Capétien de la branche des Valois, René était petit-fils de Louis Ier (+1384), le frère du roi Charles V. Second fils de Louis II (+1417) et de Yolande d'Aragon, il n'aurait dû recevoir que des seigneuries mineurs. Il obtint pourtant de l'habile politique de sa mère les duchés de Barrois et de Lorraine (1430 et 1431) où il se marie avec Isabelle de Lorraine, fille du duc Charles II.
En 1434, il hérita en outre des domaines de son frère aîné, Louis III. Ils comprenaient Provence, Maine et Anjou, et la partie du royaume de Sicile péninsulaire dont Louis III s'était assuré. Depuis 1382, Louis Ier puis ses héritiers tentaient de s'établir dans cette Italie méridionale. Ils l'avaient contestée aux Duras, lignage également capétien, issu de Charles Ier, frère de saint Louis et devenu roi de Sicile. Ultime reine de cette dynastie, Jeanne II (+1435) avait fini par promettre sa succession à Louis III. Elle maintint son choix en faveur de René. Mais il fallait maintenant à ce dernier disputer le royaume au puissant Alphonse V d'Aragon.
Or, René commençait son règne dans les difficultés, prisonnier du duc de Bourgogne et soumis à une énorme rançon, lors de la célèbre bataille de Bulgnéville (Vosges) le 2 juillet 1431. Alors allié de la France, il affronte Antoine de Vaudémont, partisan de Philippe le Bon, duc de Bourgogne. En 1442, René laissait Naples, après une héroïque résitance contre Alphonse V. Il ne se rétablira plus dans le Mezzogiorno. Il n'abandonne pas pour autant la politique italienne, mais sans profit. Il participa encore aux démêlés de la Guerre de Cent Ans. Il soutenait son beau-frère, Charles VII. Inquiétant pour le royaume de France, Louis XI contraignit René à se replier en Provence pendant les dernières années de son existence.
René d'Anjou incarnait "l'automne du Moyen Âge" par ses projets immenses, ses rêves d'héroïsme et d'amour. René croyait pouvoir équilibrer l'irrésistible attraction de la monarchie française. En 1481, Louis XI recevait néanmoins la Provence. Ainsi s'achevait le rêve du Bon Roi René.