C’est le cœur serré que Minnie de Beauvau-Craon se résout à vendre aux enchères une quarantaine d’objets des collections du château pour assurer la pérennité de la demeure historique. Elle a choisi l’étude de Me Rémy Le Fur à Drouot pour procéder à la vente. Pour deux raisons. C’est une maison française et, par ailleurs, elle ne pouvait pas faire de préférence parmi les deux maisons internationales d’origine anglaise, Sotheby’s et Christie’s. Sa belle-mère, Laure de Beauvau, fut longtemps présidente de la première et elle a beaucoup d’amis dans la seconde.
C’est donc le 15 juin à Drouot que seront vendus les objets sélectionnés parmi lesquels la fameuse épée du connétable, celle qu’offrit le duc Léopold de Lorraine à son ami Marc de Beauvau en le nommant grand écuyer en 1697. Elle est estimée entre 700 000 et 800 000 €. Elle a sa place au Musée lorrain et la princesse espère qu’une souscription pourra être lancée pour permettre à l’institution d’acquérir cette pièce du patrimoine lorrain. Figurent aussi dans cette vacation trois paires de torchères dues au célèbre bronzier Pierre-Philippe Thomire (1751-1843) ; l’ensemble étant évalué entre 250 000 et 300 000 €. Le portrait de Louis de Beauvau à 29 ans, datant de 1598, pourrait faire monter les enchères jusqu’à 80 000 €.
Enfin, Minnie de Beauvau-Craon espère que le tableau de Claude Jacquard, représentant le mariage de la princesse de Beauvau, fille de Léopold, avec le prince de Lixheim, au château de Lunéville, trouvera logiquement sa place dans la demeure où se passa l’événement. Pas question de se séparer du mobilier royal, celui de Louis XVIII dû à l’ébéniste Bellange.
La princesse s’est trouvée face à un choix douloureux et même si elle a été beaucoup soutenue par les collectivités territoriales, la crise économique n’a pas épargné le château. « Il est de la taille des châteaux de la Loire mais ne reçoit pas autant de visiteurs et l’exposition Givenchy n’a pas fait venir à Haroué autant de visiteurs qu’espéré : 22 000 en Lorraine alors que la même exposition, dans une mise en scène identique, a reçu 130 000 visiteurs, à Madrid. »
Pour autant, la princesse, qui se considère comme gardienne et maillon d’une chaîne patrimoniale, ne baisse pas les bras.
Elle ouvre son château à la visite, depuis le 1er mai, tous les week-ends et jours fériés et tous les jours en juillet de 10 h à 12 h et de 14 h à 18 h. Par ailleurs, elle accueillera, cet été, l’équipe d’Opéra en plein air pour la Traviata de Verdi, dans une mise en scène d’Arielle Dombasle.
[d'après ER]