La médaille militaire Purple heart du soldat Victor Draeger a été retrouvée et remise au maire de Mirecourt. Le militaire y avait laissé sa vie lors de la Libération en 1944. Sa mémoire a été honorée lors d’une commémoration placée sous le signe de l’émotion au cimetière américain de Dinozé.
Les porte-drapeau se tiennent fièrement au garde-à-vous pendant le discours solennel de Carl Hale, représentant de l’Otan. L’Américain, venu au nom des vétérans de sa patrie, énonce avec émotion le court parcours du jeune Victor Draeger. Le soldat est mort le 15 septembre 1944, tombé lors de la Libération de Mirecourt. « Soixante-dix ans après, on a retrouvé son propriétaire, note Carl Hale. Pourtant, la décoration a voyagé ». Retrouvée au Wisconsin sur un marché aux puces, elle a été dissimulée dans une boîte à carnet de chèques.
Lorsqu’une chineuse reconnaît l’objet et y découvre le nom du soldat gravé au dos, elle l’envoie aux services des vétérans de son pays puis en France. « Désormais, on pourra la trouver dans le salon d’honneur de la mairie de Mirecourt avec quelques éléments historiques », indique Yves Séjourné, maire de la cité récipiendaire. « Nous tenons à ce devoir de mémoire. Ce soldat est le symbole d’un acte d’héroïsme. »
Engagé alors qu’il n’avait que 19 ans, Victor Draeger a suivi les traces de son père, lui aussi soldat. Sa mère est décédée en maison de retraite il y a quelques années. Aucun membre de sa famille n’a été retrouvé. Il semblerait que ce soit le point de départ de l’errance de la médaille. « Les gens sont inconscients de laisser circuler une médaille, de la vendre », s’indigne Jocelyne Papelard, présidente de l’US memory Grand Est France. « Cette récompense, c’est le prix du sang. Il a été tué pour la Libération de Mirecourt. Il a donné sa vie. » Pour Yves Séjourné, l’histoire du soldat sera à jamais associée à celle de la commune. « C’est un fait d’Histoire. Que ça tombe sur Mirecourt, c’est incroyable. »
Le maire de Mirecourt s’est engagé à faire fleurir chaque année la tombe du héros ; il va même demander l’apposition d’une plaque commémorative sur le monument aux morts, afin que les habitants se souviennent de cet acte. « Cet hommage, c’est un peu comme si Draeger vivait à nouveau. »
[Vosges Matin]