A en croire notre imaginaire, bière et vin coulaient à flots dans les monastères de jadis et on y dégustait les meilleurs fromages. Mais les disciples de l'austère saint Benoît ou de saint Bernard passaient-ils vraiment leur temps à faire ripailles ?
Les clichés - colportés par les anticléricaux et l'école de la IIIe République - ont la vie dure, et il aura fallu l'étude précise de la Lorraine Fabienne Henryot pour mettre au jour, pour la première fois, les usages de la table chez les religieux. Son livre nous ouvre les portes des réfectoires, cuisines et jardins des innombrables couvents, prieurés et abbayes qui parsèment la France de l'Ancien Régime, de Sénanque à Cluny, de Saint-Mihiel à la Grande-Chartreuse, de la Trappe à Nancy.
L'auteur nous fait voir avec quel soin les moines organisaient leur alimentation et cultivaient leurs terroirs, mais aussi tous les accommodements consentis au sein des cloîtres pour satisfaire l'appétit sans tomber dans le mortel péché de gourmandise : par-delà les doctrines et les rituels, Fabienne Henryot écrit là une nouvelle page de l'histoire du corps.
Une remarquable synthèse sur la vie quotidienne des moines et des moniales... vue à travers le contenu de leur écuelle !
‡ A la table des moines. Ascèse et gourmandise de la Renaissance à la Révolution, Fabienne Henryot, Librairie Vuibert, 2015, 285 p. (19,90 €).