Créés le 18 juin 1652 par le noble seigneur lorrain de Xoudailles, Emmanuel Chauvenel, pour se consacrer au service des pauvres, les sœurs de la Charité de Saint-Charles ont connu un événement devenu rare, dimanche 9 mars 2014, avec la profession des vœux perpétuels de sœur Marie Isabelle Flora, originaire du Sénégal, qui a fait son noviciat à la Maison-Mère de Nancy.
Etablies historiquement sur la paroisse Saint-Sébastien, rue Saint-Thiébaut, les sœurs de Saint-Charles ont ensuite fondé l’hôpital Saint-Julien de Nancy en 1702. Leur Maison-Mère fut établie rue Saint-Jean. Ses religieuses étaient presque uniquement dédiées aux soins des malades tant dans leur hôpital qu’à l’extérieur. Dépourvues de règle et de vœux, les premières sœurs ont peu à peu formé une congrégation en tant que telle avec une règle, celle des filles de Saint-François de Sales (1662-1663), et à partir de 1679, la première formule de vœux est établie où les professes promettent fidélité à la Congrégation, tout en servant les pauvres malades. Les premiers vœux sont officiellement émis le 22 juillet 1679 par quatre jeunes filles. Au cours du XVIIIe siècle, la Congrégation reçoit ses propres constitutions établies par le prémontré d'Etival, le Père Epiphane Louys, et officiellement publiées en 1713. Ainsi, après le vœu de charité (1679), puis le vœu d’obéissance (1704) et de pauvreté (1708), viennent le vœu de chasteté (1711) et enfin, le vœu de stabilité (1714).
Bénéficiant d’un recrutement exceptionnel s’appuyant sur les nombreuses fondations dans toute la Lorraine durant le XVIIIe siècle, les sœurs de Saint-Charles ont continué leurs actions hors de France durant tout le XIXe siècle, notamment dans les provinces rhénanes conquises par Napoléon, puis à Prague, à Rome et en Belgique.
Au XXe siècle, les sœurs de Saint-Charles s’établissent au Sénégal à partir de 1957 tout en adaptant leurs locaux nancéiens à l’accueil de personnes âgées dès 1995.
Aujourd’hui, la Congrégation est présente sur quatre continents avec des maisons au Mexique, en Tanzanie, au Sénégal, en Zambie, en Egypte, en Israël, en Sibérie, Roumanie, Pologne, République tchèque…
Si la Maison-Mère n’accueille plus de personnes âgées depuis quelques années, elle accueille toujours des novices surtout d’origine sénégalaise.
Après avoir reçu la formation du juniorat et servi le Seigneur dans les mouvements et les œuvres paroissiales au Sénégal, la jeune fille est entrée au noviciat de Nancy. Le dimanche 9 mars, en la chapelle de la congrégation des Soeurs de Saint-Charles de Nancy,la novice a fait sa profession perpétuelle au sein de la Congrégation au cours d’une émouvante cérémonie de deux heures, oscillant entre moments solennels et chants traditionnels.
La cérémonie de la profession religieuse a été rythmée par cinq grands moments à forte symbolique chrétienne.
Après l’homélie de l'abbé Munier, vicaire général du diocèse de Nancy & de Toul,
> la novice est reçue au chœur par le célébrant qui lui demande si elle est prête à se consacrer à Dieu par les vœux et à rechercher la charité parfaite en suivant la Règle et les Constitutions de sa famille religieuse.
> La novice est alors recouverte d’un pagne offert par sa mère figurant son linceul et signifiant sa mort pour le monde et sa naissance à une vie nouvelle, encadrée par sa famille, devant l’autel et le célébrant, pendant que l’assemblée entame la longue prière des litanies des saints.
> Enfin, la novice fait sa profession devant la Supérieure générale et c’est avec beaucoup d’émotion qu’elle parvient à lire la formule :
Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. Amen.
En présence de la Très Sainte Trinité pour son honneur et sa gloire, sous le regard de la Très Sainte Vierge Marie, Moi sœur Marie-Isabelle Flora Diédhiou, mue par le désir de vivre et travailler en communauté fraternelle, je me donne à la Congrégation de la Sainte Famille de Jésus, Marie, Joseph, établie sous le nom des sœurs de Charité de Saint-Charles.
Je promets à Dieu d’y servir par charité, toute ma vie, les pauvres, les abandonnés et les malades et je fais à perpétuité, entre les mains de ma Supérieure Générale, les vœux de chasteté, pauvreté, obéissance, selon les Constitutions de la même Congrégation.
La Mère Supérieure reçoit alors ces vœux en lui remettant un cierge symbole de foi, de générosité, de don et de vigilance et la nouvelle professe va ensuite signer l’acte de sa profession, sous les applaudissements de l’assistance et les félicitations de sa famille et de l’ensemble du clergé présent.
> Enfin, elle reçoit l’anneau bénit qui concrétise son union avec le Christ et qui fait d’elle une sponsa Christi puis elle est accueillie par la Supérieure générale qui lui dit : « Désormais, vous faites partie définitivement de notre Congrégation. Vous avez tout en commun avec nous ».
La messe s'est poursuivie avec la célébration de l’Eucharistie. Avant l’envoi, la professe devait remercier les fidèles présents ainsi que les sœurs et les prêtres qui l’ont accompagnés durant sa formation.
La célébration s’est conclue autour du verre de l’amitié où toute l’assistance était conviée.
[texte et clichés : courtoisie de J.-M. Lejuste]