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La corne d’élan de l’abbaye Saint-Arnoul de Metz

En décembre 2012, les conservateurs du Rijksmuseum (Musée d'Amsterdam consacré aux beaux-arts, à l’artisanat et à l’histoire), informaient leurs collègues du Musée de la Cour d’Or – Metz Métropole, d’une incroyable découverte faite dans leurs réserves : une corne d’élan sculptée, objet médiéval lié à Metz et que l’on pensait disparu.

Corne d'elan St-Arnoul Metz.jpgSelon la tradition rapportée par les historiens de Metz, cette corne d’élan sculptée ornait la chapelle du monument funéraire de l’empereur carolingien Louis le Pieux dans l’abbaye Saint-Arnoul de Metz. Elle s’y trouvait au titre des curiosités composant les trésors d’églises à l’époque médiévale, aux côtés d’un olifant en ivoire aujourd’hui conservé au Musée national du Moyen Âge. La provenance de cet étonnant objet est insigne, puisque l’église éponyme reçut la sépulture de plusieurs membres de la famille carolingienne.

lorraine,metz,musée de la cour d'or,corne d'élan,saint arnoul,abbaye,louis le pieuxLa corne d’élan est mentionnée dans le catalogue de l’exposition Le chemin des reliques. Témoignages précieux et ordinaires de la vie religieuse à Metz au Moyen Âge, qui s’est tenue au Musée en 2000, année de l’acquisition d’un coffret-reliquaire en os de cétacé qui faisait également partie du trésor de Saint-Arnoul. A cette date la localisation de la corne d’élan n’est pas connue et c’est en 2012 que la trace de cet objet prestigieux est ainsi retrouvée. Ses re-découvreurs sont venus à Metz en décembre pour partager cet événement, communiquer le résultat des examens scientifiques qu’ils ont pu effectuer et recueillir les avis de spécialistes de l’ivoire et de l’histoire médiévale messine sur cet objet à l’histoire mouvementée.

Au gré de pérégrinations multiples, la corne d’élan s’était retrouvée dans plusieurs collections privées parisiennes : vendue plus de 8 000 francs avec la collection Paguet à Drouot en 1867, elle passe en 1874 dans la collection du diplomate Alexandre Basilewsky via l’antiquaire parisien Henri Delange. Le rachat par le tsar Alexandre III de Russie en 1884 de la collection Basilewsky explique que l’objet ait intégré le musée de l’Ermitage à Saint-Pétersbourg, qui le vend à Fritz Mannheimer au début des années 1930. La collection de ce dernier échoit enfin au Rijksmuseum, mais la corne d’élan n’a encore jamais été exposée, et pas davantage publiée a fortiori parce qu’elle était jusqu’à récemment considérée comme un faux. A partir du 13 avril 2013, date de réouverture du Rijksmuseum, elle sera exposée au Musée, parmi les plus belles pièces médiévales de la collection du musée hollandais, qui pourrait un jour prêter l’objet au Musée de la Cour d’Or.

Le bois d’élan est de grande taille (52 x 79 cm) et sculpté sur son pourtour du côté convexe ainsi que sur sa racine et ses cinq andouillers. Le décor sculpté est d’inspiration végétale (rinceau de vignes) et animale (lions, serpents, dragons et créatures hybrides). Les récentes analyses au carbone 14 ont donné une datation entre 900 et 1025, ce qui paraît tôt eu égard au style de la sculpture pouvant évoquer un travail de la fin du XIe ou du début du XIIe siècle ; cela signifierait une décoration de la corne d’élan un à deux siècles après la mort de l’animal. Réapparu à nos yeux, cet objet atypique suscite autant d’admiration que de questions, relatives en particulier à son origine : le matériau renvoie à une provenance nordique, et la sculpture peut être rapprochée de l’art des régions du Rhin ou d’autres régions de l’Europe.

Quels peuvent être les liens éventuels avec la Lorraine, et quelle fonction la corne d’élan avait-elle au sein du trésor de Saint-Arnoul ? Existe-t-il des sources documentant l’objet avant le XIXe siècle ? Les recherches en cours apporteront peut-être un jour une réponse à ces énigmes.

[source : Musée de la Cour d’Or – Metz Métropole | clichés : corne d'élan et coffre-reliquaire de Saint-Arnoul]

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