La fondation de la congrégation des Soeurs de la Providence est l'oeuvre d'un prêtre du diocèse de Metz : Jean-Martin Moÿe. Elle s'inscrit dans cette seconde moitié du XVIIIème siècle, fertile en confrontations d'idées. En effet, d'aucuns se détournent de Bossuet, de Pascal et de Fénelon pour suivre Voltaire, Rousseau, d'Alembert. La philosophie des Lumières progresse au sein des élites intellectuelles avec un dogme parfois empreint de déisme, voire d'athéisme. Mais elle est quasiment ignorée d'une France rurale très chrétienne, qui bénéficie de l'oeuvre de réforme entreprise dès le XVIIe siècle. Dans cette société en mutation, le clergé poursuit son inlassable travail missionnaire qui conduit à prêcher, à instruire et à confesser les croyants.
Cette ardeur missionnaire anime le jeune prêtre Jean-Martin Moÿe qui constate l'absence d'écoles dans les villages lorrains. En 1762, Il confie la mission éducative auprès des humbles à de jeunes femmes qui renoncent à leur volonté propre pour se mettre entre les mains de Dieu et se confier ainsi à la Providence.
Les tourments révolutionnaires n'épargnent pas la congrégation ni son fondateur qui trouvent refuge à Trêves. C'est pendant cet exil, qu'épuisé par le labeur, Jean-Martin Moÿe est rappelé à Dieu en 1793. L'Empire puis la Restauration permettent à la Congrégation de regagner la France. Et à la fin d'août 1802, ses activités reprennent. En février 1803, le curé de Portieux, dans les Vosges, fait appel aux Soeurs de la Providence pour l'aider dans sa tâche. L'œuvre entreprise et la sympathie qu'elles inspirent conduisent à la fondation d'un noviciat à Portieux en 1806.
L'activité éducative de la Congrégation reprend dans tout le département des Vosges puis dans les diocèses de Strasbourg et de Châlons-en-Champagne. En 1840, les Soeurs de la Providence s'installent en région parisienne. Malgré les difficultés rencontrées dans la première moitié du XIXe siècle, la Congrégation obtient sa reconnaissance civile et religieuse en 1841.
Le dévouement des Soeurs se manifeste également lors des deux conflits mondiaux du XXe siècle, tant en Belgique qu'en France, où elles assurent l'ambulance des blessés sur le front.
En 2012, les Soeurs de la Providence fêtent leur 250e anniversaire en Lorraine mais également partout où elles sont implantées.
[cliché : le père Jean-Martin Moÿe]