Jean-Yves Millotte aurait pu être acteur, conteur ou patron d’un théâtre de guignols. En fait, il assure toutes ces fonctions. Le sabotier de La Bresse aime partager sa passion, assurant des visites ponctuées d’anecdotes, conçues comme une pièce de théâtre.
Début décembre, Jean-Yves Millotte a décidé de reprendre tout seul cette affaire familiale pour éviter que ce morceau de patrimoine vosgien ne disparaisse. Mais aussi par passion. Car la saboterie, c’est aussi sa maison. Il y a travaillé, y a « grandi » pendant des années en apprenant toutes les ficelles du métier en tant qu’ouvrier pendant 13 ans. Cinq fois par jour, il assure une visite de 45 minutes en expliquant aux touristes, classes de neige et enfants des écoles tous les secrets de la fabrication d’un sabot à l’ancienne. Les locaux de son entreprise artisanale, situés à la sortie de La Bresse depuis déjà quelques années, ne désemplissent pas pendant les vacances.
« Contrairement au menuisier, je ne travaille jamais le bois sec , explique Jean-Yves. Et toujours dans le sens du fil du bois », précise-t-il. Ses machines datent de 1926. Il a appris à écouter et connaître les moindres soubresauts de ces vieilles mécaniques de 88 ans. « Je ne trouve plus de pièces pour ces machines. Quand ça casse, il faut les faire fabriquer sur-mesure et ça coûte très cher. Quand on est sabotier, il faut être aussi un peu mécano ! » , indique-t-il aux touristes venus découvrir le savoir-faire.
Le sabotier décrit les multiples étapes nécessaires à la confection d’un sabot. L’ébauche qui permet de dégrossir le bois et de voir s’il a des défauts. La tailleuse fonctionne en parallèle et permet de faire un sabot droit et un sabot gauche selon un modèle. La creuseuse permet de le creuser de l’intérieur. Et enfin, la plane – c’est la signature du sabotier – permet de tailler la pointe du sabot à l’aide d’un tranchoir.
Le sabot en bois d’érable va ensuite sécher pendant trois mois avant que Jean-Yves Millotte puisse le poncer et le décorer. Un long processus, mais dans le temps, avant qu’on invente des machines, il fallait six heures de travail pour fabriquer un sabot contre une heure aujourd’hui !
‡ Saboterie de La Bresse, 60 route de la Vologne, tél. : 03 29 25 64 49 ou courriel : info@saboterie.com - Site Internet : www.saboterie.com