Un projet de lotissement qui augmenterait la population de plus de 60 % fait grincer des dents à Vaudeville, dans le Saintois.
Vaudeville, ses 197 habitants, son tunnel souterrain menant jusqu’au château d’Haroué, ses histoires de Clochemerle et… son projet de lotissement ! Quarante maisons devraient s’ajouter bientôt dans ce petit village qui verrait ainsi sa population augmenter de… 60 à 70 %. « Un moyen de faire évoluer le village ! », plaide le maire Gilbert Derler, dont l’équipe municipale a inscrit ce projet au futur PLU (plan local d’urbanisation), pour lequel une enquête publique est ouverte. « Une totale aberration ! », s’insurge Christiane Martin, résidente au village depuis 15 ans, et future voisine du lotissement en question. « Je savais bien qu’il y aurait construction de quelques pavillons neufs, mais 40, jamais de la vie ! C’est totalement disproportionné », constate-t-elle, forte d’une pétition représentant à ce jour plus de 80 habitants. « On peut faire bouger un village de façon beaucoup plus douce. Je ne veux pas d’un village dortoir. Et surtout, là, ça ne correspond à aucune demande. Dans les alentours, il y a déjà pas mal de maisons qui ne trouvent pas preneurs. Alors qui va habiter ici ? »
On imagine mal en effet la foule se presser soudain pour installer ses pénates au village, aussi pittoresque soit-il. Le maire lui-même reconnaît « qu’on ne fait pas la queue à la porte. L’attractivité dans le coin, c’est surtout la proximité de la voie rapide ». Mais l’élu de se faire rassurant. « Attention, il n’est pas question de faire pousser 40 maisons comme ça d’un seul coup ! C’est un projet sur 20 ans. On va commencer par 8-10 maisons, l’année prochaine peut-être. Après, on verra. »
Mme Martin, désormais présidente de l’association ADES (Association de défense de l’environnement du Saintois) reste très circonspecte sur le calendrier du projet « totalement flou ». Et plus encore sur sa localisation, un ensemble de parcelles communales et de terrains privés. « Des terrains humides, inconstructibles ! », assure-t-elle en désignant une pâture gonflée d’eau, d’où perce même un « geyser ». « Sans parler des quatre routes qui vont être construites dans la foulée, dont une de contournement. Environnementalement, c’est destructeur. Économiquement, ça pèsera pendant des années ! » Elle apprécie peu, en outre, la disparition annoncée du chemin de Charmes, « ancien chemin romain ». « Encore un peu, on enfouissait même un ru, et la faune qui va avec. » Et les doléances ne s’arrêtent pas là. On peut d’ores et déjà prévoir plus d’un acte à cette histoire de Vaudeville…
« Pourquoi attirer tant de monde ? »
L’association ADES, hostile au plan d’urbanisation de Vaudeville, va bientôt intégrer la puissante association environnementale Flore 54, qui voit dans ce PLU « le type même de projets auxquels on est défavorable ». « Surtout dans un si petit village », souligne son président Raynald Rigolot, très remonté contre la prolifération des lotissements. « On dénature le paysage lorrain, alors qu’on pourrait faire de très belles choses avec de l’ancien, sans sacrifier de l’espace rural agricole. Et que gagnera-t-on à attirer autant de monde à Vaudeville, dont la situation géographique excentrée génère forcément beaucoup de transports pour les habitants ? Ça a un coût écologique, ça génère de la fatigue, de la dépense d’énergie et des infrastructures supplémentaires ».
[Est Républicain]