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Vivre à l'arrière du front dans les Vosges en 1914-1918

L’éditeur Yann Prouillet aux côtés d’Anne Peroz qui signe un ouvrage de référence sur la vie des civils en 1914-1918.


Au lendemain de la défaite de 1870, les Vosges se trouvent en première ligne face à l’Allemagne. Avec le déclenchement des hostilités, le département va devenir un théâtre de guerre. Les conséquences seront multiples au plan humain, social, économique et militaire. Férue d’histoire, Anne Peroz a choisi, dans le cadre de son cursus à la faculté de droit, de préparer sa thèse sur la vie et les problèmes juridiques des populations civiles à l’arrière du front dans le département des Vosges pendant la Première Guerre mondiale.

« L’expérience combattante de la guerre 14-18 a souvent été abordée, mais il n’en est pas de même de la vie des civils et de leur contribution à l’effort de guerre. Pourtant, en 14-18, cet effort est sans précédent : 14-18 est en effet le premier conflit total, mené aussi contre et avec les civils. » Le tribut payé par la population est très lourd. Avec le conflit et la mise en place d’un régime d’exception, la vie des civils n’est plus la même. Anne Peroz illustre ces bouleversements survenus au quotidien.

« A la mobilisation, on fait la chasse aux embusqués et aux déserteurs, on évacue les « bouches inutiles » du camp retranché d’Epinal. La mobilisation de masse entraîne la désorganisation des administrations et des services, et, l’homme absent, la femme acquiert temporairement certaines responsabilités dans la gestion des affaires ; elle devient chef de famille, et une conduite irréprochable est exigée d’elle. »

L’intérêt de la Défense nationale prend le pas sur l’intérêt particulier à l’arrière-front dans la zone des armées. « La cohabitation entre civils et militaires n’est pas toujours aisée. L’industrie vosgienne travaille à plein régime pour l’effort de guerre ; on compte bien sûr des grèves, mais le climat social reste calme dans les Vosges pendant les quatre années de guerre. Le territoire est quadrillé par l’autorité militaire ; le contrôle de la circulation et de la correspondance permet de faire la chasse aux suspects. Au niveau de la presse, censure et propagande s’activent. »

Dans ce contexte hors norme, Anne Peroz s’est rendu compte que la population avait adhéré sans faillir au cours de ces années. « Chaque civil avait son rôle pendant la guerre : le maire, symbole de l’autorité de l’Etat à quelques kilomètres du front, l’instituteur, auxiliaire de la propagande patriotique, la mère de famille, support du foyer, la femme, aux champs et à l’usine, l’enfant, la relève, qui doit savoir se montrer reconnaissant car c’est pour son avenir que l’on se bat. »

De nombreux fonds et documents jusque-là non exploités ont été consultés à l’appui de ses recherches. « Ma thèse est destinée à tous les publics… Je m’appuie beaucoup sur des exemples concrets tirés des archives, le langage est clair, l’ouvrage est bien illustré et touche donc le plus grand nombre ; il raconte une « histoire », celle de l’épopée des civils vosgiens pendant la Première Guerre mondiale. » Actuellement maître-assistante en histoire du droit à l’Université de Lausanne, Anne Peroz devrait présenter son travail lors de plusieurs conférences proposées aux Archives départementales d’Epinal, à la Société d’émulation et à la Société philomatique vosgienne de Saint-Dié.

[d'après Vosges Matin]

 

‡ Vivre à l’arrière du front, Vosges 1914-1918, 440 pages, ill. (25 €) est disponible chez Edhisto, 146 rue de la Creuse, 88420 Moyenmoutier, et sur Internet : www.edhisto.eu

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