A la fin du XVIe siècle, le culte des saints connaît une triple évolution : d'abord, un renouveau avec la mise en place d'une iconographie, d'un discours et d'une liturgie. Puis, à partir du XVIIe siècle, les saints deviennent un enjeu de pouvoir entre les évêques et les ducs de Lorraine. Enfin, au XIXe siècle, on assiste à une renaissance du culte des saints, à travers l'émergence d'un "romantisme régional" et la volonté de l'Eglise de s'enraciner dans le milieu local. Cette évolution est soutenue par le développement du lotharingisme dans la seconde moitié du XIXe siècle.
L'étude des rites et de l'espace sacré montre une appropriation des saints lorrains par les populations avec des notoriétés différentes : un rayonnement extra-régional (Jeanne d'Arc), régional (saint Nicolas, sainte Barbe) ou purement local (la majorité des saints locaux).
Parmi les dizaines de saints lorrains décrits dans l'ouvrage, quelques-uns sont particulièrement vénérés en Lorraine : saint Clément (premier évêque de Metz), saint Mansuy (premier évêque de Toul), saint Saintin (premier évêque de Verdun), saint Epvre (septième évêque de Toul), saint Dié (évangélisateur des Vosges), saint Nicolas (patron des Lorrains depuis 1477), sainte Barbe (patronne des mineurs), saint Elophe (martyr à Soulosse), saint Romaric (fondateur du Saint-Mont), saint Amé (premier abbé du Saint-Mont), saint Pierre Fourier (curé de Mattaincourt), sainte Jeanne d'Arc, sainte Lucie de Sampigny (vénérée en Meuse)...
L'ouvrage de Marie-Hélène Colin est issue de sa thèse soutenue en 2006 sous la direction du professeur Philippe Martin, de l'université de Nancy 2.
>> Les saints lorrains. Entre religion et identité régionale (fin XVIe-XIXe siècle), Marie-Hélène Colin, éditions Place Stanislas, 2010, 285 p., ill. (22 €).