L’histoire de Nicolas Jacquin est presque inédite, même si elle a alimenté le célèbre roman « Le Chien d’or » de William Kirby. Elle met en lumière les rapports entre la Nouvelle-France et la Lorraine entre 1730 et 1748, d’autant que la Lorraine est traditionnellement peu pourvoyeuse d’émigrants vers le Québec. Fils d’un boulanger de Martigny-les-Bains (Vosges), Nicolas Jacquin franchit l’Atlantique dans les années 1720 et devint l’une des plus grosses fortunes de Québec, grâce à son sens de l’entreprise et à un fructueux commerce triangulaire entre Québec, les Antilles et Bordeaux. Il fut assassiné par le sieur Le Gardeur de Repentigny, et même si ses attaches lorraines furent rapidement occultées, le souvenir de ce drame fut longtemps entretenu à Québec.
Les archives montréalaises permettent d’évaluer sa fortune : inventaire de sa maison de Québec, devis de construction. Elles montrent aussi les liens permanents entre Québec et les Antilles (nombreuses lettres, affrètement de bateaux). Le fils de Nicolas Jacquin, prénommé lui aussi Nicolas, a continué les activités de son père avant d’aller s’établir, peu avant l’arrivée des Anglais en Nouvelle-France, à l’île Bourbon. Lorsque Nicolas Jacquin mourut, le second mari de sa femme rencontra les frères du défunt à Paris pour régler certaines affaires en suspens : des actes notariés conservés aux Archives nationales de France en font foi.
Jean-François Michel, professeur agrégé d’histoire, mène depuis plusieurs années de passionnantes recherches sur le « Chien d’Or ». Il contera les aventures dramatiques de ce Nicolas Jacquin dans le cadre des conférences proposées par la Société d’Histoire de Nancy le 23 janvier prochain.
Il devrait publier prochainement un ouvrage sur l'extraordinaire histoire de ce lorrain émigré en Nouvelle-France pour y faire fortune.
>> « De la Lorraine à Québec, la vie et la mort dramatique du Chien d’Or (1702-1748) », conférence de Jean-François Michel à l’Hôtel de Lillebonne, 14 rue du Cheval-Blanc à Nancy, samedi 23 janvier 2010 à 14h30.