Récemment, le Parc naturel régional de Lorraine (secteur de Pont-à-Mousson) avait invité les élus des communes du Parc pour réfléchir à un urbanisme respectueux de la nature et du patrimoine.
Les villages s'insèrent dans un milieu naturel et pourtant il leur faut se développer. Comment concilier ce développement et le respect de l'environnement, du patrimoine bâti ?
Comment faire pour préserver une harmonie, une esthétique ? Bien souvent, on voit dans nos communes des maisons modernes qui n'ont aucun rapport avec le style de la région, qui ne s'insèrent en rien dans le paysage, qui le dénaturent même... Catherine Delannoy, chargée de mission en aménagement du territoire et urbanisme au sein du Parc, et Pierre Becker, architecte conseil du CAUE (conseil architecture urbanisme et environnement), ont proposé des solutions, des idées aux élus des communes du Parc naturel. Avec pour but que ces préconisations fassent boule de neige et profitent aussi aux autres villages lorrains.
Et pour illustrer leur optique, ils parlent tous deux curieusement d'« urbanisme rural ». Ce qui paraît contradictoire à première vue. Et pourtant. « Il faut apprendre à gérer au mieux les espaces naturels sur le territoire de la commune, respecter la biodiversité, reconstituer les haies, les bosquets, les vergers, protéger les zones humides... mais aussi ne pas détruire de la surface agricole. Avant de construire une maison moderne, il faut que les maires privilégient la réhabilitation des maisons existantes. Et qu'ils essaient de construire dans les dents creuses, dans la continuité de l'habitat. »
Une idée reçue à combattre. « Il n'y a pas d'utilité à vouloir se réserver des parcelles de 3.000 mètres carrés à l'écart, sous prétexte qu'on est à la campagne et qu'on veut de l'espace. On peut avoir un jardin de 500 mètres carrés, et posséder un verger dans une autre parcelle. C'est comme ça que faisaient les anciens. »
Construire dans le respect du style local, construire aussi écologique et durable, à quoi les architectes du CAUE peuvent aider. Par exemple, faire en sorte que les nouvelles maisons soient bien orientées, qu'elles récupèrent l'eau pluviale... « Nous pouvons conseiller les maires du Parc en ce sens », explique Pierre Becker. « Il faut aussi qu'il n'y ait pas le lotissement de ‘rurbains’ d'un côté, le village et ses villageois de l'autre et aucune communication entre les deux. Une insertion se fait mieux si tout le monde fait partie de la même entité. »
Les maires ne sont d'ailleurs pas démunis. Outre les conseils de l'architecte du CAUE, ce dernier peut aussi les aider pour l'élaboration du Plan local d'urbanisme qui permet aux élus de maîtriser le foncier. A tous les niveaux. Et de réaliser au mieux ce qui reste l'objectif de 82 % des Français : avoir sa maison à soi, dans un coin sympa et qui doit le rester.
[d’après l’Est Républicain | 22.12.08]