A l'âge classique, les Vosges, modeste massif situé au nord-est de la France, n'inspirent au mieux qu'indifférence, au pire aversion, et ne sont, pour la plupart, à l'instar des autres montagnes de l'Europe, d'un ailleurs répulsif, le monde de l'âpreté, de la laideur, voire de la sauvagerie. Car, à l'effroi qu'inspire la nature répond l'horreur que suscite chez le voyageur citadin la vision du montagnard vosgien.
Deux siècles plus tard, en revanche, au temps du romantisme, la montagne vosgienne et ses habitants sont devenus objet d'étude et de passion, source de jouissance et de délectation esthétique.
Entre ces deux périodes - 1670 à 1870 - a eu lieu le basculement du discours et la conversion du regard à de nouveaux modèles d'appréciation, à des visions nouvelles dont l'auteur s'efforce de saisir les genèses et les déterminants.
A travers les discours des savants, praticiens, administrateurs et surtout voyageurs, érudits, mondains ou bien esthètes, c'est une histoire des représentations qu'on propose au lecteur : des représentations que les hommes à différents moments se son fait du massif, véritable reconstruction du paysage vosgien et de ses habitants par le regard d'autrui.
Espace perçu, rêvé, représenté, la montagne vosgienne est aussi un espace vécu que chacun construit en fonction de la représentation qu'il en a.
‡ La représentation du massif vosgien (1670-1870), Marie-José Laperche-Fournel, éditions L'Harmattan, 2013, 250 p., ill. ( 27 €).