Marie-Thérèse d'Autriche (1717-1780) siège en bonne place au panthéon de l'Europe monarchique. A peine sur le trône - épouse de François-Etienne de Lorraine, dernier duc héréditaire de Lorraine et de Bar -, elle met au service de l'Etat une énergie qui fait l'admiration de tous, même de son ennemi Frédéric II, auquel va l'opposer un long duel. Bien qu'élevée dans les valeurs du catholicisme baroque, elle sait se montrer pragmatique.
Archiduchesse d'Autriche, reine de Hongrie et de Bohême, elle noue avec ses sujets une relation de personne à personne, et, grâce à son charisme, affirme l'autorité des Habsbourg dans les différents territoires de la monarchie. Elle-même se veut la mère de ses peuples : "Quoique aimant ma famille et mes enfants, je n'aurais pas hésité à être avant tout la mère de mes Etats et à leur donner la préférence si cela avait été nécessaire", écrit-elle dans son Testament politique. C'est cette image, transmise de génération en génération, que retiendra la postérité.
Le bilan de son long règne est impressionnant : malgré trois guerres, Marie-Thérèse a posé les fondements de l'Autriche moderne et a redonné à Vienne sa place dans le concert des monarchies européennes. Le bilan de sa vie de femme ne l'est pas moins : elle a épousé l'homme qu'elle aimait, François-Etienne de Lorraine, et a donné le jour à seize enfants. Elle veillera de près à leur éducation et s'est aussi employée à les utiliser pour tisser les fils d'un système diplomatique au service des intérêts des Habsbourg-Lorraine, comme en témoigne le mariage de Marie-Antoinette avec le futur Louis XVI.
Un ouvrage limpide et complet sur la vie d'une extraordinaire souveraine.
‡ Marie-Thérèse d'Autriche, Jean-Paul Bled, éditions Fayard, 2011, 520 p., ill. (25 €).