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  • Historiquement incorrect

    sevillia.jpgEn France, plus que jamais, le passé s'invite dans le débat d'idées, mais sur le mode polémique.

    Qu'il s'agisse de définir l'identité nationale ou de s'interroger sur la place de la religion dans l'espace public, que la controverse porte sur l'héritage de l'Occupation ou sur les séquelles de la décolonisation, qu'il soit question de la réforme des programmes d'histoire à l'école ou à la création d'une Maison de l'histoire de France, tout est matière à division (on n'est pas des Gaulois pour rien !). Mais la discussion est biaisée au départ, car les préjugés idéologiques, les tabous du moment, l'action des groupes de pression et les intérêts partisans interfèrent dans le débat.

    En dix chapitres, en voici autant de grands exemples. Qu'elle a été vraiment la part des arabes dans la transmission du savoir antique au Moyen Âge ? L'Eglise a-t-elle fait obstacle à la science ? A qui a profité la colonisation ? La Première et la Deuxième Guerre mondiale ont-elles été menées au nom des droits de l'homme ? Quel rôle l'immigration a-t-elle joué dans la construction de la France ? Quelle est la place de l'islam dans notre histoire nationale ?

    Avec la même liberté de ton et la sûreté de l'information qui avaient contribué à l'exceptionnel succès éditorial d'Historiquement correct, dont ce nouveau livre constitue le prolongement, Jean Sévillia sort ici des chemins balisés par le politiquement correct. Contre le "prêt-à-penser historique".

    Jean Sévillia, rédacteur en chef adjoint au Figaro Magazine, a notamment publié des biographies (Zita impératrice courage) et des essais (Le Terrorisme intellectuel, Moralement incorrect, Quand les catholiques étaient hors la loi).

     

    ‡ Historiquement incorrect, Jean Sévillia, éditions Fayard, 2011, 371 p. (20 €).

  • Le dernier roman du vosgien Pierre Pelot : « L’Ange étrange et Marie-McDo »

    l'ange étrange et marie-mcdo.jpgIls ne sont pas légion, et la sensation qu’ils procurent est somme toute assez rare. Le dernier Pelot est de ces bouquins-là. Vous y entrez en vous essuyant les pieds, parce que vous êtes bien élevé. Vous vous y baladez, vaguement désorienté d’abord, dans des allées bizarres, des paysages humides, des pages baroques, farcies jusqu’à la gueule de silhouettes bancales, du gentil benêt au carrément halluciné, Et au moment précis où la question vous taraude de savoir ce que vous faîtes là, où veut vous emmener le vieux pirate qui a commis la chose, le piège se referme. Vous voilà bouclé sur votre siège, une drôle de salive dans la bouche, embarqué pour un final tout en sueur et en étincelles. Un manège de dingues dont vous descendez désarticulé, les jambes et les neurones en coton. Pierre Pelot excelle dans ce genre d’exercice, L’Ange étrange et Marie-Mc Do, sa dernière bluette en date, en est un parfait exemple.

     

    Le coin d’abord. «  Un paysage taillé dans le gris et les couleurs froides, au couteau et à grands coups de brosse d’estompe, un ciel effondré jusqu’à mi-pente des montagnes sombres. » L’Office du Tourisme local doit bicher.

     

    pierre pelot.jpgViennent ensuite les protagonistes. De drôles de gaillards et d’aimables gueuses. Manuel Emmanuel et sa cohorte de sectaires allumés d’abord, puis les membres de la famille Gravier, bel exemple de fin de race patronale, rayon textile. Monsieur est défunt, reste (dans le désordre) Maman Marie-Jo, chancelante sur ses «  chevilles violacées et cylindriques, cernées de bourrelets », notre héroïne Marie, dite MacDo, qui a longtemps fait du bonheur aux hommes dans les bosquets du coin, et du coup se retrouve promue au rang de réincarnation de sainte Marie-Madeleine – d’où le zèle de ses adorateurs déjà cités. Et surtout Babar, l’aîné obèse et surdoué, qui bricole Madame Wells dans la chapelle du château. Entendez qu’il s’escrime à mettre au point, à partir d’une dameuse mécanique, une machine à remonter le temps, avec «  carapace couverte de mille dards, pointes et protubérances de toutes sortes ». Ce dans un foutoir mécanique indescriptible, sinon par l’auteur.

     

    Ajoutez à tout cela un ange étrange bien sûr, mais aussi des rumeurs, des remords, des haines et de terribles secrets d’enfance. Des friches noires, des flots de vengeance rouge sang. Pelot puise dans ses Vosges natales des histoires sauvages, des contes de la folie extraordinaire. Il y met toute la science d’une écriture arrivée à pleine maturité, aussi efficace dans les ralentis cinématographiques que dans les moments effrénés. Le lecteur, pour le coup téméraire, sort de là pantelant, méchamment secoué.

     

    Michel GENSON

    [Le Républicain lorrain | 07.02.10]

     

     

    >> L’Ange étrange et Marie-McDo, Pierre Pelot, éditions Fayard, 334 p. (19,90)