Ajoutée peu avant son ouverture au public, la salle de peinture française du musée Charles-de-Bruyères de Remiremont abrite une œuvre d’Alexandre Antiga, exposée jusqu’aux États-Unis.
La plus grande salle du musée Charles-de-Bruyères, situé rue Charles-de-Gaulle à Remiremont, abrite une œuvre éloquente, « une des plus importante du catalogue », selon Aurélien Vacheret, conservateur du musée.
Sur un des murs est effectivement accroché le tableau « La Veuve », aussi nommé « La mort du pauvre », peint par Alexandre Antigna, datant de 1849. « Ce tableau est un don qui a été fait au musée en 1934 », explique le conservateur.
La scène se passe dans une petite pièce humide. Un homme mort est allongé sur un lit de paille. À côté de lui, sa femme en pleurs, ainsi que ses deux enfants. L’un pleure sur l’épaule de sa mère, l’autre regarde le contemplateur de l’œuvre. « Si on regarde bien, on aperçoit que le garçon porte des chaussures à clous, ce qui accentue la pauvreté de la famille. Son regard, même s’il ne pleure pas, interpelle, on sent les larmes prêtes à jaillir », explique le conservateur.
« Veuve » représente la misère humaine. Les détails y sont importants, les veines de la femme qui ressortent de sa main, les habits troués que porte le corps et d’autres. « Alexandre Antiga est un des premiers peintres, au XIXe siècle, qui a attiré l’attention sur les gens qui souffrent », explique Aurélien Vacheret. Plus tard, d’autres représenteront également la souffrance humaine, à l’image de Jules Adler, dont le musée Charles-de-Bruyères possède une collection importante.
L’œuvre attire la convoitise d’autres musées, nationaux et internationaux. Ainsi, « Veuve » s’est retrouvée exposée à Orléans en 1979, à Cleveland aux États-Unis en 1980, à Chartres en 1984 et plus récemment à la Nouvelle-Orléans aux États-Unis et à Paris en 2009. « Ces expositions ont permis de faire connaître l’œuvre internationalement », note Aurélien Vacheret.
Né en 1821, Charles de Bruyères était avocat à Remiremont. Collectionneur d’œuvres d’arts, il était également artiste à ses heures perdues. Il a notamment peint son autoportrait et produit beaucoup de dessins. Le conservateur du musée informe par ailleurs qu’ « une dizaine de carnets de dessins sont aujourd’hui conservés ».
Il s’installe dans la propriété familiale, un hôtel particulier aujourd’hui au 70 rue Charles-de-Gaulle, autour de l’année 1881. « Peut-être s’est-il installé à la mort de sa mère », explique Aurélien Vacheret. Durant plusieurs années, il rassemble un certain nombre d’œuvres historiques liées à la Lorraine. Charles de Bruyères, très attaché à l’histoire de ses ancêtres, a conservé diverses pièces importantes à ses yeux. Ainsi, dans « l’embryon du musée », comme le nomme Aurélien Vacheret, il est possible d’apercevoir un portrait de Jean-François-Luc de Bruyère, ainsi qu’une coupe en onyx offerte par la dernière abbesse de Remiremont. « Le père de Charles de Bruyères a été maire de Remiremont, ce qui pourrait expliquer son attachement à la ville », remarque Aurélien Vacheret.
À sa mort en 1905, Charles de Bruyères lègue sa collection d’environ 277 pièces à la Ville de Remiremont, à condition qu’elle fasse de sa maison un musée. Aujourd’hui, la collection de Charles de Bruyères, tout comme les œuvres conservées par la mairie de Remiremont et données au moment de l’ouverture du musée en public, ont été enrichies par d’autres œuvres acquises par les différents conservateurs qui se sont succédé au musée. Ce dernier a récemment fêté ses cent ans, ses œuvres quant à elles n’ont pas pris une ride…
L’hôtel particulier légué par Charles de Bruyères à la Ville de Remiremont abrite de nombreuses œuvres. Au fil des années, la collection des 277 œuvres appartenant à Charles de Bruyères s’est étoffée, toujours dans le but de rendre le musée de la rue Charles-de-Gaulle plus attractif.
‡ Pendant la période estivale, le musée Charles-de-Bruyères est ouvert tous les jours sauf le mardi, de 10 h à 12 h et de 14 h à 18 h.
‡ Tarifs : entrée : 2,30 € ; groupe de 20 personnes et plus, étudiants, titulaires du PassLorraine : 1,05 € ; gratuit pour les moins de 18 ans et les titulaires du PassMusées ; billet jumelé valable 48 h pour les deux musées romarimontains, Charles-Friry et Charles-de-Bruyères : 3,65 € ; tarif réduit : 1,60 €. Gratuit le dimanche.
‡ Renseignements : Musée Charles-de-Bruyères, 70 rue Charles-de-Gaulle à Remiremont, tél. : 03 29 62 59 14. Internet : www.remiremont.fr (rubrique culture).
[Vosges Matin]