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Patientes fouilles à Boviolles (Meuse)

Les archéologues fouillent l'oppidum de Boviolles afin de trouver des preuves permettant de comprendre pourquoi ce site a été abandonné au profit de Nasium.

fouilles boviolles (meuse).jpgIls sont une dizaine, courbés, une langue de chat dans une main, l'autre prête à saisir un tesson ou un clou de semelle de légionnaire romain.

 

Ce sont les fouilleurs qui, depuis un mois, ont entrepris de dégager en plein champ une langue de terre afin d'appuyer quelques théories sur la migration entre le Ier siècle avant J.-C. et le IIe siècle. En effet, un oppidum de 50 hectares situé à Boviolles semble avoir été déserté par la population au profit de Nasium. « Il y a bien sûr plusieurs hypothèses comme l'eau. Il n'y a pas de source dans cette zone, ou peut-être la proximité à Nasium de voies permettant le commerce », explique Bertrand Bonaventure qui, avec Thierry Dechezleprêtre, dirige ce chantier de fouilles supporté d'une part, par le conseil général et de l'autre, par la DRAC avec la participation d'une association, La Cité des Leuques.

 

fouilles boviolles.jpgAvant de pouvoir répondre à cette question, qui fait l'objet de cette campagne de fouilles, plusieurs méthodes de prospection ont été entreprises : aérienne, pédestre, géophysique et bien sûr, des sondages. « La méthode géophysique, qui consiste à mesurer le champ magnétique terrestre nous a permis, avec les autres méthodes, d'élaborer une carte. Chaque point sur cette dernière représente des trous qui ont été creusés puis bouchés au fil des ans notamment par des éléments organiques. Ils deviennent visibles et nous indiquent la présence de chemins », précise l'archéologue avant de se diriger vers une tranchée où les fouilleurs viennent de découvrir un élément de bois. Une poutre calcinée ayant par conséquent résisté au temps. « Il est probable qu'un incendie se soit déclaré ici. Nous allons pouvoir, grâce à une autre méthode scientifique, en regardant l'écartement des fibres, dater à une vingtaine d'années près, l'abattage de l'arbre. Nous sommes sur une cave et nous prélevons divers échantillons qui seront analysés pour mieux connaître leurs origines et le pourquoi de leur présence ».

 

Les archéologues, grâce aux trous visibles sur leur carte, peuvent choisir leur lieu d'intervention et parfois reconstituer un bâtiment. Le mobilier trouvé sur le lieu permet de dater et de caractériser ce dernier. On sait ainsi que le travail métallurgique a été exécuté à certains endroits. Ce qui étonne les fouilleurs, c'est la faible profondeur - 30 centimètres - à laquelle ils ont découvert cette voie et les nombreux clous provenant des semelles des sandales des légionnaires.

 

Sur les cinquante hectares, aucune trace de cimetière, ni de lieux de culte. Là aussi une réponse peut être donnée : « Le glissement de la population vers Nasium a dû se faire doucement et le cimetière gaulois a continué à servir après l'invasion romaine. Il en va de même pour les lieux de culte, les dieux étant eux aussi au fil du temps récupérés. Ce que nous savons aujourd'hui c'est qu'il n'y a pas eu de violence ni de bataille sur le site », précise l'archéologue. À Nasium une autre équipe d'une dizaine de fouilleurs est aussi à pied d'œuvre, réfléchissant aux mêmes questions.

 

[d’après l’Est Républicain | 27.08.09]

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