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  • Le jubilé de Mgr Vilnet, ancien évêque de Saint-Dié

    65 ans de sacerdoce ! Mgr Vilnet, l'ancien évêque de Saint-Dié de 1964 à 1983, puis de Lille, va célébrer son jubilé en juin dans les Vosges. Il est le dernier évêque français vivant à avoir participé au concile Vatican II.

     

    Mgr Jean Vilnet.jpgDe sa résidence de Saint-Dié-des-Vosges, Mgr Jean Vilnet aperçoit la cathédrale dont il a impulsé la reconstruction à la fin des années 60. Dans sa bibliothèque, il a gardé la thèse de doctorat sur Saint-Jean de la Croix. Un tableau très coloré, représentant une foule bigarrée et joyeuse, chante le souvenir d'un déplacement à Haïti, pays « de clarté et d'une misère épouvantable ». C'est ici que l'ancien président de la conférence des évêques de France coule le reste de son âge. A 87 ans, il ne sort plus que rarement, mais garde l'esprit vif, et prend son temps avant de répondre aux questions.

     

    Une image reste forte. A Epinal, lors la chute de l'empire Boussac, l'évêque marche au côté des ouvriers du textile qui manifestent pour leur emploi : « Je ne pouvais pas rester sur le trottoir, précise-t-il. Mon geste n'était pas politique ; c'était un acte de solidarité avec des personnes dont je connaissais la pauvreté, la peur de perdre leur travail. » Soucieux de social, l'évêque dialogue avec salariés, patrons et syndicalistes. Il tend la main à chacun et visite toutes les paroisses. Soucieux du message de Vatican II, il veut que « L'Eglise s'insère dans la vie des hommes.» Il reçoit à sa table le préfet, Christian Poncelet, Philippe Séguin et Christian Pierret en toute simplicité : « Je les informais du déroulement du concile». Il use de son influence pour favoriser l'implantation de l'usine Montefibres dans les Vosges : le Vatican en est actionnaire.

     

    Mgr Jean Vilnet, évêque émérite de Lille 2003.jpgIl veille à ne pas délaisser le terrain, tout en répondant à ses obligations nationales. Comme président de la conférence épiscopale, de 1981 à 1987, il rencontre François Mitterrand à plusieurs reprises, en public et en privé : «Nous nous sommes rencontrés à Paris chez Mme de Lachenal, sa sœur, à propos de l'école privée. Mitterrand, qui était de culture chrétienne, m'a dit que tant qu'il serait président, on ne toucherait pas à l'enseignement privé. De mon côté, je me suis appliqué à ce que le mouvement des parents d'élèves de l'enseignement catholique ne devienne pas politique. Mgr Lustiger a failli manifester le 24 juin 1984, (NDLR : le jour où un million de personnes sont descendues dans la rue). S'il l'avait fait, j'aurais démissionné !». Il a aussi fréquenté le général de Gaulle dont il souligne la simplicité et la grandeur : « A Colombey, il voulait être un paroissien comme un autre - voyez la simplicité de sa tombe - il refusait d'avoir un banc réservé à l'église. A la confession de Pâques, il se déplaçait à la maison des prêtres d'une commune voisine pour ne pas gêner le curé. Mais pour ne pas avoir à le confesser, les vieux curés se sauvaient ! »

     

    Pour le projet d'interruption volontaire de grossesse en 1975, le prélat rencontre Simone Veil chez elle : « J'ai obtenu que les médecins qui refusent de procéder à un avortement puissent faire valoir l'objection de conscience et ne pas être poursuivis pour un délit.» Mgr Vilnet plaide avec succès pour la généralisation de la Sécurité sociale pour les prêtres et religieux. Avec la Curie romaine et les catholiques traditionalistes, ce tenant de Vatican II entretient des relations ondoyantes. Mais avec le pape Jean-Paul II, il s'est trouvé des affinités inaliénables : « Je lui avais dit que ma grand-mère était polonaise et il s'en souvenait ! ».

     

    Sur le plan strictement religieux, le bilan de son épiscopat vosgien est plutôt en demi-teinte. Il n’a pu enrayer la chute des vocations et la réforme liturgique a pris parfois une tournure que n’autorisait pas la lettre du concile (déménagement des églises, destruction de la statuaire et des ornements sacerdotaux, liturgie moderniste…). Afin de redynamiser les paroisses, Mgr Vilnet tenta des expériences de réorganisation pastorale en regroupant plusieurs prêtres sur une zone élargie de paroisses et favorisa l'action des prêtres-ouvriers. Mais le bilan des années « Vilnet » reste à faire.

     

    [d’après l’Est Républicain | 31.05.09]