du musée. Bref, le Caravage est là depuis l'origine. Et maintenant qu'on le sait, il va falloir s'en priver...

     

    musée beaux arts.jpgCar le tableau de maître est réclamé à Rome. Les « Scuderie del Quirinale » veulent absolument l'inscrire à leur exposition phare, de mi-février à mi-juin, à l'occasion des 400 ans de la mort du peintre italien. « Car cette Annonciation fait indiscutablement partie des œuvres maîtresses du Caravage », confirme Alexandra Andresen, coordinatrice de l'exposition romaine. « En particulier pour cet ange magnifique. En plus, c'est un tableau rarement vu en Italie. »

     

    Mais la conservatrice nancéienne hésitait à exposer cette œuvre déjà fragile à un tel déplacement. Rome a insisté. Et Mme Stoullig a finalement consenti à donner son visa au tableau... à une condition : que l'Italie paie la restauration ! Une véritable aubaine. Après une histoire pleine de soubresauts. « D'abord, au XIXe siècle, il avait subi une restauration regrettable, et surtout une transposition de la couche picturale d'une toile à l'autre... Le début des dommages. » Imaginons ! L'opération consiste à détacher la couche des pigments en tranchant dans l'apprêt. Risques de léser le tableau quasi assurés ! D'ailleurs, il a fallu recommencer en 1970, déjà avec l'Istituto Superiore per la Conservazione e il Restauro (ISCR). Le même institut romain qui œuvrera à la restauration, dont le musée nancéien attend énormément à présent. D'autant qu'en 1976, une panne de chauffage de trois mois avec 85 % d'hygrométrie avait généré l'apparition d'une couche de moisissure sur l'œuvre...

     

    La cause probable d'une profonde obscurité, plus profonde sans doute que le maître du clair-obscur ne l'avait initialement imaginée. Qui sait, à son retour à l'automne prochain, le fameux lit défait n'en sera peut-être que plus visible... De même que le visage de ce Gabriel aux ailes noires. « Et à la fascinante anatomie », note Claire Stoullig. « Avez-vous remarqué que son omoplate est... totalement plate ? » Bref, ce Caravage lorrain a tout à gagner à passer sur le « billard ». Et surtout à subir son tout premier scanner. Mais pour ça, décrochage, emballage et voyage ont fait l'objet des précautions les plus minutieuses. Cette semaine, une demi-douzaine d'hommes d’une société spécialisée n'étaient pas de trop pour déposer le chef-d'œuvre dans un « sarcophage » réalisé sur mesure, anti-choc et isotherme. De surcroît, l'équipe italienne a collé un petit accéléromètre au dos du châssis. Sorte de boîte noire, il enregistrera la moindre donnée concernant les sauts de températures et vibrations. De sorte que l'ange s'envole... comme sur un nuage !

    Lysiane Ganousse

    [L’Est Républicain | 13.11.09]