Le projet d'aménagement du futur centre des congrès de Nancy sur le périmètre de l'ancien centre de tri postal se positionne à l'emplacement d'éléments du front bastionné des XVIe-XVIIe siècles protégeant le sud-ouest de la Vieille-Ville de Nancy, de constructions du XVIIIe siècle et de l'étang Saint-Jean. Depuis septembre 2010, l'Inrap intervient dans le cadre d'un suivi des travaux.
L'étang Saint-Jean, vaste pièce d'eau, attesté dès le XIIe siècle, a marqué la topographie du secteur jusqu'à son comblement lors de la construction de la ligne de chemin de fer en 1856. Les travaux s'étendent aussi sur l'emprise du bastion Saint-Thiébaut, élément fortifié faisant avant-corps sur l'enceinte construite à partir de la fin du XVIe siècle et qui défend les Ville-Vieille et Ville-Neuve de Nancy au cours du XVIIe siècle. La démolition des fortifications, imposée en 1698 par le traité de Ryswick, met un terme à la vocation militaire de cette zone, mais le tracé du bastion reste inscrit dans le parcellaire jusqu'au XXe siècle.
La démilitarisation de l'enceinte en 1698 implique le comblement du fossé défensif. Il semble que des pans entiers des élévations du bastion ont été renversés afin de constituer un mur de barrage afin de condamner l'alimentation en eau provenant de l'étang Saint-Jean. Parmi ces éléments de remblais, une imposante partie de la pointe a basculé dans l'étang.
Le parement en briques de la pointe du bastion comporte une chaîne d'angle maçonné en pierre de taille dans laquelle a été inséré un blason sculpté. Composé d'un assemblage de bloc, il figure un globe décoré de trois fleurs de lys surmonté d'une couronne et flanqué de fûts de canons, étendards, trompe et hausse-col. Ce blason aux armes du roi de France marque probablement la prise de la ville par les Français en 1633, au début de la guerre de Trente Ans.
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