bénitiers
-
Neuviller-lès-Badonviller (54) : les bénitiers Daum sauvés par les étudiants de Sciences-Po
-
Neuviller-lès-Badonviller (54) : il faut sauver les bénitiers Daum
Ce sont des bénitiers peu communs : ils sont en pâte de verre bleue soufflée enserrée dans du fer forgé et sont surmontés d’une croix en émail. Larges de 39 centimètres et hauts de 22 centimètres, ils font 17 centimètres de profondeur. Ils sont conservés en l’église paroissiale de Neuviller-lès-Badonviller, commune proche de Lunéville. Ces deux bénitiers ont été inscrits aux Monuments historiques le 30 janvier 2013. L’un des deux bénitiers est signé « Daum Nancy ».
Ces bénitiers ont probablement été réalisés en collaboration avec l’ébéniste et décorateur Louis Majorelle (1859-1926). Ces bénitiers auraient été réalisés vers 1922 après la reconstruction de l'église détruite durant la Grande Guerre. La pâte de verre soufflée associée au fer forgé est un travail classique de Daum à cette époque. Les bénitiers sont accrochés aux murs de l’église Saint-Laurent, construite une première fois en 1616 mais qui a subi de nombreuses destructions au cours de son histoire. De nombreux dégâts ont été causés à l’édifice pendant la Première Guerre mondiale, ce qui a nécessité sa quasi-reconstruction vers 1920-1921. C’est en vue d’orner la nouvelle église qu’ont été réalisés les deux bénitiers Daum. Cependant, le compte rendu de la bénédiction de la nouvelle église, le 23 octobre 1923, paru dans La Semaine religieuse du diocèse de Nancy & de Toul ne mentionne pas la présence des bénitiers, mais seulement les nouveaux vitraux et le mobilier. La maison Daum étant fort connue dans la région, il est probable que les bénitiers n’aient pas encore été installés à ce moment-là.
L’église actuelle est inspirée du gothique avec sa tour haute et élégante, sa nef vaste et sa voûte ogivale. Elle abrite d’autres œuvres de qualité telles que le mobilier réalisé par Jules Cayette (1882-1953), les vitraux de Gsell et les cloches de Robert. Elle a fait l’objet d’autres restaurations récentes (rosace et vitraux de la tour, toiture).
Chaque bénitier est formé d’une corbeille de fer forgé plaquée au mur, aux formes très simples évoquant les ondes. Soufflée à travers les ouvertures de ce treillage de métal, une coupe de pâte de verre se gonfle en bulles irrégulières. Le dégradé des bleus plus ou moins foncés et translucides est du plus bel effet. Une croix émaillée plaquée sur le mur surmonte la coupe. La vasque Nord est signée « Daum Nancy ».
Les bénitiers présentent des altérations communes : un empoussièrement plus ou moins important, surtout localisé dans les creux, ainsi que de légères rayures. En outre, le rebord gauche de l’un des bénitiers est brisé. Ce bénitier présente également des fissures qui semblent le traverser à différents endroits. Malgré ces différentes altérations, le verre semble sain : que ce soit à l’intérieur de la vasque ou à l’extérieur, il n’est pas attaqué chimiquement. L’autre bénitier ne semble pas présenter d’altérations mécaniques ou chimiques (en tout cas sur les parois externes de la vasque). Il est en très bon état structurel. Seuls des dépôts exogènes de type calcaire semblent être à déplorer.
La maison Daum Nancy a réalisé peu d’œuvres à caractère religieux. Des réalisations de la même époque peuvent cependant être rapprochées des bénitiers de Neuviller. C’est notamment le cas du vase « verre de jade » conservé au Musée des Beaux-Arts de Nancy. Daum étudie par ailleurs avec Majorelle une série de vases et de coupes faits de verre jade soufflés dans une résille de fer forgé, après inclusion de feuilles d’or qui éclatent au soufflage final. Cette méthode rencontre très vite un grand succès. Les motifs décoratifs sont en revanche passés de mode dans les années 1920 et presque abandonnés, même si certaines œuvres en présentent toutefois encore, notamment des motifs floraux.
Des étudiants de Science-Po Nancy se sont engagés en faveur de la restauration de ces œuvres religieuses avec le soutien de l'association de la Sauvegarde de l'art français : leur objectif est désormais de trouver des mécènes afin de financer la restauration des bénitiers, ainsi que celle d'un ciboire victime de la mitraille durant la Grande Guerre.
‡ Visitez le site consacré au projet de restauration des bénitiers Daum : http://leplusgrandmuseedefrance.com/paire-de-benitiers-cristallerie-de-daum/
-
Abbaye Saint-Maur de Bleurville : faïences et bénitiers de chevet
[Vosges Matin]