Il est un peu rouillé et légèrement cabossé. Mais ce vieux plumier a une histoire à nous raconter. Celle de la Grande guerre. Avec ses tranchées et ses millions d’hommes tués. À l’intérieur : un stylo, un petit couteau. Des objets du quotidien en apparence anodins. Juste en apparence. Car leur singularité est d’avoir été fabriqués par un soldat sur le front à l’aide de douilles consommées.
Grâce à la grande collecte Europeana 1914-1918 lancée depuis le le 12 novembre dans les Vosges, voilà le type de petits trésors qui sont déposés pour y être numérisés. Dans les Vosges, c’est aux Archives départementales à Epinal, que ces documents de la Première Guerre mondiale sont collectés et restitués à leur propriétaire (une fois la numérisation effectuée dans quelques mois).
L’ensemble des données constituera une véritable collection virtuelle européenne et sera consultable sur le site : www.europeana1914-1918.eu
Lors du premier jour de collecte, première bonne surprise pour les “collecteurs”. Dix-neuf personnes sont venues apporter ce qui constitue la mémoire de 1914-1918. Chacune d’elle était reçue individuellement. « On ne pensait pas en accueillir autant. On ne pensait pas non plus ouvrir des caisses entières de documents », se réjouit Nicole Roux, chargée de l’action culturelle et des publics aux archives. D’autant plus, que ces dépositaires ne sont pas franchement déplacés les mains vides : outre les cartes postales qui se sont amoncelées, des objets plus atypiques - et plus personnels - ont attisé la curiosité. Un petit mouchoir brodé, un carnet d’ambulancier et même un crucifix façonnée à l’aide de munitions. « Forcément, ce genre de dépôt, ça nous interpelle », confie Nicole Roux.
Bien sûr, tous les documents ne sont pas recevables à la collecte : « Nous ne prenons pas les documents qui existent déjà en série », précise Nicole Roux. Les photocopies non plus. Question d’authenticité, il faut les originaux. Pas de souci de cet ordre pour Del Daval, de l’association des Patoissants des Trois rivières du Val d’Ajol, qui a bel et bien retrouvé dans les archives familiales, au milieu de vieilles cartes postales, un document original : un carnet de route. Il appartenait à son grand-oncle. « Il y décrit ses conditions de vie déjà très difficiles sur le chemin qui le menait sur le front dans la Marne. »
Au final, « tous ces écrits, ces récits nous permettent de comparer les différents témoignages de soldats et d’avoir une vision plus juste et plus large de ce qu’a été la Première Guerre mondiale à l’échelle européenne », conclut la chargée d’action culturelle.
Tél. Archives départementales des Vosges : 03 29 81 20 70.
[d'après Vosges Matin]