Les plus âgés s'en souviennent peut-être. Mais pour les jeunes générations, qui était donc cette 'Damia' qui fit les beaux jours du music-hall de l'entre-deux guerres ? Née en 1889 de parents originaires de Nonville et de Darney, dans le sud-ouest du département des Vosges, Marie-Louise Damien naquit cependant à Paris où ses parents étaient venus chercher fortune, désertant une région qui n'arrivait plus à nourrir ses habitants en cette fin du XIXe siècle.
La vie de Marise Damia - son nom de scène - fut avant tout romanesque et sulfureuse. Née dans un milieu populaire, Damia affirme très tôt son goût de l'indépendance. Adolescente rebelle, elle fréquente les milieux interlopes parisiens. Elle danse, elle chante. Au temps des Années folles, elle devient une véritable idole dont la célébrité déborde les frontières hexagonales. Sur scène, elle envoûte. Damia invente sa propre dramaturgie avec un geste épuré, un corps drapé de noir mis en lumière, le regard magnétique et la voix grave et mélancolique. Juliette Gréco, Barbara et Edith Piaf lui doivent beaucoup. Actrice, elle tourne avec Abel Gance et Sacha Guitry.
Comme tout artiste, Damia a ses côtés sombres : elle s'adonne à l'opium, à la cocaïne et boit trop. Elle s'étourdit avec de nombreux amants d'un jour.
Grâce à de nombreux inédits, Francesco Rapazzini dévoile dans cette première biographie de Damia le destin extraordinaire de la grande chanteuse réaliste décédée en 1978. On peut regretter que les origines vosgiennes de Damia et les relations avec sa famille restée dans les Vosges ne soient pas plus fouillées et développées. Ce sera peut-être pour une future biographie de cette vosgienne au destin étonnant.
>> Damia, une diva française, Francesco Rapazzini, éditions Perrin, 2010, 214 p., ill. (22 €).