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Grand (88) : les tablettes passent au numérique

Extrêmement fragiles, les tablettes astrologiques trouvées à Grand dans les années 60 ont été scannées en 3D. Un double objectif à cela : historique et pédagogique.

 

aucun-detail-des-inscriptions-et-de-l-etat-de-surface-n-echappe-au-scanner-haute-precision-(photo-c.jpgDes tablettes reliées à un ordinateur. Jusqu’ici, rien d’exceptionnel à l’heure des nouvelles technologies. Sauf que les tablettes du musée départemental d’art ancien et contemporain n’ont rien de commun avec celles des geeks d’aujourd’hui. Elles sont en ivoire et datent du IIe siècle de notre ère.

 

« Archéo développement », une société suisse les a passés au scanner 3D. L’objectif : faciliter les études des historiens sur des pièces fragiles, à manipuler le moins possible. « Quand elles ont été découvertes en 1967-1968, ces tablettes étaient au fond d’un puits, en plus de 100 fragments », explique Thierry Dechezleprêtre, le conservateur du site de Grand, qui a assisté à la numérisation. « Leur séjour dans l’eau et le recollage des morceaux les ont fragilisées. Trop les toucher pourrait nous faire perdre des petits morceaux de matière». Grâce aux nouvelles technologies, les archéologues et les historiens pourront « nettoyer » l’image et recomposer numériquement les parties manquantes et la vision originale des trois diptyques et de leurs couvercles.

 

« Nous avons pu analyser qu’il reste des pigments de couleurs dans ces tablettes qui parlent d’astrologie et du zodiaque. Avec le scanner 3D, peut-être pourrons-nous retrouver les coloris et les reconstituer à l’identique », détaille le conservateur, qui avance des tons « rouges, jaunes soutenus voire de la feuille d’or pour orner certains éléments ».

 

Cette technique de numérisation haute précision, de l’ordre de 50 microns, a notamment été utilisée sur les pièces du Quai Branly, avant l’ouverture du musée des Arts premiers.

 

Les tablettes désormais numérisées seront présentées au public lors d’une exposition, à partir du 12 mai à Grand. « Nous allons pouvoir mettre en perspective les trois états des pièces ; celui d’origine, celui de la découverte et l’état actuel », se réjouit Thierry Dechezleprêtre. Outre le fait qu’elles soient en ivoire, déjà difficilement trouvable au IIe siècle après Jésus-Christ, ces tablettes ont une valeur symbolique aux yeux des historiens puisqu’elles abordent l’astrologie et les signes du zodiaque avec des inscriptions « en grec, en égyptien et en copte. Cela montre la collusion entre les civilisations grecque, mésopotamienne et égyptienne. Il y a eu une volonté délibérée de les faire disparaître : on les a brisés et jeté dans un puits. Peut-être à cause d’une crise religieuse, on ne sait pas vraiment. En tout cas, c’étaient des objets rares dans la Gaule romaine ».

 

Même si elles ont été beaucoup étudiées, les tablettes de Grand n’ont pas encore livré tous leurs mystères.

 

[d'après Vosges Matin]

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