A l’occasion du tricentenaire de la naissance du duc François III de Lorraine [Lunéville, 8 décembre 1708], le château de Lunéville accueille une exposition sur celui qui fut duc de Lorraine et empereur du Saint-Empire Romain Germanique.
Le 8 décembre 1708, dans le palais de Lunéville, naissait François-Antoine-Etienne de Lorraine. Un mois plus tard, le 2 janvier 1709, le petit prince était baptisé en l’église Saint-Jacques. Il devait passer une grande partie de sa jeunesse sur les bords de la Vezouze, au milieu de ses frères et sœurs, entouré de précepteurs qui eurent soin de veiller à lui donner l’éducation soignée que sa naissance exigeait.
Fils cadet du duc Léopold et de la duchesse Elisabeth-Charlotte d’Orléans, il aurait pu rester un personnage de second plan si la mort prématurée de son frère aîné, Léopold-Clément, en 1723, ne l’avait élevé au rang d’héritier présomptif de la Couronne de Lorraine. Lunéville devenait désormais un cadre trop étroit pour la formation du jeune prince. Il prit, à son tour, le chemin de Vienne pour se familiariser aux affaires et apprendre l’art de gouverner sous la férule de gouverneurs germaniques qu’il s’attachera définitivement. Ces années marqueront son caractère et combleront son goût pour la rectitude, la fermeté dans les décisions, la rigueur dans les finances de l’Etat et l’affirmation de ses prérogatives.
De retour en Lorraine en 1729, six mois après de décès de son père, il montre un certain agacement en constatant la place que sa mère cherche à prendre au sein de Conseil de régence qu’elle a institué pour diriger les duchés et mieux préserver les intérêts de la nation et de la Maison héréditaire. Le conflit aurait pu devenir frontal entre la mère et le fils. Il sera évité. Mais à dix-neuf ans, le nouveau souverain avec son équipe de conseillers venus, eux aussi, de Vienne entreprend, avec une célérité et une énergie propres à son âge un examen complet de l’état des duchés. Il soumet cet héritage, les institutions, les finances, à son examen personnel en y apportant immédiatement les remèdes qu’il juge d’autant plus indispensables que la médecine parfois peut se montrer amère. En dix-huit mois tout est achevé. La Lorraine a été le petit théâtre où il a pu faire valoir ses compétences et exercer le pouvoir dont il est investi. A-t-il conscience du destin vers lequel il se dirige lorsqu’il quitte définitivement le pays en 1731 ?
Ses maîtres en géopolitique lui ont sans doute fait entrevoir l’évolution inéluctable et fatale de ses Etats dans une Europe encore en plein soubresauts : une contrée compressée d’un côté par l’Empire dont le prestige a considérablement augmenté depuis les replis successifs des Turcs et la défaite programmée du Croissant islamique et de l’autre côté par les appétits expansionnistes de la France qui cherchant à relier Strasbourg est bien décidée à faire disparaître la vieille enclave lorraine. La leçon n’était pas nouvelle : déjà elle avait été prêchée à son père !
Les Lorrains ne lui pardonnèrent jamais cet abandon, même si son geste semble avoir été très douloureux. En 1737, ses portraits officiels furent lacérés alors que dans les cris et les larmes on cherchait vainement à retenir sa mère Elisabeth-Charlotte. C’est faire payer bien cher au souverain le prix de sa lucidité. Si sa renonciation lui fut arrachée en échange du consentement des puissances à son mariage, par sa signature, il éloignait de la Lorraine les malheurs de la guerre pour 65 ans.
> Du 15 août au 11 novembre 2008, l’exposition « François de Lorraine, du Duc à l'Empereur » présentée au château de Lunéville, rappelle la naissance et la jeunesse de ce prince lorrain, dernier rameau régnant sur la province, issu de la lignée de Charles V et de Léopold. Un colloque et diverses autres manifestations culturelles sont également prévus en Autriche, à Vienne.