Professeur d'histoire et d'archéologie médiévale à l’université de Nancy 2, Gérard Giuliato consacre un livre aux châteaux du comté de Vaudémont qui occupaient toute la Lorraine méridionale.
Gérard Giuliato travaille sur l'espace lorrain depuis 15 ans. Il s'est notamment intéressé aux systèmes défensifs et aux vestiges des systèmes fortifiés du Xe au XVIe siècle sur l'ensemble des quatre départements lorrains. Il a, par exemple, fouillé le château des Armoises, une maison forte de Richardménil dont ne subsiste qu'un tertre. Le bâtiment a été détruit en 1613 et les cinq campagnes de fouilles successives ont permis d'exhumer nombre d'objets présentés dans un livre paru aux Presses universitaires de Nancy dans la collection « Archéologie, espaces, patrimoines » dont il est le directeur.
Dans un nouvel ouvrage, l'auteur s'est penché sur les « Châteaux et villes fortes du comté de Vaudémont en Lorraine médiévale ». « J'ai voulu montrer comment une principauté médiévale s'était structurée et défendue entre l'an 1000 et la Renaissance. Le comté de Vaudémont réunit une centaine de villages regroupés autour de plusieurs pôles : les sites de Vaudémont, Vézelise, Pont-Saint-Vincent, Chaligny, Bainville-aux-Miroirs, Châtel-sur-Moselle et Deuilly (près de Lamarche, dans les Vosges).
Sur chaque site, il y avait un château et le bourg était enfermé dans des remparts de pierre. C'est une mise en défense successive sur cinq siècles. La première étape, qui correspond au XIe siècle, a concerné Vaudémont et Châtel, la suivante se situe entre 1250 et 1300 et la dernière entre 1440 et 1450. »
« On retrouve sur l'un ou l'autre des pôles des vestiges correspondant à chacune des périodes. Le site le plus lisible est celui de Châtel, Vaudémont étant le plus impressionnant avec la tour Brunehaut qu'on a pu dater scientifiquement de l'an 1000. Jusqu'au début du XIVe siècle, les engins d'attaque étaient peu dangereux. Ils procédaient par jet mécanique de pierres. A partir de 1440, l'artillerie à poudre change la donne et oblige à s'adapter. Le plus bel exemple en est Châtel, fortifié avec des capitaux bourguignons et rasé en 1670 par les armées de Louis XIV. J'ai étudié les étapes de l'histoire de ces sites en m'appuyant sur les documents du Moyen Age conservés aux archives départementales. Ma conclusion c'est qu'il ne faut pas raisonner en sites isolés, mais il y avait une vraie cohérence dans l'utilisation des différents sites par la famille comtale pour protéger son patrimoine. Chaque château était gardé par un portier et des vassaux, ainsi qu'un châtelain receveur, sorte de régisseur du domaine. Après 1350, il n'y a plus de vassaux mais on recrute des soudoyers (des mercenaires). »
Gérard Giuliato a consigné tous les éléments de cette minutieuse étude, site par site, dans son livre édité à 10.000 exemplaires et disponible en librairie au prix de 30 €. L'auteur prépare un nouvel ouvrage sur les comtes de Salm qui étaient à la tête d'un « chapelet » de forteresses.
[d’après l’Est Républicain | 13.05.09]