Ni hagiographie, ni critique systématique, cette biographie complète et contextualisée permet, à partir des archives et des écrits de l'époque, de retracer la carrière du maréchal Joseph Joffre (1852-1931). Ce catalan, réputé "mou", fut l'un des chefs militaires les plus contestés de la Première Guerre mondiale.
Apprécié comme l'un des meilleurs connaisseurs de l'armée française, métropolitaine ou coloniale, sous toutes ses facettes, ce sapeur de formation - il fut ingénieur du génie -, fut critiqué par les conservateurs lors de sa nomination comme chef d'état-major général en 1911 (ses accointances avec la franc-maçonnerie lui furent reprochées, même s'il prit ses distances avec le Grand Orient à la suite de sa nomination outre-mer).
Adulé après la bataille de la Marne, même si la paternité de la victoire lui est disputée par le général Gallieni, il est de plus en plus critiqué jusqu'à être remplacé par Nivelle en 1916. Peu à peu oublié puis calomnié à partir de l'entre-deux-guerres, Joffre n'est plus qu'une image d'Epinal. Or, contrairement à ce que répètent ceux qui se contentent de colporter les idées reçues, ses décisions ont souvent été particulièrement judicieuses.
Une personnalité du premier conflit mondial à redécouvrir à l'occasion du Centenaire de l'entrée en guerre.
‡ Joffre, Rémy Porte, éditions Perrin, 2014, 427 p. (23 €).