Billet d’humeur à propos des prochaines élections cantonales…
« Ah mais c’est que vous avez un rôle didactique vous la presse ! », s’entend-on dire partout. Didactique, d’accord. Mais à l’impossible nul n’est tenu : c’est parfois ce qu’on est tenté de penser. Il suffit de poser la question aux administrés-électeurs : « Vous savez à quoi servent les élections cantonales ? » Beaucoup haussent les épaules, répondent qu’ils s’en fichent, quand ils ne vous proposent pas des réponses surréalistes. « C’est pour dire celui qui va être cantonnier » a-t-on un jour entendu dans les confins de Coussey…
En 1995 il y avait cantonales. Il nous fallait définir, dans un papier, « les forces en présence et les enjeux » dans les cantons renouvelables. Nous nous sommes mis à deux, et toute une journée durant, pour rencontrer les neuf candidats en lice sur Monthureux-sur-Saône, onze communes, moins de 2 500 habitants. Il y avait le conseiller général sortant, maire de Monthureux. Lui nous l’a jouée : « J’ai un projet gigantesque, c’est un scoop, je vous l’offre, tenez le fax-là - il désigne l’appareil antédiluvien qui vous crachait un feuillet à la minute - j’attends la réponse de l’investisseur. » Il s’agissait de noyer plus de 70 hectares avec un lac artificiel. Sauf que c’était sur le territoire de Bleurville, dont le maire, candidat lui aussi, ne savait encore rien du futur ‘Madine’ monthurolais.
Le communiste de service, agriculteur à Regnévelle, brave retraité désespéré de voir son village perdu aux confins des Vosges et de la Haute-Saône, nous a reçus à sa table. Sympathique. Nous avons vu tout le monde, sauf la candidate de la droite nationale, inconnue au bataillon.
Après, on a écrit le fameux papier, « les enjeux, les forces en présence ». Et, contre toute attente, c’est le maire de Bleurville qui fut élu. Le ‘Madine’ monthurolais fait toujours bien rire dans les cafés du coin…
[René Borg | Vosges Matin | 20.02.2011]
Commentaires
le lac, encore un projet qui est tombé à l'eau !!!