Le souverain pontife de la Première Guerre mondiale, Benoît XV (1854-1922), gouverna l'Eglise de 1914 à 1922 et fut un visionnaire en un temps de chaos planétaire. Révélant une page secrète des relations internationales, cet essai biographique raconte comment, à peine élu, ce diplomate de vocation n'aura cessé, depuis Rome, d'opposer à Paris et à Berlin la neutralité du Saint-Siège pour mieux appeler l'ensemble des belligérants à la paix.
Comment, en leur proposant inlassablement sa médiation, il leur intimera de projeter une Europe unie. Comment, aussi, il multipliera les signes de réforme de l'Eglise catholique afin de la désengager de son terreau traditionnel sclérosant en créant une nouvelle Congrégation pour les Eglises orientales en 1917 et en condamnant les nationalismes coloniaux en 1919.
Ce portrait vivant, tissé à même les grands événements d'une époque charnière, montre également que les incompréhensions suscitées par ses diverses initiatives ne sont pas allées sans désillusion face au sectarisme de la République française et le "jusqu'au-boutisme" du Reich allemand. Benoît XV n'est reste pas moins une figure d'exception en un temps d'immense confusion.
A la sortie de la Grande Guerre, grâce à son action, le catholicisme a pris toute la mesure de son universalité. Ses successeurs - Pie XI et Pie XII notamment - seront en dette de cette conception globale du monde et de l'histoire qui aura animé son court, mais intense pontificat.
‡ Benoît XV (1914-1922). Un pape pour la paix, Marcel Launay, éditions du Cerf, 2014, 281 p. (18 €).