Une exposition au Palais du Gouverneur de Nancy sur le premier conflit mondial analysé par des hommes de lettres français et allemands.
Faisant suite à l'exposition sur la guerre des tranchées, une présentation de panneaux racontant le premier conflit mondial vu à la fois par des écrivains français et allemands occupe le péristyle du Palais du Gouvernement jusqu'au 30 novembre. Cette exposition, montée par le Bureau littéraire du Brandebourg, est organisée par le Goethe Institut, en partenariat avec le ministère de la Défense et la ville de Nancy.
De la propagande des leaders d'opinion, de part et d'autre des frontières, à la victoire ou la défaite, selon le camp, en passant par le déroulement de la guerre, l'exposition de photos et documents d'époque donne à voir le conflit sous l'angle des hommes de lettres français et allemands. Des écrivains comme Roger Martin du Gard, Maurice Barrès, Richard Dehmel, Gide, mais aussi Apollinaire, Herman Hesse, Ernst Jünger, Thomas Mann livrent leur témoignage personnel.
Durant la drôle de paix qui précède l'entrée en guerre, on ressent le même malaise nourri par la conscience de vivre la fin d'une époque. « Notre époque bien connue n'est plus : plus rien ne subsiste de ce qui était sûr et indiscutable », écrit Gerahrt Hauptmann.
L'assassinat de l'héritier de l'empire austro-hongrois n'est pas perçu, au début, comme une réelle menace pour la paix. Mais l'utilisation qui en est faite par les leaders d'opinion pour diaboliser les adversaires potentiels fait que la guerre devient inéluctable.
Après l'échec des divers ultimatums, la tension est telle que la mobilisation est ressentie comme un réel soulagement. La déclaration de guerre est vécue dans l'euphorie.
Et, pour les écrivains, elle marque la fin d'une perte de sens. Pour les journalistes de guerre, l'enthousiasme général est moins causé par la guerre que par l'unité nationale prétendument retrouvée.
En France, on dénonce les « hordes germaniques ». En Allemagne, c'est la Russie qu'on taxe de « barbarie ». La prolongation de la guerre, les millions de victimes, le rationnement font basculer les analyses et l'on peut lire, sous la plume de François Mauriac : « La guerre ne finira jamais - car, même finie, elle continuera de nous empoisonner comme les blessures dont on meurt six mois après les avoir reçues. »
Des autochromes de Jules Gervais-Courtellemont et Hans Hildenbrand rendent au conflit ses vraies couleurs.
>> Palais du Gouverneur - Nancy
>> Entrée libre, du lundi au dimanche, de 10 h à 19 h.
[d’après l’Est Républicain | 19.11.08]